THE GATE

Canada – 1987
Support : Bluray
Genre : Horreur
Réalisateur : Tibor Takacs
Acteurs : Stephen Dorff, Christa Denton, Louis Tripp, Kelly Rowan, Jennifer Irwin, Deborah Grover…
Musique : Michael Hoenig, J. Peter Robinson
Durée : 85 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Editeur : Le Chat qui fume
Date de sortie : 24 novembre 2020
LE PITCH
Profitant de l’absence de leurs parents lors d’un week-end, Alexandra organise une fête avec ses amis dans la maison familiale, tandis que son jeune frère Glen découvre avec son copain Terry un trou profond dans le jardin. Ils réalisent que celui-ci est un passage menant dans une autre dimension peuplée d’entités maléfiques. Les deux garçons vont alors tout mettre en œuvre afin de repousser les forces démoniaques avant que celles-ci ne transforment leur vie en véritable cauchemar.
Le passage
Quelles étaient belles ces années 80 pour les gamins qui aimaient frissonner ! Décennie bénie par les célèbres productions Amblin qui donnèrent quelques idées à des productions plus modestes comme The Gate, alias La Fissure, célèbre tentative qui connut ses plus belles heures dans les vidéoclubs de quartier.
Financé dans les frontières canadiennes, mais avec des deniers américains, à une époque où c’était économiquement plus qu’intéressant, The Gate ne cache certainement pas sa volonté de s’engouffrer dans la voie laissée par E.T., Les Goonies, Gremlins, Explorers ou Monster Squad en développant un authentique film d’horreur, aux relents démoniaques, mais pour les gosses. Une louable intention, facilitée par une première version du scénario de Michael Nankin (aujourd’hui scénariste, réalisateur et producteur sur un nombre impressionnant de grosses séries américaines) qui se montrait à priori beaucoup plus sombre, violent et désespéré et surtout à l’attention des adolescents et adultes. Une légère édulcoration mais qui laisse tout de même quelques traces de souffres et d’horreur graphique derrière elle lorsqu’une une apparition paternelle se fait arracher le visage dans un flot de fluides verdâtres, ou qu’un mort-vivant tout à fait convaincant s’attaquent aux jeunes héros. Un petit quelque chose du génial Poltergeist qui fait forcément beaucoup dans le charme que peut dégager The Gate, franchement touchant dans ce croisement assumé de thèmes de cinéma d’exploitation horrifique avec la chronique purement pré-adolescente. Avant de faire apparaitre une porte vers les enfers (ouvertes par inadvertance cela va de soi), The Gate raconte surtout le weekend de Glen (Stephen Dorff, âgé de 12 ans et le visage encore poupon), sa sœur Al et le copain Terry dont le weekend « soirée pyjama » va tourner au cauchemar.
La porte ouverte à toutes les fenêtres
Incompréhension entre frère et sœur, difficile passage à l’adolescence pour elle, légendes urbaines contées sous la couette pour les deux autres : les gamins sont effectivement charmants, convaincants et donnent du corps a une trame un peu fluctuante, parfois maladroite et surtout bourrée d’invraisemblances et de petits raccourcis faciles (oh tiens le vinyle d’un groupe rock sataniste que j’avais justement dans ma collection personnelle…). Pas aussi calibré que ses modèles, plus proche finalement des délicieusement bordéliques House et House II, The Gate n’est encore une fois pas vraiment une démonstration de force du réalisateur Tibor Takacs qui enchainera avec l’oubliable Lectures diaboliques suivis d’une pelleté de téléfilms indigents. Très discret, il reste au service du film, proposant une mise en scène certainement pas assez soutenue et inventive mais qui a au moins le mérite de mettre constamment en valeur le travail plutôt solide des équipes SFX dirigées par un Randall William Cook ayant déjà œuvré sur The Thing, SOS Fantômes, Vampire, vous avez dit vampire ? ou Poltergeist II. Avec les moyens du bord et beaucoup d’astuces, ils délivrent quelques visions bien marquantes (l’œil qui apparait au centre de la main du héros) en usant des techniques éprouvées comme la stop-motion (le monstre final) ou en sublimant un effet de perspective forcée pour une transformation inédite. Ici celle d’un zombie qui en s’écroulant au sol se démultiplie en une dizaine de petits diablotins de latex, le tout sans images de synthèses et uniquement grâce à un cut de montage et un trompe-l’œil des plus habiles. Une petite prouesse qui a d’ailleurs assurée la pérennité de The Gate dans la mémoire des fantasticophiles, et qui souligne un cinéma d’artisan naturellement attachant.
Image
Après quelques apparitions en DVD et même un Bluray pirate refourgué dans les bacs promo il y a quelques années, The Gate se dote enfin d’une copie HD à la hauteur. Quelques points blancs restent encore accrochés à la surface mais les cadres sont on ne peut plus propres et stabilisés tandis que les couleurs retrouvent toute leur force et leurs contrastes. Vraiment pas mal pour un petit film indépendant canadien gorgé d’effets spéciaux et de plans composites. Ces derniers malmènent forcément la définition de la copie tout comme les séquences en ambiances sombres où la profondeur peut s’écraser un peu et le grain se faire plus présent. Pas parfait, mais on ne peut plus satisfaisant.
Son
Si on devra mettre de côté un doublage français québécois, franchement catastrophique (dommage pour le jeune public), le DTS HD Master Audio 2.0 mono de la version originale est une sacrée réussite avec une restauration impeccable et une dynamique aussi surprenante que diablement efficace. Écho musclé du Dolby Stéréo d’origine, la piste vient constamment accentuer la menace qui pèse sur les gamins et gonfler la charge fantastique du film. Une réussite.
Interactivité
Même si notre éditeur français n’a pas choisi de reprendre les trois commentaires audios de l’homologue américain, il fournit mine de rien pas loin de trois heures de suppléments vidéo. Largement de quoi satisfaire les fans, surtout qu’entre le making of promo d’époque et quelques items hérités d’éditions d’origines diverses, les différentes rencontres avec le réalisateur Tibor Takacs, le scénariste Michael Nankin et les différentes spécialistes des effets spéciaux, les propos ont parfois tendance à se répéter un peu. Rien de plus naturel et de toute façon les diverses interviews sont toujours intéressantes tant il parait évident que tous les intervenants gardent une chaleur très particulière pour le projet. Même le scénariste Michael Nankin qui a vu le film lui échapper et s’adoucir pour un public familial soutient l’orientation du réalisateur. On y parle énormément des nombreuses trouvailles et astuces des effets spéciaux, du bonheur de Randall William Cook de pouvoir se la jouer Ray Harryhausen, et même de ce fameux « gardien » interprété par Carl Kraines, homme à tout faire de la production. Complet pour le moins, surtout que l’intégralité de la bande originale est proposée en piste séparée.
Liste des bonus
Bande originale en piste séparée, De l’enfer : créatures et démons de The Gate, avec Randall William Cook et Craig Reardon (effets spéciaux) (15’), Venu de l’enfer, avec Andras Hamori (producteur) (13’), Les gardiens de la porte, avec Michael Nankin (scénariste) et Tibor Takács (réalisateur) (16’), Créer les Minions, avec Craig Reardon (effets spéciaux) (22’), L’Ouvrier parle, avec Carl Kraines (12’), Le passage ouvert, avec Randall William Cook (effets spéciaux) et Tibor Takács (réalisateur) (28 min), Made in Canada (28 min 30), Making-of de The Gate (23’), Film annonce.