Si dès le premier épisode de The Big Bang Theory, l’actrice Kaley Cuoco a marqué les esprits grâce à son interprétation de la délurée et ironique Penny, longtemps seule adulte dans un monde d’adulescents attardés, le principe même de la sitcom et la longévité du programme a eu forcément tôt fait de l’enfermer dans son rôle. Loin d’être bête, l’actrice a forcément reconnu certains traits de Penny dans la Cassandra du roman de Chris Bohjalian, The Flight Attendant, sur lequel elle pose une option dès sa découverte. Les deux jeunes femmes affichent ainsi une même liberté, frivole certainement, ainsi que sous les sourires lumineux et les grands élans de séductions, une petite tendance à l’autodestruction. Ici d’ailleurs ce n’est plus vraiment une petite tendance puisque les épisodes vont montrer peu à peu, en entrant dans l’imaginaire troublé de la demoiselle par une mise en image pertinente de sa psyché bousculée, un personnage hanté par de vieux démons, un deuil familial jamais réglé, tous noyés sous un alcoolisme de moins en moins festif. Et l’actrice de manier habilement aussi bien le second degré, les dialogues énergiques, qu’une émotion et des fêlures constamment présentes. Une belle performance qui embarque totalement le programme reposant justement énormément sur son énergie et sa faculté à faire passer les ficelles les plus improbables de ce thriller hitchcockien moderne.

Voyage en première classe

Première suspecte (forcément) après s’être réveillée auprès du corps égorgé de son beau prince d’une nuit, l’hôtesse de l’air se mue avec difficulté, mais beaucoup de bonne volonté, en apprentie détective entrainant tout son entourage dans une vie plus chaotique et dangereuse que jamais. Une visite impromptue dans un enterrement sous haute tension, une tueuse implacable qui profite du mordant de l’actrice Michelle Gomez (Missy dans Doctor Who), des beuveries qui succèdent à quelques crises de délirium tremens (et inversement), des collègues médusés et qui pour certain cachent autant de secrets que la jolie blonde, The Flight Intendant manie aussi bien le suspens télévisuel que l’humour noir décalé à coups de quiproquos et de complots obscurs. D’hôtel thaïlandais aux USA en passant par les paysages romains, la série se la jouerait même parfois James Bond amateur, où les échecs constants de l’une répondent aux réussites surhumaines de l’autre, mais ne perd jamais de vue que l’addiction de Cassandra et sa faculté à s’extraire du piège dans lequel elle s’est elle-même plongée, est le véritable ressort dramatique du scénario. De quoi faire passer outre une nette propension, mais volontaire, à l’improbable et aux twists à foison, et cette surutilisation du splitscreen parfois pertinent mais tout aussi souvent clinquant et gratuit. Doté d’une fin des plus convaincantes, achevant la trame policière et ouvrant à la rédemption de l’héroïne, The Flight Attendant grâce à son succès critique et public sur HBO vient de débuter une seconde saison aux USA. On est dubitatif, mais curieux.