THE RYAN INITIATIVE
Jack Ryan: Shadow Recruit – Etats-Unis / Russie – 2014
Support : UHD 4K
Genre : Thriller, Espionnage
Réalisateur : Kenneth Branagh
Acteurs : Chris Pine, Kevin Costner, Kenneth Branagh, Keira Knightley
Musique : Patrick Doyle
Image : 2.35 16/9
Son : DTS HD Master Audio 7.1 anglais, Dolby Digital 5.1 français, espagnol, italien…
Sous-titre : Français, anglais, allemand…
Durée : 105 minutes
Distributeur : Paramount
Date de sortie : 22 février 2023
LE PITCH
Ancien Marine, Jack Ryan est un brillant analyste financier. Thomas Harper le recrute au sein de la CIA pour enquêter sur une organisation financière terroriste. Cachant la nature de cette première mission à sa fiancée, Jack Ryan part à Moscou pour rencontrer l’homme d’affaires qu’il soupçonne d’être à la tête du complot. Sur place, trahi et livré à lui-même, Ryan réalise qu’il ne peut plus faire confiance à personne. Pas même à ses proches.
L’Homme sans visage
Vieux héros de la Guerre Froide crée par Tom Clancy, Jack Ryan revient sur les écrans pour un nouveau reboot (La Somme de toutes les peurs en avait déjà toutes les caractéristiques) qui pioche dans les classiques de l’espionnage, aligne quelques trouvailles, mais peine à encore à se concrétiser comme une figure mémorable du genre.
Pas facile d’ailleurs de penser les Jack Ryan comme une réelle franchise du cinéma d’action lorsque le même personnage en est déjà à son quatrième interprète en seulement cinq films. On passera poliment sur le foireux La Somme de toutes les peurs avec un Ben Affleck bien poupin face à une menace nucléaire, ne restant plus alors que les deux essais bien droits dans leurs bottes Jeux de guerre et Danger Immédiat portés par un Harrison Ford en modèle américain et surtout le parfait et méticuleux A la poursuite d’Octobre rouge où le jeune Alec Baldwin se faisait largement damner le pion par un impérial Sean Connery. A ce titre, cette première adaptation signée John McTiernan (dont le Die Hard 3, Une Journée en enfer est largement évoqué ici) ouvrait le tir sur une œuvre qui justement favorisait une vision du monde plus optimiste et moins segmentant à une heure où la Guerre froide montrait enfin de vrais signes de faiblesses. De ce regard peu manichéen et humaniste sur le cinéma d’espionnage (la tension y restait implacable), il n’en reste depuis longtemps plus grand chose dans l’univers de Jack Ryan comme l’atteste le nouveau Jack Ryan Shadow Recruit, renommée bêtement The Ryan Initiative pour les écrans français. Réactualisant la vieille rengaine de l’affrontement dissimulé contre les élans conquérants de la Russie, le film a effectivement beau l’imprégner d’enjeux économiques anxiogènes, de nouvelles technologies et d’un traitement plus froid hérité des derniers James Bond et de la trilogie Bourne, il n’en reste pas moins, dans le ton, bien trop proche des essais réactionnaires des années 60.
Patriot Games
Un retour en arrière qui peut se montrer efficace dans la confection d’un scénario en forte ligne droite, concentré sur un enjeu et un seul, imposant alors un rythme très efficace au spectacle, mais où affleure méchamment un patriotisme primaire, presque aveugle qui desserts autant la crédibilité du film que l’aura du personnage principal. Plutôt bien doté avec la gueule tranchante de Chris Pine (Star Trek) le nouveau Jack Ryan que l’on découvre jeune recrue dépassant la souffrance de son ancienne blessure de guerre (en Afghanistan forcément) afin de servir au mieux sa patrie, fait ici trop souvent office de gentil soldat, trop propre, trop boy-scout, pour venir s’imposer face à deux pointures de la trempe de Kevin Costner (idéal en mentor d’un rôle qu’il aurait pu incarner à son heure de gloire avec bien plus de décontraction) et Kenneth Branagh très à l’aise en oligarque psychotique russe. Quoi que, une fois encore si l’acteur se montre assez subtile et convaincant, il est bien trop mis en valeur (ah le suspense sur le plan de dos d’un personnage qu’on ne connaît pas…) par son double réalisateur, renouant ainsi, sans le panache de ses adaptations shakespeariennes, avec ses pulsions mégalos de bête de scène. Déjà pas franchement remarquable sur son premier blockbuster, Thor, Branagh cinéaste se montre à nouveau relativement transparent, incapable de doser l’action avec la même densité qu’un Paul Greengrass ou la lisibilité d’un MacTiernan (on en revient à Die Hard 3 et… A la poursuite d’Octobre Rouge). Bourré de défauts, parfois très agaçants dans ses raccourcis scénaristiques (le plan machiavélique révélé en 2 minutes par Ryan et les outils Facebook), The Ryan Initiative n’est pourtant pas qu’un mauvais bougre, se laissant visionner comme un bon petit thriller B au casting solide avec quelques séquences bien troussées. Il laisse aussi entrevoir une possibilité alléchante, celle du regard de la dulcinée, Keira Knightley, dont le personnage ne cesse de s’étoffer tout au long du film passant d’une héroïne de romance rose bonbon à la fiancée gonflante pour finir comme véritable actrice de l’action et témoin direct de la naissance définitive du « personnage » Jack Ryan. Bien entendu cela ne suffit pas à donner un nouvel élan cinématographique à la franchise qui pour le coup a depuis trouvé une seconde vie plus consistante du côté de la série TV sur Amazon Prime.
Image
Sans faille ni faiblesse, le master HD proposé par Paramount en 2014 était d’une solidité à toute épreuve. Que ce soit dans les séquences nocturnes ou diurnes, le piqué affiche toujours une même et impressionnante précision, scrutant le moindre détail sur les visages, les costumes, les décors jusqu’à une profondeur parfois étourdissante. Copie upscallé de cette source 2K, le tout nouveau UHD ne vient pourtant jamais affaiblir les efforts, délivrant un piqué plus pointu encore et surtout développant puissamment le spectre des couleurs et l’impériosité des noirs. Ce n’est pas une révolution par rapport au Bluray précédent, mais un bel approfondissement.
Son
La galette UHD reprend directement les pistes sonores du Bluray. Le DTS HD Master Audio 7.1 y est donc toujours uniquement disponible en anglais. Très brutal dans les échanges de coups, amples et dynamiques dans les séquences de poursuites ou l’envol de l’hélicoptère, avec d’ailleurs un caisson de basse des plus motivées, la piste se montre tout aussi savoureuse dans les ambiances plus feutrées. Les arrières plans sonores sont toujours bien amenés et naturels, joliment équilibrés avec les musiques de Patrick Doyle et surtout les dialogues, toujours clairs. De son côté, le simple Dolby Digital 5.1 français, plutôt efficace, fait quand même un peu chiche.
Interactivité
Sortie simple et single pour The Ryan Initiative en UHD et donc exit le second disque Bluray comportant lui, en plus du film, les bonus originaux (scènes coupées, featurettes diverses…). Ne reste donc plus que l’excellent commentaire audio mené par le réalisateur et son producteur, brassant allègrement toutes les questions nécessaires.
Liste des bonus
Commentaire audio de Kenneth Branagh et Lorenzo di Bonaventura, Bandes-annonces.