THE FISHER KING
Etats-Unis – 1991
Support : Bluray & DVD
Genre : Comédie
Réalisateur : Terry Gilliam
Acteurs : Jeff Bridges, Robin Williams, Amanda Plummer, Mercedes Ruehl, Michael Jeter, Tom Waits…
Musique : George Fenton
Durée : 127 minutes
Image : 1.77 16/9
Son : Anglais DTS HD Master Audio 5.1 et 2.0, Français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Editeur. : Wild Side Video
Date de sortie : 20 octobre 2021
LE PITCH
Jack Lucas anime à New York une émission de radio agressive, suivie par un grand nombre d’auditeurs, parmi lesquels un certain nombre de détraqués. L’un d’eux, Edwin Malnick, prenant au mot une diatribe de Jack contre les « yuppies », s’arme d’une carabine et abat plusieurs clients d’un bar chic, dont l’épouse d’un jeune professeur, Henry Sagan. Bourré de remords, Jack abandonne son émission et sombre dans l’alcoolisme…
Le cavalier et le fou
Sorti épuisé du tournage et meurtri par la réception des Aventures du Baron de Münchhausen (expérience qu’il considère cauchemardesque), Terry Gilliam s’intéresse pour la première fois à un scénario qu’il n’a pas écrit : The Fisher King de Richard LaGravenese (futur scénariste de Sur La route de Madison et L’Homme qui murmurait à l’oreille des chevaux). Une fable moderne où il retrouve ses thématiques habituelles et un terrain de jeu idéal pour ses élucubration poétiques.
Ce scénario, il ne le retouchera d’ailleurs même pas, et n’aura pas à le faire, profitant des protections de confiance des acteurs Jeff Bridges et Robin Williams, face à une quelconque ingérence des producteurs. Son premier film américain, sa première commande pour un studio, un film où le fantastique se fait discret, et pourtant Terry Gilliam n’aura que trop rarement été aussi libre qu’ici. Une légèreté retrouvée qui irradie tout le film, récit enchanté d’une amitié improbable entre un ancien animateur radio nombriliste et un marginal vivant dans la rue persuadé d’être un héros sur la trace du Graal. C’est bien entendu ce dernier qui gagne le jeu de la perception, et le cynisme du premier se voit rapidement contaminé par les rêveries du second. La froide Manhattan se transforme alors, juste par des choix d’objectifs, d’angles et de perspectives, en royaume arthurien, et le monde des laissés pour compte en véritable cours des miracles. Le film n’est cependant jamais naïf, et insiste même avec une certaine crudité sur le drame qui relie malgré eux les deux personnages, mais le parti pris du film est justement de réenchanter le réel, de métamorphoser la double rédemption en un mélange détonnant de sauvetage chevaleresque et d’introspection poignante.
Foule sentimentale
Gilliam ne dénigre pas son intégration dans le mythe hollywoodien et fait cohabiter brillamment son esthétique baroque avec les contours de la comédie sentimentale, voire de la comédie musicale lorsqu’une gare en pleine heure de pointe devient une gigantesque salle de bal pour un délicieux chassé-croisé amoureux. En épurant naturellement son dispositif, en retirant les apparats des effets spéciaux, des compositions théâtrales et des gigantesques envolées comme des bouffées délirantes, Fisher King laisse finalement éclore ce qui couvait depuis toujours dans le cinéma de Terry Gilliam : une humanité presque candide. Une beauté des sentiments développée par deux couples à reconstruire, à libérer. En l’occurrence, quatre âmes esseulées dans ce New York contemporain qui offrent à un quatuor d’acteurs des personnages incroyablement touchants et profonds. Jeff Bridges porte le film sur ses épaules, incarnant comme personne le mec profondément paumé aux accents antipathiques, Robin Williams explose littéralement l’écran de son mélange de folie lumineuse et de douleur déchirante, mais il ne faudrait pas oublier leurs partenaires féminines. Soit Amanda Plummer délicieuse en hérisson maladroit, et surtout Mercedes Ruehl époustouflante en amoureuse éperdue de l’égoïste Jack Lucas, mélange explosif de séduction, de fragilité et de fermeté. C’est bien elle finalement qui véhicule le plus solidement cette idée de recherche du bonheur, qui ne peut qu’en passer par une honnêteté totale. Envers les autres et envers soi. L’imagination n’est jamais un artifice chez Terry Gilliam, c’est toujours un révélateur.
Image
Wild Side Video semble avoir récupéré ici la restauration de 2015 par Criterion et qui reste à l’heure actuelle la meilleure copie en circulation. Un nouveau master produit en effectuant un scan 2K d’un interpositif 35mm. Pas de passage par le négatif et cela se ressent lors des séquences sombres ou les noirs sont bien souvent malmenés par un grain marqué qui entraîne l’apparition de léger artefact. Un petit défaut qui ne fait pas d’ombre aux nombreuses qualités de la copie, parfaitement propre, toujours habitée par le grain d’origine, imposant une définition de très haute tenue et une profondeur jusque-là inédite pour le film.
Son
Bonne idée de la part de l’éditeur français de proposer les deux pistes sonores anglaises. Le mix d’origine disposé dans un DTS HD Master Audio 2.0 propre, stable et clair, et un 5.1 plus ample, doté de quelques respirations bienvenues et d’une dynamique modeste mais bien placée. Le doublage français, solide mais moins percutant, reste en stéréo, mais avec un petit rafraîchissement de circonstance.
Interactivité
Proposé dans la collection Mediabook de l’éditeur, Fisher King se présente avec un design plutôt original, mettant en avant le fameux « chevalier rouge ». L’objet contient, piqué en son centre, un livret de 50 pages sur les coulisses du film, le DVD et bien entendu le Bluray. Au programme quelques suppléments intéressants comme cette interview de 2006 avec Robin Williams. Ce dernier évoque, avec un calme qui tranche avec son personnage, la découverte du scénario, la collaboration avec ses collègues acteurs et surtout son amitié et sa confiance en Terry Gilliam.
Celui-ci est bel et bien présent et répond, par écran interposé, aux questions de son copain Albert Dupontel. Une interview inédite où le réalisateur, presque toujours hilare, revient sur son approche plus « réaliste », son casting idéal et plus généralement sur ce qu’il considère comme l’expérience la plus facile de sa carrière. Le programme est complété par quelques images d’archives (répétitions, costumes…).
Gros regret cependant de ne pas retrouver ici le long making of en deux parties disponibles aux USA, le commentaire audio du réalisateur et surtout les scènes coupées récupérées sur un workprint.
Liste des bonus
Le livret « Knight and the City » écrit spécialement par Frédéric Albert Levy et illustré de photos d’archives (50 pages), « Conte de fées à Manhattan » : Terry Gilliam raconte à Albert Dupontel la genèse du tournage (inédit, 35’), « Le clochard céleste » : entretien avec Robin Williams (14’), Essais : costumes (4’), expressions du visage (2’), Chevalier Rouge (2’), Les répétitions (1’32”).