TRILOGIE JACK ANGEL
La Chatte sans pudeur, La Bête à plaisir, Filles insatiables – France – 1974, 1975
Support : Bluray
Genre : Comédie, Drame, Erotique
Réalisateur : Eddy Matalon
Acteurs : Alain Saury, Dany Daniel, Daniel Foucault, Nadine Perles, Ellen Earl, Alain Tissier, Claudine Beccarie…
Musique : ???
Image : 2.35 16/9
Son : Français DTS HD Master Audio 2.0 mono
Sous-titres : Anglais
Durée : 82, 90 et 83 minutes
Editeur : Le Chat qui fume
Date de sortie : 31 juin 2024
LE PITCH
La Chatte sans pudeur : Sur une route de campagne, Martine et Julie, deux jolies jeunes femmes, sont prises en stop par un automobiliste inquiétant, qui a en tête de les violer. Tandis que son amie s’est endormie sur la banquette arrière, Martine lutte contre son assaillant. Alertée par ses cris, Julie assomme l’agresseur.
La Bête à plaisir : Malgré leur amour sincère l’un envers l’autre, Gilbert et son épouse pâtissent d’une vie sexuelle monotone. Il en résulte que Gilbert flirte avec Barbara, une Anglaise particulièrement épanouie qui entraîne le mari frustré dans des jeux sexuels avec, entre autres, son amie Florence.
Filles insatiables : Paul, séduisant quadragénaire, entretient une relation adultérine avec Françoise, une amie de sa femme, Anne. Cette dernière ignore tout de cette liaison, jusqu’au jour où elle les surprend en plein ébats. Désireuse de se venger, elle fait alors appel à son amie Geneviève, afin qu’elle séduise Françoise.
Pellicules dévoilées
Ignorés, parfois brièvement distribués, charcutés, oubliés, les trois films en présence ici sont des rescapés. Trois films érotiques luxueusement restaurés par Le Chat qui fume et qui portent la signature d’un même Jack Angel, pseudonyme de l’artisan français Eddy Matalon qui signait là ses œuvres les plus polissonnes.
Si Jack Angel ne vous dit rien, il y a des chances que le nom d’Eddy Matalon ne résonne pas forcément beaucoup plus dans les mémoires. Un réalisateur plein d’ambition et de passion qui après un polar avec Claude Brasseur, Le Chien fou, un drôle de drame sur la condition des personnes atteintes de nanisme (Trop petit mon ami) et même une comédie poétique cosignée avec le chanteur Adamo, se retrouva confronté aux réseaux hermétiques de la production française et les nouvelles exigences du cinéma d’exploitation. Des coulisses d’un certains cinéma qui firent tout le charme du très sympathique Et avec les oreilles qu’est-ce que vous faites ? où de jeunes réalisateurs en herbes se retrouvaient obligés de transformer leur projet en gaudrioles pour pornocrates. Inutile de préciser qu’il y avait des aspects fortement biographiques là-dedans surtout lorsque l’on voit que, comme beaucoup de collègues de l’époque, le monsieur dû dans la foulée enchainer avec trois toutes petites productions purement érotiques. Un genre bien entendu codifié et qui doit délivrer ses scènes olé-olé à un rythme soutenu, multiplier les scènes de nudités et de frottements lascifs, et où on sent même progressivement poindre les libertés nouvelles de la libéralisation de la pornographie : quelques plans appuyés sur les vulves pour le premier, des caresses bien plus manifestes pour le second et des inserts carrément X pour le troisième avec fellations et très rapide plan de pénétrations.
