THE TASTE OF TEA
茶の味 – Japon – 2003
Support : Bluray
Genre : Comédie dramatique
Réalisateur : Katsuhito Ishii
Acteurs : Maya Banno, Takahiro Sato, Tadanobu Asano
Musique : Tempo Little
Durée : 143 min
Image : 1.66 16/9
Son : Japonais DTS-HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français
Éditeur : Spectrum Films
Date de sortie : 28 avril 2022
LE PITCH
Les Haruno habitent un village de montagnes près de Tokyo. A six ans, la cadette Sachiko, cherche à faire disparaître son double géant. Hajime, son frère adolescent, éprouve les tourments d’un premier amour. Yoshiko, la mère, décide de sortir de sa retraite pour faire un retour très remarqué dans le monde du film d’animation, sous le regard inquiet de son mari, Nobuo, qui pratique l’hypnotisme thérapeutique. Quant au grand-père, ses excentricités inquiètent toute la famille.
In the Mood for Tea
Le travail de certains éditeurs aime chatouiller la cinéphilie de tout bon amoureux du cinéma. En sortant conjointement Funky Forrest à ce plus connu The Taste Of Tea, Spectrum nous permet d’explorer une face méconnue en nos contrées d’une tranche du cinéma indépendant japonais.
Si l’on vous parle de Katsuhito Ishii, pas sûr que vous ayez assez de répondant pour tenir une conversation à son sujet. En même temps la probabilité pour que l’on vous parle de lui est tout de même assez minime. Connu principalement pour avoir mis en scène la section animée de la première partie du Kill Bill de Quentin Tarantino, Ishii a fait ses armes en tant que réalisateur de publicité. Si Taste of Tea n’avait pas été la bulle de fraicheur au festival de Cannes lors de la quinzaine des réalisateurs où il fit l’ouverture, il y a fort à parier que votre hypothétique débat à son sujet n’aurait jamais lieu.
S’engager sur le visionnage de The Taste of Tea, c’est s’aventurer dans un voyage cinématographique qui demande l’abandon de nos liens rationnels liés à l’image pour pénétrer celles de nos perceptions à l’imaginaire. Pour percevoir son univers, il faut faire l’effort de se laisser happer par son rythme car ici les ambiances et autres élucubrations de cette famille un peu spéciale prévalent sur l’action. Comme si les Yamadas des studios Ghibli se payaient une version live de leurs aventures.
Mes voisins les Haruno
En pur cinéaste de circuit indépendant, Katsuhito Ishii dont Taste of Tea est le troisième film offre à son film la même liberté que ses pensées. En développant le sujet extrêmement codifié de la famille japonaise, il s’affranchit de l’image véhiculée par ses ainés dont le cinéaste Ozu s’est fait brillamment l’ambassadeur. Son histoire se focalise sur une famille intergénérationnelle vivant sous le même toit. Avec autant de facilités que de rêveries, il traite ses personnages avec un surcroit de tendresse et de respect. Les codes narratifs sont bousculés pour mieux laisser le spectateur pénétrer l’intime de ses protagonistes. Ishii utilise les effets spéciaux mis à sa disposition à la manière d’un Michel Gondry où l’artisanal prévaut sur le numérique. Faussement décalé, ceux-ci sont une vraie bouffée d’air frais. Leurs rêves s’entremêlent aux réalités de la vie pour mieux se tourner vers le fantasme d’une existence inassouvie. Le réalisateur l’accentue dans la gestion de l’espace et de ses décors où le rapport à la nature s’allie à la contemplation des quotidiens comme dans un rêve éveillé. Il offre à son film l’audace nécessaire à ses folies, assez barré pour emporter l’adhésion à qui veut bien le suivre, un peu comme si Takeshi Miike se serait mis à la poésie. Malheureusement, le film souffre d’un rythme pas assez soutenu là où un découpage plus cinglant emporterait totalement l’adhésion. Pas toujours facile de rejoindre le cinéaste dans l’absolu de ses fantasmes filmiques. Mais pour celui qui se laisse embarquer dans l’aventure, le voyage risque d’être hallucinatoire. Et c’est déjà énorme car The Taste of Tea n’a pas d’autres prétentions que de parler du quotidien. Son titre, aux dires de son réalisateur, évoque une chose simple, le thé, qui n’a pas un gout spécialement particulier, juste le parfum que l’on veut bien lui donner.
Image
Le master est tiré de la copie 35mm qui a dû prendre un peu d’âge. Mais pas d’inquiétude, le transfert retranscrit agréablement l’aspect naturel du film tout en étant convaincant. La photo restant assez neutre on aurait sans doute souhaité plus de profondeur dans la palette de noir.
Son
Un mixage bien correct au rendu clair et intelligible. La voie centrale fait la part belle aux dialogues tandis que les canaux arrières tout en se faisant discrets diffusent les ambiances sonores aux bons grès des délires de son réalisateur.
Interactivité
Pour l’essentiel, Spectrum reprend les bonus très fournis déjà disponibles sur l’édition sortie chez CTV en 2005. A savoir un long making of, diverses interviews d’époque de l’équipe du film ainsi que la présentation de Taste of Tea au festival de Cannes 2004 où il a fait l’ouverture de la quinzaine des réalisateurs. Mais en rester là ne ressemblerait pas à du Spectrum. L’éditeur invite à la fête Fabien Mauro pour une présentation très complète du film ainsi qu’une analyse de Joachim Lepastier, critique aux cahiers du cinéma.
Liste des bonus
Introduction de Fabien Mauro 21’, « Quotidien et Merveilles » par Joachim Lepastier 10’, Making of 91’, Interview de l’équipe du film 17’, « The Taste of Tea » à Cannes en 2004 35’, Clip d’animation 3’, Bande-annonce 2’.