TRANSGRESSION & FALLO !
Tra(sgre)dire, Fallo ! – Italie – 2000, 2003
Support : Bluray & DVD
Genre : Érotique
Réalisateur : Tinto Brass
Acteurs : Yuliya Mayarchuk, Jarno Barardi, Francesca Nunzi, Sara Comsi, Massimiliano Caroletti, Silvia Rossi…
Musique : Pino Donaggio, Francesco Santucci
Image : 1.77 16/9
Son : Italien et français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 91 et 120 minutes
Editeur : Sidonis Calysta
Date de sortie : 07 mai 2024
LE PITCH
Trangression : Carla est une jolie vénitienne de vingt ans, à la recherche d’un appartement à Londres pour s’installer avec Matéo, un étudiant dont elle est amoureuse. Le couple propriétaire de l’agence immobilière, aux mœurs très libres, vont entraîner Carla, dans une course folle dans le Londres érotique…
Fallo ! : Mensonges, subterfuges, trahisons, polissonneries. FALLO ! est une compilation de six histoires mettant en scène les joies de la sexualité et l’érotisme brûlant d’une nouvelle génération de femmes.
Amours libres
Tinto Brass dernière période. Fini les grandes ambitions d’autrefois, les regards complexes sur le couple et la sexualité, les budgets imposants permettant les riches reconstitutions et les compositions picturales solides… Ne reste plus que son ultime obsession : le sexe… et bien entendu en particulier celui de ces dames. Simplement érotiques certes, mais toujours Brass tout de même.
Après avoir cultivé le scandale avec des œuvres mémorables comme Caligula, Sallon Kitty ou La Clé, Tinto Brass se laisse allé effectivement dans la dernière ligne droite de sa carrière à un cinéma bien plus trivial et surtout à même d’explorer enfin librement tous ses propres fantasmes. La bienséance n’a jamais vraiment été son truc, les pudibonderies encore moins, et grand bien lui en fasse puisque ces longs métrages totalement érotiques, parfois vraiment pas loin de la pornographie, cartonnent encore dans les salles italiennes. Forcément ça agace, mais Tinto Brass s’en amuse plus encore, se mettant souvent en scène comme vieux pervers voyeuriste (le dernier plan de Fallo ! comme un adieu espiègle) et resserrant constamment l’optique de ses films sur des prétextes de plus en plus étriqués. Ainsi Transgression, même s’il se déroule dans un cadre contemporain entre Venise et Londres (mais avec beaucoup de scènes tournées en studio), ne fait que répéter les ambitions du joyeux et libertaire Monella. Ici la demoiselle ne veut plus seulement convaincre son chéri de l’honorer avant le mariage, mais plutôt de la laisser vivre sa sexualité en paix et de remiser définitivement sa jalousie misogyne et ritale au placard. Malheureusement l’ukrainienne Yuliya Mayarchuk n’a clairement pas la fraicheur d’Anna Ammirati, comme l’ensemble du casting semble sortie d’un porno russe (c’est un peu bimboland), et le film à tout de même tendance à étirer son propos entre coups de fils répétitifs d’un fiancé possessif, petites visites dans un sauna lesbien, étreintes passionnées avec un bellâtre de passage et gros plans totalement gratuites sur les fesses magnifiques de la demoiselle. Les scènes les plus réussies de Transgression restent alors certainement celles se déroulant dans un parc, présenté en ouverture comme un généreux lieux de débauches amoureuses où les couples se galochent, se caressent et se frottent allégrement dans la nature sous les yeux amusés et excités de Carla. C’est aussi là que son Matteo aura son épiphanie, surprenant une épouse adultère s’offrant sur un banc à un inconnu sous le regard bienveillant de son époux caché un peu plus loin. L’adultère partagé comme ultime étape du couple affirmé, comme ultime acte d’émancipation, comme dernier pied de nez au traditionalisme.
