THE KING’S MAN : PREMIÈRE MISSION
The King’s Man – Royaume-Uni, Etats-Unis – 2021
Support : Bluray
Genre : Action
Réalisateur : Matthew Vaughn
Acteurs : Ralph Fiennes, Gemma Arterton, Rhys Ifans, Matthew Goode, Tom Hollander, Harris Dickinson, Daniel Brühl, Djimon Hounsou, Charles Dance, Stanley Tucci…
Musique : Dominic Lewis, Matthew Margeson
Durée : 131 minutes
Image : 2.39 16/9
Son : DTS HD Master Audio 7.1 Anglais, Dolby Digital 5.1 français, espagnol…
Sous-titres : Français, anglais, espagnol…
Éditeur : 20th Century Studios
Date de sortie : 06 mai 2022
LE PITCH
Lorsque les pires tyrans et les plus grands génies criminels de l’Histoire se réunissent pour planifier l’élimination de millions d’innocents, un homme se lance dans une course contre la montre pour contrecarrer leurs plans.
Des agents trop spéciaux
Après les modernes et irrévérencieux Kingsman et sa suite Le Cercle d’or, Matthew Vaughn continue d’explorer sa firme anti MI6, mais en revenant cette fois-ci à sa création. Une origin story célébrant la classe intégrale de Ralph Fiennes, mais tentant parfois difficilement de faire cohabiter action délirante et pages sombres de notre histoire.
En attentant un véritable Kingsman 3, toujours adapté du comic de Marl Millar et Dave Gibbons, avec Taron Egerton et, sans doute, Colin Firth, Matthew Vaughn s’est donc mis en tête de plier ses envies de grand film d’aventure à l’ancienne (il n’a cessé de citer L’Homme qui voulut être roi) et le coussin plus confortable d’une franchise assez fructueuse. Produit dans les bureaux d’un studio Fox aux abois et sans cesse repoussé pour cause de rachat de studio puis de Covid galopant, The King’s Man n’a cependant pas connu le même succès que ses prédécesseurs. Pas de belle gueule en tête d’affiche ? Un humour foutraque et en dessous de la ceinture très en retrait ? Il y a certainement un peu de cela, mais le film montre aussi une constante incapacité justement à faire cohabiter ses deux aspirations. Le réalisateur voulait s’inscrire dans un arrière-plan classique, une célébration d’une élégance british à l’ancienne et n’hésite d’ailleurs pas à plonger jusqu’aux coudes dans l’Europe troublé des prémisses de la Première Guerre Mondiale, puis dans le conflit lui-même. Mais une vision de l’histoire à la croisée des récents Sherlock Holmes et de La Ligue des gentlemen extraordinaires d’Alan Moore, prenant des airs d’uchronie souvent grotesque où quelques figures bien connues comme Mata Hari, Raspoutine, et même Lénine et Hitler dans une séquence post-générique crétine, seraient les simples pantins d’un terrible vilain mystérieux (sa révélation est assez pathétique) ourdissant une vengeance diabolique sur sa montagne perchée.
Casatchok !
Beaucoup, beaucoup de personnages, souvent sacrifiés comme simples sidekicks agiles (Gemma Arterton, Djimon Hounsou) ou comme des caricatures collectionnées comme des cartes Panini qui soulignent un scénario totalement éclaté, ambitieux mais bancale et ampoulé. Difficile alors au milieu de tout cela de faire naitre l’émotion voulue. Celle liant le Duc Orlando Oxford (Ralph Fiennes racé et élégant comme jamais) et son fils (Harris Dickinson sans une once de charisme) qu’il tente désespérément de protéger d’un monde belliqueux et au bord de l’effondrement. Matthew Vaughn joue encore avec le sous-texte contemporain et met en garde contre les nouvelles tensions mondiales, prônant quelques valeurs pacifiques assez désuètes au milieu du spectacle offert. Car finalement là où le film réussit parfaitement sa symbiose et permet de raccrocher le spectateur après une première bobine assez longue et laborieuse, trop sérieuse, c’est lorsqu’il plonge enfin dans l’action débridée : un duel homoérotique entre un Ralph Fiennes le pantalon baissé et un Raspoutin se déplaçant tel un danseur du Bolchoï, un assaut final totalement improbable sur la base secrète des vilains mais incroyablement généreux, rocambolesque avec des accents sauvages de swashbuckler à l’ancienne… La caméra de Vaughn retrouve son énergie, son inspiration, ses excès virevoltants et décalés. Jusqu’à offrir sa plus belle et impressionnante séquence au cœur même de la terreur des tranchées, accompagnant un assaut barbare et silencieux, aussi mortel que subtilement chorégraphié, réussissant enfin à croiser la sophistication outrée des Kingsman avec la terrible réalité qu’il voulait décrire.
Image
Capturé sur caméras Ari Alexa 4K mais achevé et produit en 2K (allez comprendre), The King’s Man semble étrangement plus à l’aise sur disque Bluray que sur son homologue UHD ou le moindre petit défauts (essentiellement des fonds verts mal gérés) sautent aux yeux. Ici la définition est certes légèrement moins massive mais reste extrêmement solide et gère parfaitement les couleurs saturées ou les séquences baignant dans les filtres. Un film aux atours très numériques et qui vu l’époque et l’aspect pulp manque tout de même d’un peu de matière et de grain.
Son
Parfaitement à la hauteur les deux pistes DTS HD Master Audio 7.1 font preuve d’une constante et revigorante énergie. Une dynamique fluide et énergique qui bien entendu fait le plus souvent ses preuves lors des larges scènes d’actions, accompagnant les balais et les mouvements les plus improbables avec ferveur. Rien à dire.
Interactivité
Comme il ne sont plus si nombreux à le faire, on ne peut que se réjouir de découvrir ici un authentique et très long et très complet making of du film. D’une durée de long métrage il explore la création du film de A à Z : le retour à la franchise pour Matthew Vaughn, le contexte historique, le nouveau casting, les chorégraphies, les effets spéciaux, le tournage… Le tout avec une participation collégiale et impliqués de toute les membres de l’équipe du film. Forcément il y a là un certain ton promotionnel, mais l’ensemble est parfaitement produit et relativement exhaustif. S’y ajoute aussi un segment uniquement dédié à l’excellente bataille au corps à corps dans les tranchées (de la mise en place à la postprod), ainsi que curieusement un documentaire venant célébrer le courage et l’implication de la Royal British Legion.
Liste des bonus
The King’s Man: The Great Game Begins (89’), No Man’s Land (16’), Remembrance and Finding Purpose (26’), Bande annonce.