THE LADY ASSASSIN & SECRET SERVICE OF THE IMPERIAL COURT
Qing gong qi shi lu , 錦衣衛 – Hong-Kong – 1983, 1984
Support : Bluray
Genre : Action, Arts Martiaux
Réalisateur : Tony Liu
Acteurs : Anthony Lau Wing, Lau Suet Wah, Max Mok Siu Chung, Norman Chu Siu Keung, Leung Kar Yan, Nancy Hu Kuan Chen, Ku Feng
Musique : Shing Gam Wing, So Jan Hau,
Durée : 174 minutes
Image : 1.78 16/9
Son : Cantonnais et Mandarin DTS HD Master Audio 1.0
Sous-titres : Français
Éditeur : Spectrum Films
Date de sortie : 08 septembre 2022
LE PITCH
The Lady Assassin : Le 4ème prince de la dynastie des Qing se sait menacé pour sa succession. Afin de se replacer dans la course, il s’allie avec des résistants Han en leur promettant de cesser les discriminations. Traitre jusqu’au bout, le nouvel empereur oublie ses promesses et élimine ses anciens alliés…
Secret Service of the Imperial Court : La faiblesse morale du souverain laisse la voie libre aux ambitions de l’eunuque impérial. La police secrète est chargée de ses basses œuvres, au grand désarroi de Chao Pu-Fun, l’un des membres les plus émérites.
Fall of the Martial World
Troisième double programme Shaw Brother chez Spectrum Films avec The Lady Assassin et Secret Service of the Imperial Court, deux wuxiapian à nouveau signés par le prolifique Tony Liu. Deux grands spectacles toujours aussi fous et furieux, mais où pointent désormais un sérieux dramatique et une cruauté qui tranche avec les feux d’artifices de Bastard Swordman et Holy Flame Of The Martial World.
Consacré nouvel espoir de la Shaw Brother en ce début des années 80, Tony Liu est perçu comme le sang neuf interne du studio et va enquiller les projets avec une certaine frénésie. Six films en deux ans et surtout une approche totalement décomplexée du wuxiapian qui va faire sa marque. Se rapprochant directement des excès stylistiques et fantastiques de la Nouvelle Vague chinoise et en particulier d’un certain Tsui Hark, il incarne son cinéma dans les décors et costumes archis rabattus du vénérable studio, doit préserver certains des codes reconnus de la Shaw, mais démultiplie les combats, accélère les chorégraphies, élève les cascades à coups de câbles et d’effets spéciaux dans des spectacles totalement ahurissants.
Foire d’empoigne
Tourné aux alentours des joyeux Bastard Swordman et Holy Flame of the Martial World, The Lady Assassin ressemble clairement à une classique production Shaw Brother qui aurait été pervertie par l’esprit du jeune réalisateur. Inspiré d’authentiques faits historiques largement romancés aux cours des siècles, le film conte les terribles manipulations du 4ème prince de la Dynastie Quing prêt à tout pour obtenir le trône. Un personnage qui ne s’encombre pas de quelques traitrises et autres fratricides et qui va voir ses anciens hommes de mains et ses opposants s’allier pour abattre le dictateur. Multiplications de personnages, multiplications des trames secondaires et enchevêtrements constant des enjeux, The Lady Assassin s’avère assez confus et pas forcément des plus passionnants, mais se voit largement sauver par le soin très particulier apporté aux nombreux combats, de plus en plus spectaculaires et sanglants. Haut fait d’arme, l’apocalyptique final au body-count plus qu’impressionnant invoquant quelques ninjas pour l’occasion, reste particulièrement bluffant jusqu’à une Yeung Jing Jing passée de charmante héroïne romantique à tueuse rageuse et sans pitié, tranchant littéralement en deux le félon dans un ultime plan figé !