Échanges et partages
C’est encore le sujet maitre de Fallo !, avant-dernier long métrage de sa carrière et dernière production d’envergure qui en 2003 fait carrément le pari de revenir à la forme du film à sketch si populaire en Italie quelques décennies plus tôt. Non pas parce qu’un engouement pointe à nouveau sur ces programmes anthologiques, mais parce que justement la forme courte, la construction en enchainement de petites scénettes et la succession de situations sexy convient largement plus à l’écriture, il faut bien le dire, assez restreinte du cinéaste. Définitivement plus aucun souci avec une structure qui peut charpenter 90 minutes de métrage voir une quelconque amorce de psychologie, Fallo ! s’amuse à brosser le portrait de six couples relativement modernes, tous s’approchant plus ou moins près du libertinage, ou en tout cas cherchant une belle manière de pimenter leurs vies sexuelles. Comme dans l’inaugural Alibi ou un époux bien attentionné offre comme cadeaux à son épouse une partie à trois avec un beau serveur marocain, ou le segment suivant qui montre un couple mature se tromper allègrement avec les membres d’un autre couple (plus classique et bourgeois pour le coup). Tout y est bien entendu joyeux, hésitant entre la grosse pantalonnade paillarde (les péripéties d’une soubrette dans une pension du Tyrol et son couple SM allemand vaut son pesant de cacahouètes) ou la redécouverte plus sensible d’une sensualité et de fantasmes que l’on n’osait s’avouer. Les opus le plus réussis, ou en tout cas les plus fidèles à la philosophie hédoniste de Tinto Brass, restent certainement Botte d’allégria dans lequel un homme s’enflamme, entre colère et désirs, lorsque sa dulcinée lui raconte ouvertement ses nombreuses tromperies, et surtout la petite virée au Cap d’Agde de Honni soit qui mal y pense. Une vignette à priori en partie inspirée des expériences du couple Brass (madame n’était pas que co-scénariste et productrice de ses films), où un jeune couple se laissent aller au contact d’un couple libertin plus âgé et où surtout madame offre une sodomie qu’elle refusait depuis si longtemps à son époux. Les petites tromperies ne font jamais de bien grands malheureux chez le cinéaste, célébrant toujours avec autant de ferveur les courbes affolantes d’un casting particulièrement désirable (les messieurs ne sont pas mal non plus) et une philosophie amoureuse dont on ne peut que louer la libre désinvolture.
Image
Le premier fut tourné sur pellicule, et le second, malheureusement, par source vidéo, cependant les deux copies s’avèrent très proche l’une de l’autre. Les photographies lumineuses et colorées y sont certainement pour quelque chose. Dans les deux cas l’image est toujours très propre et très stable, la colorimétrie assez généreuse et même la définition, sans faire de miracles, s’avère très agréable, offrant quelques très beaux gros plans et des plans plus larges assez honnêtes. Certes la profondeur n’est pas renversante, mais les deux films préservent leurs textures et leur patine légèrement douçâtre.
Son
Tous deux sont disposés avec au choix dans des versions italiennes ou françaises en DTS HD Master Audio 2.0. Si les versions originales s’installent avec un peu plus de naturel, elles ne sont pas forcément beaucoup mieux jouées que le doublage hexagonale façon film érotique M6 ou porno Canal +. A noter que Fallo ! est présenté ici dans une version plus complète (quelques plans plus crus rallongés) et voit donc certaines sections passer automatiquement à la vost.
Interactivité
Deux nouveaux titres pour la collection Tinto Brass de Sidonis Calysta, mais on note malheureusement un petit amenuisement du coté des suppléments. Pas de documents d’archives à la clef (il existe pourtant bien un petit making of italien de Fallo !), les films sont plus sobrement accompagnés par les classiques présentations de nos spécialistes français. En l’occurrence l’érotomane Christophe Bier (hérité de l’ancien DVD) sur Fallo ! et le critique Olivier Père pour les deux. Il est indéniable que ce dernier apprécie fortement l’œuvre du cinéaste et en connait toutes les latitudes (même les moins commerciales et les moins érotiques). Il pose sur son œuvre un regard aussi précis qu’amusé, revient justement sur cette dernière partie très cul de sa carrière, souligne les différences avec le tout venant de l’érotisme des années 90/2000 et évoque même ses propres souvenirs de ses rencontres avec le bonhomme.
Liste des bonus
Transgression : Présentation d’Olivier Père (30’).
Fallo ! : Présentations d’Olivier père (30’) et Christophe Bier (8’)