TITANIC
Etats-Unis – 1997
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Aventure, catastrophe
Réalisateur : James Cameron
Acteurs : Leonardo Di Caprio, Kate Winslet, Billy Zane, Gloria Stuart, Kathy Bates, Frances Fisher, Bill Paxton, David Warner…
Musique : James Horner
Image : 2.39 16/9
Son : Dolby Atmos et DTS HD Master Audio 2.0 anglais, Dolby Audio 5.1 français, allemand, italien…
Sous-titres : Français, allemand, italien, japonais…
Durée : 194 minutes
Editeur : 20th Century Studios
Date de sortie : 24 janvier 2024
LE PITCH
Southampton, 10 avril 1912. Le paquebot le plus grand et le plus moderne du monde, réputé pour son insubmersibilité, le « Titanic », appareille pour son premier voyage. Quatre jours plus tard, il heurte un iceberg. À son bord, un artiste pauvre et une grande bourgeoise tombent amoureux.
L’insubmersible
Film de tout les records (budget, résultats au box-office, Oscars…), véritable phénomène de société en 1997 et marche impériale pour l’explosion de la DiCaprio-mania, Titanic a facilement su transformer son colossal succès initial en véritable entrée dans l’histoire du grand cinéma classique américain. Car au-delà des records, Titanic est effectivement un authentique chef d’œuvre.
On ne remontera pas forcément le long fil de la gestion du film, pensée durant de longues années jusqu’à que James Cameron s’estime assez mur, lui et l’industrie du cinéma, pour y donner une illustration suffisamment convaincante. On ne reviendra pas forcément non plus sur les déluges d’articles et de spécialistes parlant d’une catastrophe annoncée, de gouffre financier, tandis que les jeunes adolescentes trépignaient de revoir le beau Roméo sur grand écran. Quel que soit les sommes engrangées, les nombreuses avancées techniques éprouvées pour le métrage et l’aura commerciale d’un nouveau couple tout en charmes (mais pas que), chaque décision prise autour du Titanic n’aura toujours été faite que pour assurer un spectacle total et surtout une approche universaliste à même de transmettre avec une fougue épique l’idée de ce premier grand échec du monde industriel moderne. Cohabite ainsi dans Titanic plusieurs élans, presque plusieurs films, dont les réussites intrinsèques se nourrissent l’une l’autre. Le plus évident étant le croisement entre une version début XXème siècle de Roméo & Juliette entre une jeune fille issue d’une famille aristocratique dont elle rêve de s’échapper et un jeune artiste, bohème et aventureux, plus habitué aux mauvais quartiers, et la grande impulsion d’un film catastrophe aussi ouvertement destructeur que pouvaient l’être ceux des années 70 nées dans le sillon de L’Aventure du Poséidon.
Our Heart Will Go On
Mais on y trouve aussi cet argumentaire de divertissement extrêmement populaire, la maestria d’une attraction cinématographique débridée, où James Cameron vient explorer avec pertinence une course à la surenchère industrielle, un monde en quête de pouvoir ostentatoire qui montrait ses premières grandes failles alors que les injustices sociales s’opéraient déjà géographiquement dans le vendre du fameux paquebot. La reprise du pouvoir sur son destin par une femme, la force de la nature reprenant son dû, la beauté du sacrifice pour une plus grande cause… James Cameron est maitre à bord et continue de formaliser son cinéma dans un classicisme assumé brassant des genres, des récits et des codes aussi vieux que le monde, mais avec une intensité et une puissance qui lui appartiennent. Certes l’histoire d’amour impossible mais brulante entre nos deux jeunes héros n’a absolument rien de nouveau, mais elle est écrite et interprétée par DiCaprio et Kate Winslet avec tant de poésie et de sensibilité qu’elle emporte forcément le spectateur dans sa fougue toute adolescente. Mieux, conscient de la difficulté de créer le suspens avec une catastrophe dont tout le monde connait l’issue, James Cameron n’hésite pas à en rappeler dans la première demi-heure toutes les étapes avec une précision quasi-scientifique, mais désormais pour mieux déployer une montée en tension finale absolument implacable et haletante déstabilisant le spectateur qui ne sait plus s’il attend fébrilement l’étape suivante ou s’il la redoute. La précision d’horloger au service d’une certaine flamboyance parsemé de visions scotchantes, tour à tour terribles et puissamment romantiques.
Entre reconstitution historique extrêmement poussée, voir maniaque, et fresque grandiose à l’efficacité toute cinématographique, Titanic reste aujourd’hui autant l’acmé d’un cinéma du spectaculaire, ce fameux blockbuster estival avant qu’il ne soit vidé de sa substance, que l’une des plus belles démonstrations de maitrise de l’un des plus grands cinéastes populaires vivants. Là aussi, s’il est difficile de faire une hiérarchisation dans sa filmographie (Terminator, Abyss, Aliens… tout de même), Titanic résonne aujourd’hui encore et toujours comme un sacré aboutissement.