Juges et bourreaux
Plus brutal et violent que ses réalisations plus commerciales de l’époque, l’opus annonce directement le Secret Service of the Imperial Court tourné l’année suivante avant Return of the Bastard Swordsman, qui justement s’achève quasiment sur le même plan. Mais dans ce dernier, les couleurs joyeuses et les vêtements bariolés d’autrefois laissent la place à un traitement beaucoup plus réaliste et sombre, démontrant plus que jamais l’impact qu’avait le cinéma japonais sur Tony Liu. Un film de sabre très inspiré par les chanbaras sauvages de l’ère moderne et des Baby Cart en particulier, multipliant les giclées orgasmiques de sang et les affrontements filmés en travelling latéraux opposant un guerrier solitaire face à une armée d’homme de mains. D’ailleurs il est ici aussi question d’un père protégeant son enfant, mais ici face au régime décadent d’un jeune empereur que le terrible eunuque aux pouvoirs presque surnaturel écarte du royaume en lui offrant des poignées de jouvencelles lubriques à la nudité exposée plein cadre. La quête du pouvoir face au sens de l’honneur d’un garant de l’ordre qui va se voir trahis par ses pères et la plupart des membres de sa famille. Tragédie du sabre et questions d’honneurs au fatalisme imparable, Secret Service of the Imperial Court associe l’efficacité musclée du cinéaste, son sens du rythme et la fièvre de ses batailles vives et virevoltantes, avec une intensité dramatique alors encore assez inédite dans sa filmographie. De quoi démontrer que les talent de Tony Liu ne se bornait pas simplement à quelques délires irrésistiblement psychédéliques.
Image
Nouveaux masters HD hérités du catalogue Celestial Pictures qui avait justement effectué un travail de restauration colossal dans les années 2000 pour la sortie du catalogue Shaw Brothers en DVD. Une restauration suffisamment fouillée qu’elle résiste aujourd’hui encore au passage sur Bluray. Les cadres sont limpides et parfaitement propres, les couleurs sont vives et pétantes et la définition reste tout à fait appréciable. Seules limites, en dehors d’un ou deux plans encore marqués par des restes de stries ou griffures, des séquences plus sombres où un léger grain vidéo réapparait accompagné d’une définition plus douce.
Son
Quelques variations ici avec la possibilité de voir les films dans leur version originale mandarin ou cantonnais, avec pour The Lady Assassin une version DTS HD Master Audio 5.1 finalement plutôt sobre sur la dynamique générale. Dans l’ensemble les prestations sont très correctes, mais préservent quelques petites saturations et instabilités dues aux captations d’époque. Pour le coup, dans sa version mandarin Secret Service of the Imperial Court est lui marquée par quelques passages plus faiblards.
Interactivité
Troisième double programme pour la Shaw Brothers et Tony Liu chez Spectrum. Un fourreau cartonné léger, un boitier amaray avec jaquette réversible et, naturellement, les présentations incontournables de monsieur Arnaud Lanuque qui replace les films dans leurs contextes, les évolutions du studio et du réalisateur et remet même en perspective les références historiques. Des interventions complétées par un grand nombres d’interviews comme celle enregistrées par Frédéric Ambroine il y a quelques années et qui retracent généreusement les carrières de l’acteur / cascadeur Poon Kin-kwan et de la star Anthony Lau Wing (croisé entre autres chez Bruce Lee), et celles produites par l’équipe de Spectrum incluant l’acteur Jason Pai Piao, le producteur Lawrence Wong et l’actrice Yeung Jing Jing, revenant chacun sur quelques éléments de leur filmographie mais s’arrêtant plus volontiers sur leurs collaborations avec Tony Liu et leurs souvenirs de tournages de Lady Assassin en particulier. A noter que deux interviews sont identiques sur les deux disques.
Liste des bonus
The Lady Assassin : Présentation de Arnaud Lanuque, Interview de Poon Kin-kwan par Frédéric Ambroisine, Interviews de Jason Pai Piao, Lawrence Wong, Lau Wing et Yeung Jing Jing, Bande-annonce.
Secret Service of the Imperial Court : Présentation de Arnaud Lanuque, Interview de Lau Wing par Frédéric Ambroisine, Interviews de Jason Pai Piao, Lawrence Wong, Lau Wing et Bande-annonce.