Trop de films ? Trop de séries ? Trop de productions imaginées en mode photocopieur, bannissant toute forme d’émotions, de profondeur et de tension au profit d’une bonne humeur colorée et d’un humour de plus en plus handicapant… le MCU, ciné et TV, bat sérieusement de l’aile, et l’évènement que les nouveaux titres devraient suscités se perdent dans une continuité imbriquée omniprésente. Rien que ce The Marvels, suite directe de Captain Marvel soit, mais accole à l’une des super-héroïnes les plus puissantes de l’univers, deux acolytes échappées de Disney + : Monica Rambeau venue de la surévaluée WandaVision et Kamala Kan héroïne teen de la sous-évaluée Miss Marvel. Et il faut penser à ajouter de nouvelles références à Avengers Endgame, à quelques scènes post-génériques d’autres productions et à la série Secret Invasion. Difficile de prendre son envol avec grâce, et pourtant dans les premiers élans le scénario coécrit par la réalisatrice, Megan McDonnell (WandaVision) et Elissa Karasik (Loki) s’en sort plutôt bien, officiant un résumé rapide et assez efficace, et réussit surtout à mêler la trajectoire (certes annoncée depuis un petit bout de temps) des trois héroïnes avec une petite pointe d’originalité.

To be continued…

Pas de réunification façon Avengers (même si Kamala aurait adorée), mais une nouvelle Imperator Kree (une méchante transparente et interchangeable) dont les agissements dévastateurs pour l’univers ont provoqué, entre autres, une connexion étonnante entre les pouvoirs des trois « marvel » : dès qu’elles les utilisent en même temps, elles échangent leurs places. Un effet body swap assez bien trouvé, joliment mis en avant par des effets spéciaux soignés, des situations plutôt funs et souvent très drôles, qui en plus d’interconnecter les personnages et leurs petits mondes respectifs avec beaucoup de peps, dynamise et permet de réinventer un peu les habituels castagnes de super-héros. Il faut dire aussi que la présence d’Iman Vellani en Miss Marvel, toujours aussi volubile et pétillante en fan-girl de première, ajoute une candeur bienvenue au trio. Sympa certes, mais au-delà se cette première bobine assez encourageante, et à partir d’une séquence musicale aussi inutile que franchement embarrassante, The Marvels retombe vite dans les vieux travers avec des enjeux bêta, des ennemis inconsistants, un Nick Fury qui joue les gardes d’enfants (pauvres Samuel L. Jackson), des mises à plat émotionnelles et psychologiques intégrées à coups de massue et surtout une nette propension à prévoir, encore et toujours, déjà la suite. Toute la dernière demi-heure de cet opus n’existe ainsi que pour tapisser le terrain pour un potentiel 3^ème Captain Marvel, un probable Young Avengers et l’arrivée, annoncée depuis des lustres, des X-Men dans le MCU. Au milieu de cette entreprise estampillée Marvel made in Kevin Feige, faut-il préciser que la personnalité de la réalisatrice Nia DaCosta (Little Woods, Candyman version 2021) est quasiment inexistante ?

Pire démarrage d’un film Marvel en France et cruel échec commercial dans le reste du monde, The Marvels paye certes les pots cassés pour ses nombreux prédécesseurs, assurant tout de même une proposition bien plus regardable que les derniers Thor ou Ant-Man (oui c’était facile), mais garde malgré son budget de blockbuster toutes les caractéristiques d’un téléfilm spécial de luxe. Un épisode de plus.