THE POWER
Royaume-Uni – 2021
Support : Bluray
Genre : Horreur
Réalisateur : Corinna Faith
Acteurs : Rose Williams, Emma Rigby, Charlie Carrick, Shakira Rahman, Nuala McGowan
Musique : Elizabeth Bernholz, Max de Wardener
Durée : 92 minutes
Image : 2.35 16/9
Son : Anglais et Français en DTS-HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français
Éditeur : Blaq Out
Date de sortie : 16 juin 2022
LE PITCH
Londres, 1974. Alors que le Royaume-Uni se prépare à d’importantes coupures d’électricité, Val une infirmière débutante arrive pour son premier jour au sein de l’équipe de nuit d’un hôpital délabré. La majorité des patients et du personnel ayant été évacués vers un autre hôpital, elle se retrouve presque seule dans ce bâtiment lugubre. Mais derrière ses murs se cache un lourd secret qui va contraindre Val à affronter ses peurs les plus profondes et à se confronter à une force maléfique.
Noire est la nuit
Premier long métrage pour Corinna Faith après la série The Innocents diffusée sur Netflix, vers un cinéma d’épouvante des plus british et gothique comme on les aime. Une belle ambiance, une belle actrice et un message certes pertinent mais qui entame parfois un peu les sensations.
Beaucoup sont encore persuadé que le cinéma d’horreur s’est toujours contenté de balancer quelques sensations fortes à des spectateurs souvent jeunes comme un simple spectacle décérébré et gratuit. Pourtant dès les plus grands classiques (on remonte là aux années trente), ce dernier a toujours distillé en filigrane des réflexions profondes et parfois puissantes sur le monde, ses injustices, ses combats et ses dangers. Ce qui change donc dans la vague de film d’horreur signifiant de ces dernières années, ce n’est pas la nature du genre, mais la nature de son message et la manière, pas toujours des plus subtiles avec lequel il est assené. A ce titre, The Power qui souffre des menus défauts du premier œuvre pleine de bonne volonté, n’y échappe pas préférant affirmer son discours anti patriarcal, sa défiance envers un establishment multipliant les scandales de mœurs et l’habitude longtemps intégrée par tous de faire taire le scandale et le monstrueux par le silence, avec les grandes pancartes de dialogues un peu lourds, de flashbacks inutiles et d’un final prévisible au fantastique trop généreusement déployé.
Seule contre tous
Une œuvre engagée soit, mais qui a la pertinence de s’inscrire au cœurs d’autres remous, ceux de l’Angleterre du mitan des années 70, secoué par les nombreuses revendications sociales de la classe ouvrière, et en particulier minière, entraînant un rationnement drastique de l’électricité et des coupures plongeant le pays littéralement dans le noir. La notion de « pouvoir » se démultiplie alors, renvoyant à des combats multiples oppressés / oppresseurs, s’incarnant dans un simple hôpital à la rigueur et la hiérarchisation typique de l’école dont la nouvelle recrue, petite infirmière pleine de bonnes intentions va faire les frais. Dans un décor particulièrement évocateur, lugubre et quasiment déserté, sa nuit de garde va se faire au grès des découvertes morbides, des apparitions et bruits soudains et une menace qui se fait de plus en plus envahissante. Les longues séquences simplement éclairées à la lampe à huile, les regards éplorés de la touchante et fragile Rose Williams, qui revit là l’un de ses pires cauchemars, offrent effectivement un parallèle assez réussit avec l’école atmosphérique du cinéma d’épouvante anglais, citant d’ailleurs comme influence principal le fabuleux Les Innocents (décidément) de Jack Clayton. On n’est jamais bien loin du noir et blanc ici, en tout cas d’un univers presque classique, épuré, réduits à quelques personnages et fantômes, rendant l’expérience plus onirique parfois que véritablement effrayant. Un entre-deux qui ne manque pas de charmes.
Image
Budget relativement modeste tourné en numérique, The Power ne peut forcément pas batailler avec quelques productions horrifiques de studios récentes en termes d’affichage. La photographie sombres, les lumières tamisés, les effets de brume légères, entraînent forcément une définition pas toujours aussi pointue qu’elle aurait pu l’être. Cependant le transfert en lui-même accompagne le tout avec beaucoup de soin, maîtrisant les teintes opaques et diffuses, s’appuyant sur des cadres nets, propres et bien dessinés.
Son
Naturellement les mixages DTS HD Master Audio 5.1 jouent plus volontiers sur les ambiances et les détails que sur la grosse artillerie et cela nous va très bien. Les atmosphères sont vraiment bien posées, fluides, dynamiques et parfois bien oppressantes, tandis que les dialogues sont spatialisés avec évidence et clarté. Très efficace, avec une nette préférence pour la piste anglaise bien plus juste.
Interactivité
Seul supplément présent sur la galette, la rencontre avec Corinna Faith a été enregistré à l’occasion de la sortie du film en salle par la chaîne Youtube Demoiselles d’Horreur, effectivement orientée sur une vision du genre très proche du message du film. Un dialogue via webcam qui discute des origines du projet, des liens avec l’actualité, des références gothiques de la réalisatrice, de certaines difficultés et astuces d’une production modeste (un seul étage repeint plusieurs fois pour figurer les différents étages du film), du travail avec la toute jeune actrice et des futurs projets à venir.
Liste des bonus
Entretien avec la réalisatrice (18’).