Va pas prendre un rhume
En quelques mois à peine les digues de la censure s’effritent et la demande se fait plus précise… mais on le sait le cinéma érotique et pornographique des années 70 avait encore et toujours d’authentiques velléités cinématographiques. Eddy Matalon, qui signe ici donc Jack Angel, s’efforce de dépasser les limites de ses moyens et de ses acteurs, et de composer des petits divertissements soignés. Plans bien composés, jolies lumières et surtout des scénarios vraiment construits qui donnent un peu de couleurs et de consistances à ces ébats. Ainsi La Chatte sans pudeur s’efforce de préserver quelques accents du thriller dans un premier temps avec ses deux jeunes autostoppeuses qui manquent de se faire violer et dont l’une va tenter de faire chanter son agresseur, tandis que les deux suivants vont plutôt verser dans le drame intimiste avec deux couples lassés du quotidien qui par quelques tromperies et expériences libératrices vont redécouvrir leurs sexualités, puis leurs couples et leurs amours premiers. Classiques soit, mais ces alibis ne manquent pas d’un peu de justesses et savent toujours mettre en valeur la cause féminine, victimes d’un phallocrate dans le premier, ou de deux rustres maladroits et relativement égoïstes pour La Bête à plaisir et Filles insatiables. On notera d’ailleurs à ce titre la présence dans ce triptyque de l’actrice Ellen Earl, visage et accent américain bien connu du X français (on la retrouvera dans Les Jouisseuses, Le Sexe qui parle, mais aussi Calmos de Blier), jouant ici à chaque fois les grandes tentatrices, initiatrices, femmes libres, affirmées et dominatrices.
Des petites curiosités à redécouvrir, gentiment émoustillantes et surtout témoin d’un temps où l’érotisme et le porno ne se contentaient pas d’enquiller les scènes les plus hard possibles. Ils montrent aussi tout le soin que pouvait apporter sobrement un artisan comme Eddy Matalon à ses œuvres, même les moins glorieuses. Par la suite sa carrière rependra un peu du poil de la bête avec des propositions comme le troublant Une si gentille petite fille, New York Blackout, Brigade mondaine : La Secte de Marrakech et les comédies franchouilles T’inquiète pas, ça se soigne et Prend ton passe-montagne, on va à la plage… Là aussi toute une époque.
Image
Films invisibles, oubliés et redécouverts par Le Chat qui fume La Chatte sans pudeur, La Bête à plaisiretFilles insatiables se voient traités comme des princes par l’éditeur qui, tout comme pour Et avec les oreilles qu’est-ce que vous faites ?, leur offre de superbes restauration HD. Un travail effectué avec beaucoup de sérieux et de passion à partir des négatifs originaux, scannés en 4K, nettoyés et stabilisés de fond en comble. Le résultat est impressionnant, en particulier pour ce type de productions, offrant une image lumineuse, extrêmement pointue et des couleurs pimpantes, douces et chaleureuses. Tout est stable, solide, et bien entendu en respectant le grain et les argentiques comme si nous avions là d’authentiques classiques du cinéma français.
Son
Les petits monos d’origines ont eux aussi été rafraichis et égalisés, revenant dans des DTS HD Master Audio 2.0 tout à fait clairs et sobres. Pas de grandes effusions ou prouesses à prévoir bien entendu mais malgré les limites de certaines captations, les dialogues sont toujours nets et les musiques, chaloupées, ne manquent pas d’énergie.
Interactivité
Si le réalisateur avait fait acte de présence sur le disque de Et avec les oreilles qu’est-ce que vous faites ?, (quel titre quand même), il est ici malheureusement absent alors qu’une petite présentation du cadre de production de ces trois films auraient été bienvenue. L’éditeur cependant au cours de son travail de restauration à mis la main sur quelques bobines de scènes coupées, qu’il s’est empressé de restaurer avec le même soin que le reste. Bien entendu pour les trois films, ces scènes retirées ne montrent pas de nudités supplémentaires mais uniquement des scènes dramatiques venant donner un peu plus d’épaisseurs aux personnages, les ancrer plus solidement dans leur quotidien ou développer quelques aspects dramatiques et psychologiques (comme le cheminement de l’épouse dans Filles insatiables). Surtout pour La Chatte sans pudeur, ces fameuses scènes contiennent toute la fin originale, bien plus convaincante et venant éclairer la douleur d’une femme vieillissante.
Liste des bonus
Scènes coupées (17, 36 et 21 minutes), Bandes annonces.