THE GENTLE GUNMAN
Royaume-Uni – 1952
Support : Bluray & DVD
Genre : Thriller, Drame
Réalisateur : Basil Dearden
Acteurs : John Mills, Dirk Bogarde, Robert Beatty, Elizabeth Sellars, Barbara Mullen, Eddie Byrne…
Musique : John Greenwood
Image : 1.37 16/9
Son : Anglais DTS HD Master Audio 2.0 mono
Sous-titres : Français
Durée : 86 minutes
Éditeur : StudioCanal
Date de sortie : 28 février 2024
LE PITCH
En 1941, un petit groupe d’hommes de l’I.R.A. dépose des bombes dans les stations du métro de Londres. Leur chef, Terence, a fini par prendre conscience de la stupidité et de l’inutilité de la violence, et il déserte. Son frère Matt vient alors d’Irlande pour prendre sa place. Après l’arrestation de deux des hommes, Matt, croyant que Terence les trahissait, revient en Irlande et fait son rapport au chef de l’I.R.A., Shinto, et à une femme, partisane fanatique. Elle a aimé Terence mais maintenant elle reporte son amour sur son frère. Lorsqu’ils apprennent que deux prisonniers doivent venir à la prison de Belfast, Shinto projette de les faire échapper.
Au nom du frère
Au cinéma, l’IRA aura surtout été le sujet privilégié de thrillers et de drames anglais ou américains au cours des années 80/90 alors que les violences approchaient autant d’un paroxysme que d’une paix enfin visible à l’horizon. Pourtant les altercations avec les autorité anglaises et les menaces terroristes avaient été amorcée dès le début du XXeme siècle. On n’imagine pas, surtout en France, que les indépendantistes déposaient des bombes dans les rues de Londres en plein Blitz. Et pourtant. Un sujet assez explosif et quasiment inédit, en particulier en 1952, auquel se confronte très directement cet étonnant The Gentle Gunman produit de manière tout aussi étonnante par les studios Ealing, essentiellement spécialisé dans la comédie populaire.
Pourtant cette adaptation par l’auteur d’une pièce de Roger MacDougall (L’Homme au complet blanc) ne joue pas la carte des allusions et s’ouvre d’ailleurs sur une discussion animée, certes avec beaucoup de jovialité, entre deux camarades jouant aux échecs, l’un anglais, l’autre irlandais, se renvoyant la balle sur la cause des tensions entre les deux communautés. Si le studio se défendit de faire un film politique, il se montre surtout pertinent dans sa manière de constamment renvoyer dos à dos les deux « camps », soulignant la suffisance et les contours « conquérants » des figures anglaises, et la fascination pour une certaine violence de la part des « résistants » irlandais, en particulier un chef de cellule, Shinto (Robert Beatty) jusqu’au-boutiste et n’hésitant jamais à sacrifier… les autres. On peut dénoter de-ci de-là quelques portraits jamais très loin du stéréotype, entre la jeune recrue trop naïve et surtout les deux femmes du film réduites à une mère qui en a trop vue et une amante attirée uniquement par la virilité que confère le sacrifice à la cause, mais même là le tableau capture une certaine réalité.
La noblesse des tueurs
On peut être un peu moins convaincu par le cœur dramatique du film, pourtant porté par les deux très solides John Mills (Les Grandes espérances) et Dirk Bogarde (Mort à Venise, The Servant, Un Pont trop loin), reposant sur l’opposition et les rapprochements entre deux frères, le plus grand ayant tourné le dos à la lutte armée et le second se montrant de plus en plus hésitant face aux répercussions de ses actes. Les motivations de l’un et les tourments de l’autre manquent effectivement d’un peu de matière pour rendre les accents mélodramatiques du film plus solides. Le film reste cependant captivant, admirablement cadré, finement monté et subtilement éclairé (façon film noir), preuve aussi du savoir-faire indéniable de l’artisan John Mills. Un habitué des petites séries B anglaises (comme c’est un peu le cas ici), des commandes allant de la comédie typiquement british au petit polar local, mais aussi capable de sacrés coups d’éclat comme le film épique et admirable Karthoum (certainement son plus gros budget), ou de plus petites productions populaires où pointent d’importants sujets de société comme le racisme et la xénophobie (Frieda et Opération Scotland Yard), la pauvreté et la violence de certains quartiers (Violent Playground), la défiance médicale (Accusé, Levez-vous) et l’homosexualité (La Victime).
Comme toujours, le cinéaste ne se borne pas ici à illustrer sagement le sujet de son film, mais en use comme toile de fond d’un véritable thriller, entre chasse à l’homme et tentative de libération de prisonniers en pleine rue qui tourne au gunfight meurtrier, le tout annoncé par une première bobine impeccable suivant avec une précision tendue un attentat perpétré dans le métro londonien par Dirk Bogarde. Avec finesse et économie, on n’est pas loin là des maitres Hitchcock ou Welles.
Image
Comme toujours avec StudioCanal pas d’infos précises sur les origines de cette nouvelle copie HD, cependant le retour à la source (2K ou 4K ?) est évident tant le rendu est éclatant. En dehors de quelques rares traces de légères griffures et un plan légèrement tremblotant, le master est d’une qualité incroyable, extrêmement propre, stable, pointu et surtout particulièrement généreux dans les reliefs révélés et la restitution d’un grain naturel et organique. Le noir et blanc, délicieusement argentique, parachève le tout.
Son
Seule la piste originale anglaise est disposée ici. Un mono de film à petit budget mais dans un mono très agréable, franc et direct soutenue par un DTS HD Master Audio 2.0 assez solide.
Interactivité
Proposé en Angleterre dans la gamme, très solide, Vintage Classic, mais intégré en France dans la collection Make My Day, The Gentle Gunman reprend les deux suppléments produits par nos voisins britishs. Une petite galerie de photo d’archives prises dans les coulisses du tournage, et surtout une conversation, en visio pauvre, entre les critiques Matthew Sweet et Phuong Le. Les charmes de Dirk Bogarde, l’accent maladroit des deux acteurs principaux, le regard inédit porté sur l’IRA, les inspirations du film noir, la force du personnage féminin… Pas inintéressant mais notre directeur de collection Jean-Baptiste Thoret cible plus ou moins les mêmes sujets avec plus de concision dans son indispensable introduction.
Liste des bonus
Préface de Jean-Baptiste Thoret (7’), A closer look at The Gentle Gundman (33’), Behind the scenes – Galerie photos (1’).