THE WOMAN KING
Etats-Unis – 2022
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Action, Historique
Réalisateur : Gina Prince-Bythewood
Acteurs : Viola Davis, John Boyega, Lashana Lynch, Thuso Mbedu, Sheila Atim
Musique : Terence Blanchard
Image : 2.35 16/9
Son : Dolby Atmos et Dolby TrueHD 7.1 Anglais, DTS HD Master Audio 5.1 Français, Espagnol…
Sous-titres : Français, anglais, allemand, espagnol…
Durée : 135 minutes
Éditeur : Sony
Date de sortie : 1 février 2023
LE PITCH
L’histoire extraordinaire des Agojie, une unité de guerrières qui protégèrent le royaume de Dahomey au XIXème siècle en Afrique de l’Ouest. Leurs aptitudes et leur fureur n’ont jamais trouvé d’égal. Inspiré de faits réels, The Woman King suit le destin épique de la Générale Nanisca, qui entraîne une nouvelle génération de recrues et les prépare à la bataille contre un ennemi déterminé à détruire leur mode de vie.
Dahomey Forever
Doté d’un budget imposant de 100 millions de dollars, The Woman King a crée l’évènement en devenant le premier blockbuster américain presque exclusivement porté par des femmes afro-américains devant et derrière la caméra. Une épopée guerrière où les reconquêtes se font donc autant à l’écran que dans la salle.
Suite logique et plutôt saine des évolutions actuelles du cinéma américain et des prises de conscience des manques de représentativité à l’écran depuis des décennies, The Woman King n’aurait jamais pu voir le jour si la mode n’était pas à la féminisation des films d’actions, sans les efforts de réinvention du ciné de genre par Jordan Peele avec des projets comme Antebellum et bien entendu sans le phénomène Black Panther et sa suite Wakanda Forever qui enfonce le clou question célébration de la culture noire et matriarcat triomphant. Impossible de s’en cacher (voir les interviews de l’actrice productrice Viola Davis), The Woman King et ses fières guerrières aux techniques de combats à la lisières du super-héroïque, s’affiche presque plus comme un Wakanda-sploitation que comme une nouvelle impulsion vers une résurrection de la blackploitation 2.0. Inspiré très librement d’évènements historiques survenus dans le Royaume de Dahomey (actuel Bénin) au XIX siècle, le film retrace ainsi l’ultime affrontement des puissantes guerrières du royaume, les Agojiés, contre une tribu misogyne et impérialiste alliée aux esclavagistes blancs. Des femmes entraînées à la dure, fières de leur mission et de leurs sœurs qui figurent effectivement comme un symbole forts dans cette dynamique de réparation historique et de répercussion post-Metoo. Ce qui n’échappera à personne.
Une Bataille mais pas la guerre
Car malheureusement en voulant donner une nouvelle représentativité à des personnages souvent doublement (femmes et noires) écartés au second plan, The Woman King n’échappe pas aux nombreux raccourcis scénaristiques prévisibles, au manichéisme un peu simplet (les méchant font dans le stéréotype), s’embringuant même dans une romance mignonnette totalement inutile et un feuilleton assez poussif autour d’un enfant perdu… et bien entendu retrouvé. Comme si pour s’émanciper il fallait inévitablement en repasser par la soupe grand public habituelle, les mêmes clichés, la même standardisation dramatique. Pas forcément relevée par une mise en scène très fonctionnelle de Gina Prince-Bythewood (le peu mémorable The Old Guard sur Netlfix) l’aventure s’avère heureusement efficacement rythmée, plutôt agréable à suivre grâce à des batailles épiques bien brossées et surtout ce sentiment tangible et vivifiant d’une fierté de porter un tel projet jusqu’au-bout. Plus un évènement socioculturel que cinématographique donc. La sororité identifiée essentiellement par l’oscarisée Viola Davis (Fences, La Couleur des sentiments, Murder) et ses partenaires Lashana Lynch (Captain Marvel, Mourir peut attendre), Sheila Atim (Bruised) et la jeune Thuso Mbedu (The Underground Railroad), trouve clairement une incarnation totalement inédite sur grand écran. Non pas uniquement pour une question de couleur, mais peut-être surtout pour cette absence totale de sexualisation des personnages. Des guerrières qui frappent, tuent, mutilent, plongent dans le sang sans ciller, mais qui, choses rares, ne sont pas accompagnées de plans pin-up, d’érotisation quelconque ou d’œillades embarrassantes dédiées à un spectateur qui espérait profiter là d’un peu d’exotisme déplacé. C’est sans doute là la première victoire de The Woman King et la preuve de sa modernité.
Image
Il n’y avait pas a en douter, le transfert HD de The Woman King est tout simplement parfait avec une restitution particulièrement lumineuse, des noirs extrêmement profonds et des teintes terreuses idéalement magnifiées par un Dolby Vision qui vient en souligner toutes les finesses et variations. Si déjà le Bluray s’avère d’une redoutable précision dessinant avec application les lumières, les corps, les costumes et les décors, l’UHD en affirme plus encore la profondeur. Le piqué est sans faille et la définition ne montre aucun signe de faiblesse.
Son
Si la piste française DTS HD Master Audio 5.1 assure sérieusement le spectacle, la version originale en Dolby Atmos la devance très naturellement de quelques coudées. Pas forcément du coté d’atmosphère d’une grande subtilité, mais dans sa restitution solide et musclée d’une dynamique percutante tournée vers l’impact et la nervosité. Dialogues clairs, musiques relativement discrètes, mais des scènes de masses ou de combats qui envoient du bois.
Interactivité
Vendu comme un blockbuster hollywoodien, The Woman King en reprend tout autant la construction dans ses différents items proposés en guise de bonus. Un portrait de la réalisatrice, une interview de Viola Davis qui raconte sa découverte du script, sa mise en production et sa vision du sujet et du personnage, un retour sur les origines historiques du film et naturellement en bout de course sur la représentativité féminine et ethnique. Des sujets qui ne dépassent jamais les dix minutes et laissent de nombreux détails hors champs au profit de surlignages des ambitions du film et des congratulations traditionnelles. Pour aborder d’authentiques questions artistiques ou techniques, il faut plutôt se tourner vers le commentaire audio, assez intéressant, réunissant la réalisatrice et sa monteuse.
Liste des bonus
Commentaire audio de la réalisatrice et de la monteuse Terilyn A. Shropshire, La Métamorphose d’une actrice (10′), La Représentativité compte (10′), Femme / Warrior (12′), Les Narrateurs (10′), Auditions de Thuso Mbedu (6′).