THE CREATOR
Etats-Unis – 2023
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Science-Fiction
Réalisateur : Gareth Edwards
Acteurs : John David Washington, Gemma Chan, Ken Watanabe, Sturgill Simpson, Madeleine Yuna Voyles, Allison Janney…
Musique : Hans Zimmer
Image : 2.76 16/9
Son : Dolby Atmos Anglais, Dolby Audio + 7.1 français, allemand, espagnol et italien
Sous-titres : Français, espagnol, italien, allemand…
Durée : 133 minutes
Editeur : 20th Century Studios
Date de sortie : 07 février 2024
LE PITCH
Dans un futur proche, humains et intelligence artificielle (IA) se livrent une guerre sans merci. Soldat américain infiltré en Asie, Joshua est séparé de sa femme Maya au cours d’un assaut. Supposant que celle-ci est décédée, il rentre aux États-Unis, complètement dévasté. Cinq ans plus tard, l’armée lui demande de revenir sur le terrain, craignant qu’une puissante intelligence artificielle n’ait créé une arme qui permette à l’Orient de gagner la guerre qu’elle livre à l’Occident. Sentant son utilisation proche, elle souhaite qu’il la trouve et la détruise.
Machine qui rêve
Enfin remis de la post production difficile du pourtant très réussi Rogue One (le meilleur Star Wars depuis… fiuuuu), Gareth Edwards revient à ses premiers amours de Monsters avec un film de science-fiction où l’inspiration compense une production à nouveau un poil plus étriquée que la moyenne. Très inspiré, The Creator impose un univers visuel impressionnant et original, mais où l’émotion à bien du mal à se faire de l’espace.
Ayant rapidement enchainé le très bon Godzilla de 2014 et le fameux Rogue One, soit deux imposants blockbusters aux franchises antédiluviennes et écrasantes, Gareth Edwards aurait presque fait oublié qu’il s’était au départ fait connaitre pour le bien plus modeste Monsters, réinvention maline des films de kaiju qui mariait de nombreuses inspirations et une sacrée débrouillardise pour créer son propre univers. Il y a clairement de cela dans The Creator, certes toujours produit par une major mais qui n’est ni une suite, ni un remake, ni même une adaptation d’un roman ou d’un comics. Surtout, le cinéaste y exploite à nouveau un large réseau de références et d’influences qu’il croise, digère, réassemble et réinvente pour aboutir à sa propre vision du futur. Impossible de passer à côté d’emprunts particulièrement voyants allant de Star Wars à Blade Runner en passant par Dune, mais aussi Akira et plus étonnement Apocalypse Now. C’est que ce futurisme épuré à la lisière de l’anticipation, rejette assez globalement les grandes mégalopoles écrasantes habituelles, au profit d’enjeux qui se démêleraient dans des paysages asiatiques grandioses, profitant d’une nature luxuriante, de rizières et de montagnes qui renvoient inévitablement aux films sur la guerre du Vietnam.
Cœur artificiel
Ils permettent aussi de donner une plus forte tangibilité aux fameuses AI, aux airs tour à tour de sentinelles lorsqu’elles font partie des forces de l’ordre, mais au troublants traits humains lorsqu’elles arborent des visages clonés fait de chairs et de sang. Comme beaucoup, The Creator repose ainsi sur cette opposition entre une humanité qui rejetterais violemment l’avènement des machines, et ces dernières qui malgré leurs parties mécaniques seraient devenuent conscientes de leurs émotions, porteuses de valeurs universelles et pacifiques. Au-delà d’un grand spectacle bénéficiant d’une mise en scène intense, de designs élégants et d’effets spéciaux particulièrement convaincants, The Creator quête alors une émotion qui permettrait justement de rendre poreuse la frontière entre le héros humain (John David Washington aussi transparent que dans Tennet), militaire engagé pour éliminer une arme inconnue, et Alphie première enfant AI aux pouvoirs considérables. Le soldats blasé et désespéré qui retrouve son humanité et sa lucidité au contact d’une enfant hors-normes : là aussi le film recycle ses classiques, mais se montre beaucoup moins enclin à y trouver le bon équilibre.
La faute à un scénario, co-écrit avec Chris Weitz (Pour un garçon, A la croisée des mondes, Rogue One…), qui en plus de se complaire dans de nombreuses facilités et de disposer comme des pions une galerie de personnages relativement stéréotypés (Allison Janney aurait pu faire tellement mieux avec sa figure de vétéran jusqu’au-boutiste), veut aller trop vite dans l’installation du duo moteur. La défiance de l’un envers l’autre, le lent adoucissement et la tendresse qui pourrait naitre, déboulent trop rapidement, artificiellement et empêchent alors forcément au dernier acte, entre destructions de la station / arme de destruction massive des humains et révélations totales des sentiments, d’atteindre la portée visée. Gareth Edwards nous rejoue même le final déchirant de son Star Wars, mais sans que l’implication du spectateur n’ait eu la possibilité de naitre. Avec The Creator, on en prend plein la vue, mais le cœur ne s’emballe jamais vraiment.
Image
The Creator n’affiche pas forcément une restitution 4K des plus classiques. En premier lieu parce que le film ne cherche jamais la limpidité et la clarté totale. Tourné avec un assemblage de caméras numériques puissantes, mais aussi pour de nombreux plans d’ensemble avec des drones, il quête un mélange de naturalisme et de sensations prises sur le vif qui donne parfois des plans véritablement très sombre et des matières presque abimées. Une optique certainement accentuée par l’ajout en post-production, et avec beaucoup de réussite, d’un grain se rapprochant au plus près des sensations pellicule. De quoi faire batailler le bluray, pas toujours très à l’aise avec le dispositif, et faire briller l’UHD maitrisant le moindre détail, soulignant les profondeurs et surtout s’appuyant sur le HDR pour déployer des teintes plus incarnées et variées.
Son
L’univers de The Creator s’impose aussi clairement par le mixage son, mélangeant enveloppement naturels, dynamiques urbaines mais aussi des sensations plus dissonantes et des bruitages profonds et omniprésents. Un travail parfaitement restitué par la piste Dolby Atmos de la version originale, fourmillant de détails, toujours ample et profonde, avec une efficacité spectaculaire constante qui s’étale finement sur l’ensemble de l’installation. Un peu moins enveloppante, mais honorable et agréable, la version française est forcément un poil plus juste avec sa piste Dolby Digital + 7.1.
Interactivité
L’édition de The Creator ne contient qu’un seul supplément. Un long making of de près d’une heure mais qui s’écarte des sentiers battus en évitant volontairement le défilé habituel d’interviews sages et promo alternées d’extraits bien musclés, puis suivre le voyage à travers le monde de Gareth Edwards et sa (relativement) petit équipe de tournage, capturant de nombreuses images naturelles avec des drones derniers cris, semblant parfois improviser des séquences en fonctions des lieux découverts, et gardant toujours une certaine modestie, une proximité avec les acteurs et le réel. Le réalisateur insiste à nouveau sur sa volonté de ne pas utiliser d’écran verts ou de motion capture autant pour réduire le coup de production que pour préserver le réalisme de l’entreprise. On y croise donc de nombreuses images du tournage, mais aussi quelques interventions des acteurs et quelques réflexions plus techniques sur les effets spéciaux et l’étalonnage dans la dernière partie.
Liste des bonus
« True Love: Making The Creator » : Making of (56’).