THE TWO JAKES

Etats-Unis – 1990
Support : Bluray
Genre : Policier
Réalisateur : Jack Nicholson
Acteurs : Jack Nicholson, Harvey Keitel, Meg Tilly, Madeleine Stowe, Eli Walach, Rubèn Blades…
Musique : Van Dyke Parks
Durée : 137 minutes
Image : 1.85 16/9ème
Son : DTS HD Master Audio 5.1Anglais, Dolby Digital 2.0Français, Japonais, Allemand…
Sous-titres : Français, Anglais, Allemand…
Editeur : Paramount Pictures
Date de sortie : 6 janvier 2021
LE PITCH
1948, à Los Angeles. Le meurtre d’un homme par un mari jaloux au cours d’une enquête pour infidélité ramène le détective privé J.J. Gittes à une affaire vieille de onze ans…
Hit The Road, Jake !
Sommet du néo-noir et de la carrière américaine de Roman Polanski, Chinatown aurait très bien pu se passer d’une suite. Et pourtant, avant même que le premier plan ne soit tourné en octobre 1973, le scénariste Robert Towne rêvait déjà d’une trilogie. The Two Jakes, la première (et dernière) séquelle, ne vit le jour qu’au bout de quinze ans de development hell avec à la barre un réalisateur par défaut, Jack Nicholson en personne.
Officiellement, la mise en chantier de The Two Jakes débute en 1976 quoique sous un autre titre et avec une toute autre histoire, inachevée. Le producteur Robert Evans est tout de même parvenu à faire signer un contrat à Jack Nicholson pour reprendre le rôle de J.J. Gittes et Dustin Hoffman a également donné son accord pour rejoindre le casting. Quant à Roman Polanski … Impossible de savoir si le cinéaste polonais comptait réellement rempiler mais ses « frasques » pédophiles l’amènent à quitter les États-Unis dès 1977 pour fuir la justice et le mettent définitivement hors-jeu. La suite de Chinatown pédale dans la semoule jusqu’en 1984. Robert Towne a enfin rendu sa copie et compte bien passer derrière la caméra. Paramount donne son feu vert mais voilà t’y pas que Robert Evans, en pleine crise d’ego (et les narines pleines de coco), se met en tête d’interpréter le rôle de Jake Berman, le deuxième « Jake » du titre, contre l’avis d’à peu près tout le monde. Il faudra faire avec. Ou pas.
Quelques semaines avant le tournage, prévu pour débuter en avril 1985, le ton monte entre Evans et Towne. Tant et si bien que les deux zigotos refusent de se montrer pour le premier tour de manivelle et plantent toute l’équipe. Avec une partie du budget déjà investi dans les décors et les costumes et quelques procès au cul, le studio envisage de se débarrasser de ses divas et de monter cette séquelle maudite avec Harrison Ford à la place de Jack Nicholson et John Huston à la barre. Une fois de plus, rien ne se passe. Contre toute attente, Nicholson, sans doute par obligation pour un rôle auquel il tient particulièrement, prend sur lui de débloquer la situation. Robert Evans reste producteur, Robert Towne reste crédité en tant que seul scénariste (même si son manuscrit à été retouché de plus d’un tiers) et Jack Nicholson passe derrière la caméra, une première depuis son coup d’essai de 1978, le western semi-parodique En route vers le sud (Goin’ South).
Le grand sommeil
Il faut bien le reconnaître, la star de Vol au-dessus d’un nid de coucou et de Shining sait fort bien s’entourer. Si l’on peut regretter que Jerry Goldsmith, compositeur d’une mémorable partition à la fois jazzy, mélancolique et vénéneuse, ne rempile pas, Van Dyke Parks ne démérite pas. Maître d’oeuvre de la photographie de monuments tels que Deliverance, Rencontres du Troisième Type, Voyage au bout de l’enfer ou Blow Out, Vilmos Zsigmond soigne le boulot et fait baigner The Two Jakes dans un clair-obscur fiévreux de toute beauté. Solide, le casting achève d’inscrire le film de Jack Nicholson dans la lignée de son prestigieux prédécesseur. James Hong et Perry Lopez rempilent aux côtés de Harvey Keitel, Madeleine Stowe, Meg Tilly, Rubèn Blades, Eli Wallach et Richard Farnsworth. Faye Dunaway s’autorise un bref caméo vocal et le chanteur Tom Waits endosse en tout anonymat le costume d’un flic de la brigade des mœurs. S’il troque le scope du film de Polanski pour un format moins large et un peu passe-partout, The Two Jakes a fière allure et appelle à se déguster comme un authentique film noir à l’ancienne. Et c’est bien là le problème.
La sophistication, le modernisme et la perversité qui donnaient à Chinatown toutes ses saveurs se sont fait la malle laissant la place à un ennui poli. Avec près de 2h20 au compteur, cette suite est bien trop longue pour maintenir l’intérêt autour d’une intrigue pas vraiment folichonne et un peu prévisible. On devine assez vite la vraie identité du personnage joué par Meg Tilly (et pour ceux qui ne connaissent pas Chinatown, la révélation tombe à plat) et le lien entre conflits financiers et crises familiales n’offre rien de neuf à se mettre sous la dent. Et le choix d’user de la voix-off d’alourdir encore une narration qui patine dans la naphtaline. Sur le fond, le seul élément un tant soi peu passionnant de Two Jakes réside dans le choix de ponctuer l’histoire de tremblements de terre et d’explosions surprises, comme un rappel facétieux de la production chaotique de cette suite tardive.
Le spectateur pervers s’amusera sans doute de la performance parfois hilarante d’une Madeleine Stowe qui pète les plombs et remue de l’arrière-train en veuve nymphomane et imprévisible. Ou de cette partie de golf qui semble tout droit sortir d’un James Bond et qui se conclue par le malaise le plus ridicule de l’Histoire du cinéma. C’est peu mais ça suffit pour se tenir éveillé.
Image
Disponible pour la première fois sur galette bleue, The Two Jakes retrouve le grain et les textures dont un DVD encodé à la va comme j’te pousse le privait depuis sa sortie sur grand écran. On n’ira pas jusqu’à affirmer que l’on redécouvre le film, la faute à une absence de restauration en bonne et due forme et à des contrastes un peu trop poussés mais la définition et les couleurs prennent du galon, essentiellement sur les scènes en extérieur.
Son
En dépit du 5.1, la piste originale a beaucoup de mal à s’ouvrir sur les côtés et à l’arrière et reste le plus souvent plaquée à l’avant avec des ambiances trop discrètes. Quelques explosions et secousses sismiques réveillent de temps à autre le caisson de basse et la propreté est de mise. Pour le relief, on repassera.
Liste des bonus
Aucun.