THE MOON WARRIORS
– Hong-Kong – 1993
Support : Bluray
Genre : Fantastique, Action, Wu Xia Pian
Réalisateur : Sammo Hung
Acteurs : Andy Lau, Kenny Bee, Anita Mui, Maggie Cheung, Kelvin Wong, Yi Chang…
Musique : Mark Lui, James Wong
Image : 1.78 16/9
Son : Cantonnais DTS HD Master Audio 5.1 et 1.0
Sous-titres : Français
Durée : 87 minutes
Editeur : Carlotta Films
Date de sortie : 20 août 2024
LE PITCH
Dans le royaume de Lan Ning, Fei, un simple pêcheur, recueille le roi de Langling, en fuite après avoir été chassé du trône par son propre frère. Fei est alors envoyé à la recherche de la fiancée du roi, qui a rallié le camp adverse en secret et tombe amoureux d’elle sur le chemin du retour.
Sabres au clair de lune
Au cœur même de la vague de nouveau wu xia pian qui dévala sur l’industrie HK au début des années 90, on croise l’étrange The Moon Warriors, proposition aux airs bien commerciaux, s’inscrivant parfaitement dans les envolées câblées du moment, mais aussi capable de distiller quelques petites particularités… comme un orque domestiqué.
C’est bien entendu Tsui Hark et son acolyte Ching Siu Tung qui sont à l’origine de ce regain d’intérêt pour les films de sabres fantaisistes nés dans la foulée de la saga Il était une fois en chine, des Swordsman et des Histoires de fantômes chinois. Le genre retrouve alors toute la fantaisie d’autrefois, profitant des digues abattues par les péripéties à effets spéciaux de Zu, mais avec une frénésie et une approche esthétisante plus moderne. Pas forcément la tasse de thé de Sammo Hung, acteurs star aux cotés de Jackie Chan et le reste de la bande, mais aussi chorégraphe de génie et réalisateur plutôt doué du coté de la kungfu comedy (Mr Vampire, Le Flic de Hong-Kong, Prodigual Son, Dragons Forever…) et du gros divertissement spectaculaire (Shanghai Express, Eastern Condors…) surtout tourné vers les pratiques martiales directes et les vraies performances physiques. Autant dire que le maniérisme et les duels aériens du wu xia ne l’inspire pas des masses. Il va pourtant se plier à l’exercice avec ce The Moon Warriors auquel il se serait d’ailleurs contenté de servir de grand orchestrateur, laissant justement à Chin Siu Tung le soin de mettre en boite les scènes de combats et à Corey Yuen de mettre au point les cascades, tandis que lui se tourne plutôt vers les séquences dramatiques.
Balades dans un champs de fleurs
D’où sans doute justement des scènes d’arts martiaux nombreuses, enlevées et efficaces, mais qui ne surprennent jamais vraiment, reproduisant le tout venant de l’époque, là où les films de Sammo Hung étaient toujours réputés pour leur rigueur. Finalement, l’intérêt serait plutôt à trouver du coté de l’atmosphère du récit, qui tout en rejouant une partition très classique d’une bataille fratricide entre deux prétendants au trône (l’un éclairé et philosophe, l’autre ambitieux et cruel), met constamment en avant la nature de ses personnages. Le 13th Prince (Kenny Bee) ne désire pas le pouvoir et semble même constamment attiré par une vie plus simple, le jeune pécheur Fei (Andy Lau) lui vient en aide mais ne sera jamais intéressé par les apparats de la cour ou de la vie de chevalier, tandis que les figures féminines Yuet la promise (Anita Mui, magnifique) et Hsien la soldate assassin (Maggie Cheung, tout autant magnifique) tentent de répondre à leur devoir tout en combattant leurs sentiments. Ce n’est d’ailleurs pas là un triangle amoureux, mais bien un rectangle, dans lequel nos quatre héros tiraillés par l’ordre des choses, leurs désirs et leurs besoins, passent tous leurs sentiments sous silence, entrainant sans le savoir leur destin vers une voie funeste. Des pointes de mélancolie qui vont se transformer, la fin approchante, en un fatalisme cruel.
Encadré par une photographie riche et colorée, tourné dans de superbes paysages naturels et ne se montrant jamais aussi réussi que dans ses passages les plus contemplatifs et les plus romantiques, The Moon Warriors rappelle que Sammo Hung s’est toujours revendiqué comme un élève du grand King Hu. Pas sur cependant que ce dernier aurait apprécié à leur juste valeur les curieuses poursuites en accélérées et les moments de batifolage à Seaworld avec l’orque domestiqué (meilleur ami de Fei qui nous la joue Sauvez Willy) mais grâce à l’excellence de l’interprétation, la beauté de nos deux superbes actrices, les jolies chansons pop, le mélange de lyrisme et d’action bien troussée, The Moon Warriors reste un wu xia tout à fait plaisant.
Image
Carlotta présente le film avec une copie HD tout à fait dans le ton de la plupart des remasterisations chinoises des films des années 90 avec un rendu certes très propre, plutôt coloré et toujours efficace dans les séquences les plus lumineuses, mais toujours accompagné d’un grain glissant vers le bruit vidéo, et de certains segments beaucoup plus marqués. Les fondus enchainés et quelques séquences reviennent vers des sensations plus anciennes affichant un grain floconneux, une colorimétrie fluctuante et une patine lissée trop visible. Confortable donc, mais perfectible.
Son
Deux mixages sonores sont proposés. Le premier est un remixage plutôt récent en DTS HD Master Audio 5.1 qui tente de donner plus d’amplitude aux combats et aux beaux paysages, mais avec une spatialisation un peu artificielle et pas toujours convaincante. L’autre est une plus simple proposition DTS HD Master Audio mono qui retrouve la frontalité et l’efficacité initiale avec beaucoup plus d’intensité.
Interactivité
Très chiche, le bluray de Carlotta ne fait que reprendre la présentation signée Jean-Pierre Dionnet enregistrée pour la sortie DVD dans sa collection Asian Star chez Pathé. Toujours sympa, mais cela reste très court.
Liste des bonus
Présentation du film par Jean-Pierre Dionnet (2’), Bande-annonce.