TOKYO VICE SAISON 1
Etats-Unis, Japon – 2022
Support : Bluray
Genre : Thriller
Réalisateurs : Michael Mann, Hikari, Josef Kubota Wladyka, Alan Poul
Acteurs : Ansel Elgort, Koshi Uehara, Ken Watanabe, Rachel Keller, Shô Kasamatsu, Ella Rumpf, Rinko Kikuchi, Shun Sugata…
Musique : Danny Bensi, Saunder Jurriaans
Image : 2.00 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 5.1 et 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 8×55 minutes
Éditeur : Fifth Season
Date de sortie : 1er décembre 2023
LE PITCH
À Tokyo, le reporter américain Jake Adelstein, âgé de 24 ans, intègre le service police et justice du « Yomiuri Shimbun », le plus grand quotidien japonais. Alors qu’il collabore avec la police locale, il est contacté par la mafia. Il devient un interlocuteur des yakusas tout en continuant d’être un informateur de la police. Mais cette position ambivalente n’est pas sans danger.
The Insider
Marquant le grand retour de Michael Mann à la réalisation, sept ans après l’échec injustifié de Hacker et un an avant le très attendu Ferrari, Tokyo Vice s’inscrit aussi dans le cercle fermé des séries TV auxquels il a imposé sa signature : Luck, Les Incorruptibles de Chicago… et bien entendu le cultissime Deux flics à Miami.
Comme un signe, une rencontre prédestinée puisque le concept même de la série ne vient pas d’une volonté de renouer avec une marque bien connue, mais du roman d’enquête autobiographique du même nom signé du vrai Jake Adelstein. Tokyo Vice donc où la plongé d’un jeune gaijin plein d’ambitions et de passion dans les coulisses du journalisme à la japonaise, qui va peu à peu découvrir le monde de la nuit et surtout se rapprocher dangereusement du milieu des yakuzas. Entre chronique et polar, le roman réveille immédiatement des thématiques profondément en lien avec l’œuvre de Michael Mann, que ce soit justement cette exploration des arrières cours d’une cité où s’ébattent dans une zone grise policiers et criminels, âmes perdues et jeunesse pleine d’espoir, dans cette avancée fougueuse, presque destructrice d’un héros en marge ou dans cette capture d’un microcosme entièrement construit de flux incessants (argents, informations, être humains…) qui sculptent un univers clos qui nous dépasse. Cette corrélation entre le roman et Michael Mann s’impose d’ailleurs avec maestria dans le premier épisode de la série justement réalisé par le monsieur en personne, qui y impose en quelques secondes une forme d’apnée, un rythme nerveux, une capture incroyablement juste et économe du Japon contemporain, de ses codes et ses différences, sans une once de cliché ou de japonisme facile. Dans Miami Vice, il reconstruisait et donnait corps aux années 80, dans Tokyo Vice il se fait beaucoup moins ostentatoire, mais toujours aussi brillant, caméra à l’épaule ou longs travelling contemplatifs, donnant corps en image à l’énergie unique d’une ville, à ses pulsations et à ses strates que le spectateur, comme le jeune protagoniste, ne demande qu’à explorer.
Japan Takedown
Un mini-film brillant à la fois épuré et fiévreux, qui tout en posant les bases de la série à venir, va aussi ressembler très souvent à un Everest pour les réalisateurs (Michael Mann restant producteur investi) qui vont prendre la main par la suite. Plus classiques, plus télévisuels certainement, même si la patine classieuse reste très présente et la production toujours nettement supérieure au tout venant du genre, les sept autres épisodes n’en restent pas moins absolument passionnants et accrocheurs, moins par l’aspect polar qui a effectivement un peu tendance à se disperser, que dans la mise en place plus creusée des trames parallèles et de personnages qui n’ont de secondaires que de noms. Eux aussi semblent s’inscrire dans un monde trop grand pour eux, s’ébattent avec des codes et des règles immuables et scruter un horizon inaccessible. Des trajectoires qui cohabitent, se croisent, s’embrassent, et surtout existent et prennent corps autant par une vivacité d’écriture capable de les cerner en quelques dialogues d’apparence anodines, que par une interprétation intériorisée, à la japonaise serions-nous tentés de dire, mais terriblement authentique.
Avec son gabarit surplombant de quelques centimètres tous ses partenaires, Ansel Elgort (Baby Driver, West Side Story…) est parfait en nouveau venu aussi touchant qu’un poil arrogant, tandis que Ken Watanabe impose son air buriné à un flic investi mais fatigué, Rinko Kikuchi brosse le portrait dur d’une femme ambitieuse dans un monde machiste au possible ou que l’excellente Rachel Keller (Legion) se donne des airs de néo femme fatale. Mais c’est sans doute Shô Kasamatsu (Gannibal) qui impressionne le plus, ultra charismatique en jeune yakuza en pleine ascension dont les contours mélancoliques et romantiques, le besoin de s’échapper à un destin tout tracé, en fond le descendant direct des héros « mannien » du Sixième sens à Collatéral, Révélations ou Heat… sans oublier bien entendu Miami Vice, le film. Incontournable pour les fans du metteur en scène, largement conseillé pour tous les autres.
Image
Disposés sur trois disques Bluray, les huit épisodes de la série affichent assez naturellement des masters lumineux, ultra contrastés, et forcément immaculés. La définition offre au passage un relief savoureux à une mise en scène jouant habilement des reliefs de la ville, et de ses oppositions en clairs obscures. Capturé à grands frais via des caméra ultra performantes oscillant entre le 4K et le 8K, le programme aurait aisément eu sa place sur format UHD, ce qui aurait permis d’éviter quelques petits fourmillements et artefacts de compression sur certains arrière-plans sombres, mais l’ensemble est tout de même aussi satisfaisant que solide.
Son
Si les deux pistes DTS HD Master Audio 2.0 retranscrivent avec sobriété, mais efficacité, la diffusion télé, leurs pendants en DTS HD Master Audio 5.1 développent autrement plus généreusement les atmosphères urbaines du film, font rebondir les sorties électro-pop nippones et imposent une dynamique aussi naturelle que soutenue. La version française manque un peu de naturel en grande partie à cause de l’inclusion des passages en japonais, là où la version originale plonge véritablement le spectateur dans le bain.
Liste des bonus
Aucun.