THE TRUMAN SHOW
États-Unis – 1998
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Anticipation, Comédie dramatique
Réalisateur : Peter Weir
Acteurs : Jim Carrey, Laura Linney, Noah Emmerich, Natascha McElhone, Ed Harris, Holland Taylor, Peter Krause
Musique : Burkhard Dallwitz
Image : 1.66 16/9
Son : Dolby Atmos True HD Anglais, Dolby Audio 5.1 français, allemand, japonais…
Sous-titres : Français, anglais, allemand…
Durée : 103 minutes
Éditeur : Paramount
Date de sortie : 5 juillet 2023
LE PITCH
Truman Burbank est la vedette d’un show télévisé, mais il ne le sait pas. Ses moindres faits et gestes sont filmés à son insu par un créateur-réalisateur-producteur avant-gardiste. La ville entière est un immense studio de cinéma, ses voisins, ses collègues, ses amis et même sa femme sont des acteurs professionnels d’Hollywood. Un jour pourtant, Truman se doute de quelque chose…
La vie 24/24
En 1998 The Truman Show était un film d’anticipation satirique, extrapolant une remise en image de vrai gens enfermés dans un décor factice. En 2022 le film est devenu plus que jamais le témoin de son temps et l’appel à une évasion salvatrice, célébré comme il se doit par une mémorable affiche pour le Festival de Cannes de 2022.
Lorsque le film sort sur les écrans en 1998, il devance d’un an le programme Big Brother qui va définitivement faire entrer la télévision dans l’ère de la « télé-réalité » et sa fameuse réinterprétation toute factice du « sois vrai ». Auteur visionnaire s’il en est, Andrew Nicoll (Bienvenue à Gattaca, Simone, Lord of War) avait clairement perçu un changement de paradigme et une évolution affleurante du divertissement pour le millénaire suivant. Mais sa personnalité fait aussi que la première version du script, sur laquelle seront envisagés Brian de Palma, Tim Burton ou David Cronenberg, travaillait un monde extrêmement dramatique, sombre, violent et cruel dans lequel le pauvre Truman aurait été plongé depuis son enfance. C’est finalement Peter Weir qui va faire dévier avec énormément de pertinence le projet vers un décorum beaucoup plus enjoué, nostalgique même dans son atmosphère de sitcom des 60’s, plus à même il est vrai de passionner des foules de spectateur toujours attirés par des rêves d’un monde meilleur bien calibré. Un revirement qui s’accompagne du choix alors porté sur un Jim Carrey, véritable star du box-office et spécialiste de la comédie grimaçante et que certainement personne n’attendait là. Des choix lumineux qui tirent à la fois le film vers une certaine mémoire de la télévision américaine (Carrey ne ressemble-t-il pas à Jean-Pierre dans Ma Sorcière bien aimée ?) et une idéalisation picturale proche de la fable moderne… Ou en tout cas de l’image que se font certains de la vie idéale, safe, tranquille, sans aspérité, construite comme une petite musique indolente.
« Que quelqu’un m’aide : je fais du spontané !»
The Truman Show est donc bel et bien une satire évidente des dérives de la télévision et de l’entertainment et de sa propension à instrumentaliser les personnes qu’elle filme et réécrit en cherchant soi-disant une réalité brute (tout le jeu sur le placement des caméras invisibles mais de plus en plus visibles est brillant). L’homme n’y est plus qu’un objet, investi dès sa naissance et jusqu’à sa mort comme un simple sujet de divertissement. Mais la force de The Truman Show est de réussir aussi à dépasser constamment la simple critique des nouveaux médias pour emporter son propos vers une réflexion plus profonde encore sur l’affrontement entre le personnage de fiction et son créateur / metteur en scène / démiurge (Ed Harris qui justement ne partagera aucun plan avec Jim Carrey) et donc entre l’être et le monde que lui a crée. Version contemporaine de l’allégorie de la caverne, The Truman Show célèbre ainsi la remise en question de la réalité inscrite et partagée, l’acception des règles tacites de la société et des œillères préfabriquées, pour suivre l’échappée salvatrice d’un brave type au-delà d’un mur invisible qui le séparerait de son potentiel et d’une vision plus vaste du monde.
Un film extrêmement riche et dans ses thèmes plutôt complexe, qui rejoint effectivement très naturellement certaine des œuvres précédentes du cinéaste Peter Weir, que ce soit Witness ou Le Cercle des poètes disparus pour la partie américaine, et bien entendu Les Voitures qui ont mangé Paris, Pique-nique à Hanging Rock et La Dernière vague pour la partie australienne, mais avec une vision douce amer, enchantée et désenchantée qui n’aurait certainement pas été possible sans l’application et le charisme fou d’un Jim Carrey porteur d’une puissante émotion, forte et sobre à la fois.
Image
Sorti en bluray en 2008, le premier master HD de The Truman Show avait pris un sacré coup de vieux avec son utilisation massive et datée d’un filtre DNR particulièrement agressif. Heureusement l’impair est enfin réparé pour la ressortie du film cette fois-ci sur support UHD. Retour à la source, nettoyage en bon et due forme et surtout une prestation qui s’efforce de rester cette fois-ci au plus près des intentions cinématographiques du film avec des matières de nouveaux présentes, un grain ferme et délicat et des argentiques aux reliefs élégants. Le traitement Dolby Vision permet en outre de redonner des teintes naturelles aux acteurs tout en boostant, sans dénaturer, les contrastes tranchés de la petite ville coincée dans le temps.
Son
La version originale se dote désormais d’un très joli mixage Dolby Atmos qui avec une certaine finesse et une bonne dose de délicatesse apporte une plus grande amplitude à la dynamique d’origine. Quelques effets d’ambiances, atmosphériques ou de mouvements de foule, mais qui heureusement n’abiment ou n’envahissent jamais l’équilibre relativement sobre d’origine. D’ailleurs, pour une fois si la version française, plutôt bonne, reste en Dolby Digital 5.1 ce n’est pas un souci puisque l’essentiel du film tient dans le cadre visible et avant.
Interactivité
Si le Bluray glissé dans le boitier est bien celui de 2008 et affiche donc toujours le même master d’un autre âge, il permet tout de même de profiter encore des bonus produits à l’époque et absents du disque 4K. Pas de surprise pour les amateurs du film donc qui retrouveront une partie des scènes coupées existantes tournant autour des petites fantaisies de Jim Carrey, l’observations de quelques autres défaillances de la mise en scène et d’un entretien entre Cristof et les acteurs principaux.
On retrouve aussi la petite featurette sur les effets spéciaux et essentiellement les retouches visuelles sur les décors préexistants, et un Making of plutôt solide de 41 minutes. On y revient sur l’origine du projet, le scénario d’Andrew Nicoll (où Peter Weir n’hésite pas à souligner qualité et défauts), le choix inédit de Jim Carrey et son implication, l’arrivée in extremis d’Ed Harris en remplacement d’un autre acteur écarté pour différent artistique (on n’y donnera pas son nom … mais il s’agit de Dennis Hopper) et plus généralement des choix esthétiques et de mise en scène. Sobre, mais très complet et surtout avec un petit soupçon de franchise parfois étonnant.
Liste des bonus
« How’s It Going To End? » : making of (41’), « Faux Finishingé : les effets visuels (13’), 4 scènes inédites (13’), Galerie photos, Bandes-annonces.