Image
Dix ans et des poussières après un Bluray déjà aux sommets du standards, Titanic repousse encore une fois les limites techniques du support avec un disque Ultra HD que même les plus récalcitrant seront bien en peine d’égratigner. Le master source est toujours aussi superbe avec ses cadres d’une pureté infinie et d’une définition imposante (le moindre détail du décor est visible), et défie aisément sa trentaine en mariant comme jamais les prises de vue réelles à ses nombreux plans composites et en images de synthèses. L’ensemble est extrêmement solide, naturel et impérieux, jouant mieux que jamais sur les contrastes d’échelles (le navire, la salle des machines…) et les différentes palettes de couleurs qui habitent les séquences « contemporaines », la première et la seconde partie du métrage, mais aussi les différents étages du paquebot. A noter que le traitement Dolby Vision intensifie parfaitement la démarche esthétique sans jamais la dénaturer. L’un des sommets de la 4K a n’en pas douter.
Son
Dès sa sortie initiale James Cameron avait sérieusement mis l’accent sur un mixages sonores 5.1 particulièrement intense et immersif. Les passages au DTS HD Master Audio 5.1 pour le Bluray et le Dolby Atmos pour l’édition en présence n’ont fait qu’en éprouver les nombreuses qualités. Tout ici y est excellemment équilibré et organique, et déploie avec une générosité démultipliée autant les fibres romantiques de James Horner que les rugissements du navire lors du long naufrage. Mais comme souvent se sont les nombreux petits effets bien plus discrets (ronflement des moteurs perceptibles, échos dans les couloirs vides, tintements de la vaisselle en porcelaine, suintement puis invasion des eaux…) qui viennent s’imprégner sur une installation ample et subtile.
De son coté, malheureusement la version française (un peu niaise rappelons-le) reste coincée avec son Dolby Digital 5.1 du DVD…
Interactivité
Continuation des précédentes éditions collectors DVD puis Bluray, cette édition 4K de Titanic en reprend à peu de chose près tous les suppléments si on excepte quelques bandes annonces et parodies compilées. L’essentiel est bel et bien là avec déjà pas moins de trois commentaires audios pour accompagner le film (sur les disques UHD et Bluray) mais aussi un Bluray supplémentaire entièrement dédié au bonus : le long documentaire extrêmement complet d’une heure, les nombreux documents sur les retouches numériques, la grosse heure de scène coupées commentées par James Cameron, les images sous-marines tournées par le cinéaste…
A cela s’ajoute désormais un nouveau documentaire rétrospectif en compagnie de James Cameron, du producteur Jon Landau et Kate Winslet, qui évoquent à nouveau les premières impulsions du film, les défis techniques, le tournage et quelques anecdotes encore inédites. Pas grand-chose de neuf certes, mais la discussion entre une pointe de nostalgie et un franc parlé rafraichissant est un très sympathique moment. On retrouve aussi le fameux documentaire dans lequel James Cameron revient éprouver différentes théories exploitées dans le film comme le nombre des canaux et leur mise à l’eau et surtout la survie possible de Jack sur la planche en bois. Esprit scientifique, Cameron s’entoure de nombreux spécialistes et passe le tout à l’expérimentation la plus sérieuse. Certains résultats sont finalement assez surprenants.
Enfin coté nouveauté on retrouve le producteur Jon Landau qui vient remettre en perspective d’anciennes featurettes sur les coulisses du tournage, les décors, les costumes et les SFX. Même traitement, mais plus succinct, en guise de conclusion autour des différentes bandes annonces imaginées pour préparer les spectateurs à la sortie du film. Celle de la Paramount vendant avec une grosse voix un blockbuster bourré de gunfights et d’explosions vaut son pesant de cacahuètes.
Liste des bonus
Commentaire audio de James Cameron, Commentaire audio des acteurs et de l’équipe du tournage, Commentaire audio historique de Don Lynch et Ken Marschall, « Titanic : à coeur ouvert » : Entretiens avec James Cameron, Jon Landau et Kate Winslet (36’), « Le Titanic » : making of rétrospectif en 4 parties (64’), « Titanic : la conclusion de James Cameron » (42’), 30 scènes coupées ou version longues avec fin alternative et introduction de James Cameron avec commentaire audio optionnel de James Cameron (57’), Les coulisses du tournage par Jon Landau (31’), Les coulisses du tournage (35’), « Plongée en profondeur » : le tournage des images de l’épave du Titanic avec James Cameron (15’), « 200 000 001 $ : L’Odyssée d’un bateau » : vidéo de l’équipe de Titanic 18’), Vidéomatique (3’), Effets spéciaux (8’), Bandes-annonces avec introduction de Jon Landau (8’), Clip « My Heart Will Go On » par Céline Dion (5’), 6 galeries photos.