THE NORTHMAN
États-Unis – 2022
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Aventure
Réalisateur : Robert Eggers
Acteurs : Alexander Skarsgård, Nicole Kidman, Claes Bang, Anya Taylor-Joy, Ethan Hawke, Björk, Willem Dafoe
Musique : Robin Carolan, Sebastian Gainsborough
Durée : 137 minutes
Image : 1.78 16/9
Son : Dolby Atmos Anglais, Dolby Audio + 5.1 français, italien, néerlandais
Sous-titres : Français, anglais, italien, néerlandais
Éditeur : Universal Pictures
Date de sortie : 25 septembre 2024
LE PITCH
Le jeune prince Amleth vient tout juste de devenir un homme quand son père est brutalement assassiné par son oncle qui s’empare alors de la mère du garçon. Amleth fuit son royaume insulaire en barque, en jurant de se venger. Deux décennies plus tard, Amleth est devenu un berserkr, un guerrier viking capable d’entrer dans une fureur bestiale, qui pille et met à feu, avec ses frères berserkir, des villages slaves jusqu’à ce qu’une devineresse lui rappelle son voeu de venger son père, de secourir sa mère et de tuer son oncle.
Par le sang !
Après le phénoménal The Witch et le plus débattu (mais passionnant) The Lighthouse, Robert Eggers répond à l’appel du Walhalla en abordant la fresque viking dans un spectacle grandiose et mystique. Des airs de blockbuster hollywoodien (ce casting !) pour un poème primitif et puissant.
Si le formalisme de ses propositions a immédiatement frappé les esprits, Robert Eggers est tout autant travaillé par une volonté de retourner aux origines des mythes humains, de leurs croyances les plus primitives et donc de formes inquiétantes et ténébreuses qui nous ont toujours accompagnée. D’une sorcière à une sirène, d’une puissance païenne à l’autre, la brutalité de ces mondes oubliés est cependant élégamment et gracieusement mise en image. Ce contraste entre barbarie et élévation picturale semble même plus encore au cœur de The Northman, adaptation volontairement premier degré et certainement pas post-moderniste d’une authentique saga viking, récit d’une vengeance d’un prince déchu dans laquelle un certain William Shakespeare était déjà allé chercher la nourriture pour son monument Hamlet. Le rapport au père inaccessible et idéalisé, la mère dévoratrice et défaiseuse de roi, l’oncle fratricide et objet de la haine, le royaume qui s’auto-dévore sous le poids des ambitions, The Northman s’engouffre dans cette tragédie ancienne avec la limpidité des vieux récits, où simplement au cours des épisodes le jeune héros transformé en bête-humaine (un beserker donc) va assouvir sa vendetta au mépris des injustices qu’il pourrait lui même soulever. Le prix d’un royaume ? Le prix d’une transcendance surtout, celle d’une ascendance et d’une descendance visualisés à mainte reprise sous la forme d’un arbre généalogique géant, organique et ancestral.
« il suffit d’un atome »
Solidement planté un pied dans le fondateur Conan Le Barbare de John Millius, le film de Eggers apportera bien entendu, souvent dans des plans séquences sublimes et haletantes, son petit lot de batailles sanguinaires, d’assauts dévastateurs et carnages barbares, mais sa grandeur se fait par sa constante élévation vers un autre niveau de récit. Un pendant profondément mystique où les croyances du peuples vikings et de leur voisins esclavagisés, apparaissent de manière aussi réaliste et présent que les paysages renversants d’Irlande et d’Islande, transformant une quête des plus humaines en voyage quasi-divin. Les imprécations de la sublime Anya Taylor-Joy en madone terrienne, l’apparition presque cauchemardesque de Bjork en sorcière aveugle, le crane d’un bouffon (Willem Dafoe) conseillant son seigneur au-delà de la mort, les apparitions d’arbres totem dans presque tous les plans, reconfigurent le récit en conte fantastique noir et organique. L’impressionnante et résignée bataille finale au pied d’un volcan dégueulant sa lave entre les ennemis Alexander Skarsgård et Claes Bang, nus et sculpturaux, renvoi alors autant au Ragnarök qu’à la grandeur guerrière (et homo-érotique) des statues antiques.
Doté d’une puissance picturale souvent estomaquant oscillant entre naturalisme et maniérisme des maitres du clair-obscur, The Northman dépasse son classicisme scénaristique volontaire pour atteindre dans ses plus beaux instants la poésie animiste et fataliste des grands textes nordiques.
Image
La seule faiblesse du Bluray initial était le traitement un poil scintillant et trop visible des plans retouchés et à effets spéciaux, dont le très attendu final entouré de lave, dû a une volonté numérique de compenser la noirceur généralisée, pas toujours adéquate pour le support HD. Une faiblesse que la galette UHD ne connait pas grâce à sa définition décuplée et son traitement Dolby Vision qui vient rehausser chaque plan d’une palette de couleurs nettement plus riches et diversifiée. Malgré les changements d’esthétiques et de traitements, le transfert reste toujours parfaitement creusé, finement contrasté, souligné par une profondeur bien marquée et des noirs d’une rare puissance.
Son
En revanche aucune différence entre les pistes audio fournie sur un support ou sur l’autre, le Dolby Atmos répond présent dans les deux cas. Une version originale extrêmement enveloppante qui réussit à marier ses éléments les plus naturels (vent, ruissèlement de l’eau, cliquetis des métaux…) avec ses accents les plus « magiques » tout en assurant une restitution équilibrée et confortable. La spatialisation est admirablement orchestrée, profonde et mystique.
Interactivité
Rien de bien original dans la construction des bonus de cette édition, mais les différents items plutôt courts qui composent plus ou moins le making of du film, s’avèrent assez bien produits et plutôt effaces dans leur construction. Les origines du récit, le travail de reconstitution, les personnages, le tournage des scènes plus brutales et les détails historiques liés aux viking sont évoqués. Étonnant cependant d’entendre tout ce brave monde définir leur film comme le premier vrai film épique dédié au viking, oubliant quelques classiques absolus (Les Vikings, Le 13ème guerrier…), ou la seule production véritablement fidèle à cette culture particulière, oubliant dans la foulée la série Vikings. Un peu agaçant. On pourra aussi y trouver un commentaire audio plutôt appliqué du réalisateur et quelques courtes scènes coupées dont une creusant les motivations du frère félon, ou délivrant quelques détails culturels supplémentaires.
Liste des bonus
Commentaire audio de Robert Eggers, Scènes coupées et version longues, « Une épopée intemporelle », « Les visages des Vikings », « Le voyage d’Amleth vers l’âge adulte », « Filmer l’attaque », « Le Knattleikr », « Un paysage nordique ».