TICKS
Infested – États-Unis – 1993
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Horreur
Réalisateur : Tony Randel
Acteurs : Rosalind Allen, Ami, Dolenz, Seth Green, Alfonso Ribeiro
Musique : Daniel Licht, Christopher L. Stone
Durée : 85 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais et Français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Éditeur : Extralucid Films
Date de sortie : 10 octobre 2022
LE PITCH
Un groupe d’adolescents part à la campagne et découvre un labo de stéroïdes anabolisants installé dans une vieille cabane. Lorsque les ados brisent par accident un des récipients, son contenu se déverse sur un nid de tiques. Celles-ci voient leur taille et leur force augmenter…
Entomophobia
Alors que Jurassic Park s’apprêtait à changer le visage du cinéma de bestioles en imposant des dinosaures géants en images de synthèses sur écrans géants, Republic Picture distribuait une invasion d’insectes suceurs de sang, bien rétro et joyeusement gore pour le marché de la vidéo.
Projet imaginé quelques années plus tôt par le spécialiste des effets spéciaux Doug Beswick (L’Empire contre-attaque, Aliens, Evil Dead 2, Beetlejuice…), Ticks, parfois aussi connu sous le titre Infested, s’inscrit directement dans une volonté d’hommage savoureux aux vieux films d’invasion insectoïdes des années 50. Autrefois les fourmis et araignées (géantes ou pas) faisaient frémir, rien de mieux qu’une armée de tiques bien dégueulasses pour les détrôner. Finalement rédigé par Brent V. Friedman (The Resurrected, Mortal Kombat Destruction finale) le scénario s’inscrit dans la tradition en ne faisant que graduellement et lentement apparaître la menace proprement dite, laissant dans un premier temps le groupe de personnages se présenter et s’intégrer dans le décor boisé. Exit les héros américains matures d’autrefois, ce sont désormais les adolescents qui ont la côte et voici donc une bande de gamins plus ou moins traumatisés ou à problèmes dont le séjour en forêt pour se ressourcer va aussi mal tourner que celui de Vendredi 13. On est, en effet, jamais très loin ici du slasher bucoliques, avec rejets de la nature et bouseux locaux inquiétants, qui justement contrastent avec le comportement, l’attitude et le phrasé des fameux « djeuns ».
Tique-o-tac
D’ailleurs outres de vrais habitués des secondes rôles télévisés ou dans de multiples séries B et Z, on croise ici le très sympathique Seth Green (ça, La Main qui tue, Buffy…) et un Alfonso Ribeiro, cousin bourge et crétin du Prince de Bel-air, forcément très surprenant en caïd des quartiers. Confectionné avec un certain amour de la série B bien fait, Ticks s’efforce ainsi de proposer de vrais personnages, un poil plus crédibles et incarnés que le tout-venant, et d’installer durablement une vraie atmosphère et un suspens, soutenable soit mais accrocheur. Surtout connu pour avoir signé un impressionnant Hellraiser 2, Tony Randel (Amytiville 1993, Ken le survivant…) lui aussi ancien des effets spéciaux, montre une nouvelle fois que s’il n’est pas le réalisateur le plus talentueux de sa génération, il est on ne peut plus capable de délivrer un divertissement joliment troussé mettant habillement en valeur ses stars : les tiques. Confectionnés avec amour par Doug Beswick et l’équipe de KNB, ces sympathiques parasites mutés à cause de stéroïdes utilisés par des trafiquants de weed, alternent les marionnettes animatroniques, les inserts en stop-motion et les maquillages dégoulinants, avec une belle vigueur. Les tiques sautent, galopent, grimpent sur les pauvres victimes et pompent leur sang avec avidités… sans oublier d’y pondre quelques œufs qui ressemblent à s’y méprendre à ceux de leurs lointains cousins alien. Une version plus fauchée mais plus cruelle et sanglante du sympathique Arachnophobie de Frank Marshall qui n’hésite pas à nous offrir une tique géante finale totalement abusée et donc forcément jouissive.
Un peu anachronique au sein des années 90 plus cynique, allant plutôt piocher du côté de la générosité des années 80’s et de la structure invasive des 50’s, Ticks reste aujourd’hui toujours aussi savoureux. Une série B qui s’assume, généreuse, avec juste ce qu’il faut d’humour noir et d’effets craspecs.
Image
Restauré par Vinegar Syndrome à partir d’un scan 4K d’une source interpositive (les négatifs sont à priori très incomplets et abîmés), Ticks nous parvient dans une forme olympique et franchement inattendue. Un petit classique des vidéoclubs et donc des VHS bien fatiguées qui renait donc avec des cadres extrêmement propres, maniant habilement un léger grain des plus naturels, assurant une définition minutieuse et assurant une photographie plus vive et colorée que jamais. On sent bien que certaines scènes plus sombres, bien maintenues par le traitement HDR, bataillent un peu plus pour rester stables, mais elles franchissent tout de même fièrement la ligne d’arrivée. Très impressionnant vu l’origine du métrage.
Son
On retrouve ici avec une certaine nostalgie le doublage français d’origine, même si ce dernier n’est pas forcément des plus convaincants (entre surjeux et prestations mollassonnes). Il est proposé dan son DTS HD Master Audio 2.0 qui fait bien meilleur effet du côté de la version originale avec une restitution nette, clair, dotée de petits effets dynamiques frontaux. Pas spectaculaire mais efficace.
Interactivité
Si Extralucid a signé un grand coup en proposant Ticks au format UHD (oui, le Bluray classique et tout aussi réussi et glissé dans le digipack ) il n’a malheureusement pas pu récupérer les commentaires audio et le making produits par l’éditeur américain. Dommage. Seul bonus disponible donc, une présentation appliquée du film par Clara Sebastiao (le festival Les Intergalactiques de Lyon) qui délivre quelques informations sur la gestation du métrage, rappel les petites oppositions entre le réalisateur et le producteur Brian Yuzna, avant d’ouvrir la conversation vers la figure de l’insecte ou de l’horreur écologique.
Là où par contre Extralucid bat largement Vinegar Syndrome c’est sur le design du digipack, largement plus classieux chez nous.
Liste des bonus
Entretien avec Clara Sebastiao (23’), Bande-annonce.