Surtout que le pitch de Till Death lui permet de prendre un peu de distance avec ses « grands » rôles précédents, essentiellement vendus sur son physique de pin up comme Transformers ou Jennifer’s Body, voir même de promettre un portrait de femme forte ne devant sa survie qu’à elle-même. La voici donc dans la peau d’une épouse adultère, manifestement sous le joug d’un époux froid et inquiétant qui pour leur anniversaire de mariage lui offre une belle surprise : il se suicide d’une balle dans la tête après l’avoir amené dans leur propriété bien isolée et les avoir amoureusement liés l’un à l’autre par une paire de menottes. Une vengeance sordide qui va au-delà de la mort et qui aurait pu permettre à l’actrice d’étendre considérablement son potentiel d’actrice. C’est surtout l’occasion pour le spectateur d’en observer cruellement les grandes limites, à la fois par un manque d’intensité constant et un visage terriblement lissé (factice ?) qui limite drastiquement les expressions. Un visage assez froid et impersonnel qui fait d’ailleurs clairement écho à la mise en scène factuelle de S.K. Dale, dont c’est là le premier long métrage, se complaisant dans une réalisation distante, sans grandes prouesses, et à l’esthétique bourgeoise d’un 50 Nuances de Grey… sans les petits frissons sexy.

Double Lutz piqué

Installé dans un paysage de lac glacé frappé par les bourrasques, envahi de neige, Till Death ne fait cependant pas grand-chose de son décorum atmosphérique pourtant idéal pour un thriller de ce type. Un habillage de téléfilm de début d’après-midi pour faire frémir la fameuse ménagère esseulée, qui se regarde d’un œil un peu lointain, là où malheureusement le petit scénario de Jason Carvey (A New Wave) aurait nécessité une exploration plus virtuose du huis clos / Home Invasion façon Panic Room de David Fincher, où alors une amorce plus viscérale, plus troublante, faisant alors écho jusque dans sa situation initiale au terrible roman Jessie de Stephen King. Essentiellement présent sous la forme d’un cadavre plutôt encombrant, l’époux, fieffé calculateur et cocu décidément sacrément revanchard a pourtant préparé une situation bien flippante pour son épouse, en invitant sur place l’amant (éconduit lui aussi) et un duo de cambrioleurs violents dont l’un a un passif douloureux avec la demoiselle.

Mais comme tout reste en surface, glissant sur une belle surface de glace, Till Death ne fait de mal à personne. Sauf à Megan Fox qui n’est manifestement pas prête de s’extraire de l’oubli définitif dans lequel elle s’enfonce doucement.