THE CHANGELING
Canada – 1980
Support : Bluray & DVD
Genre : Horreur
Réalisateur : Peter Medak
Acteurs : George C. Scott, Trish Van Devere, Melvyn Douglas, Jean Marsh, John Colicos, Barry Morse…
Musique : Rick Wilkins
Durée : 107 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais DTS HD Master Audio 2.0 mono
Sous-titres : Français
Éditeur : StudioCanal
Date de sortie : 01 décembre 2021
LE PITCH
Un compositeur dont la femme et la petite fille viennent de mourir dans un accident s’installe dans une maison isolée ou quelqu’un ou quelque chose cherche a entrer en contact avec lui.
Hantise
Renommé bêtement L’Enfant du diable en France alors qu’il n’est jamais question de satanisme là-dedans, The Changeling n’a pas forcément connu une première sortie des plus retentissantes. Pourtant depuis de nombreux spécialistes et des cinéastes comme Scorsese ou Spielberg ne cessent de le citer parmi les plus grandes réussites du genre… et il doit bien y avoir une raison à cela.
Sorti sur les écrans en 1980, The Changeling reste cependant un film qui appartient encore fermement à la décennie précédente. Celle charpentée par un cinéma d’horreur mainstream adulte où trônent des œuvres comme Rosemary’s Baby (le point de départ), L’Exorciste ou La Malédiction, où l’on ne cesse de revisiter le gothisme d’autrefois, les anciennes notions manichéennes, dans un contexte profondément contemporain. Projeté à quelques mois d’écarts avec The Shining, le film est certainement plus dans l’esprit de ses deux producteurs Mario Kassar et Andrew G. Vajna (qui casseront la baraque avec les Rambo) un bon moyen de surfer sur le succès incroyable d’Amityville. Ici aussi il est question d’une histoire « vraie » et d’une demeure hantée par une ancienne tragédie familiale. Mais The Changeling prend la formule à rebrousse-poil et refuse catégoriquement de se vautrer dans les effets chocs, les jump-scare et autres grandes sensations de fête foraine. La maison est bel et bien habitée par un fantôme frappeur, mais ces interventions sont traitées avec un naturel étonnant, une économie déstabilisante, presque une certaine sécheresse. Des cognements sourds qui montent crescendo, la mélodie d’une vielle boite à musique, une vox qui s’incruste dans un enregistrement : le fantastique est presque plus sonore que physique.
Le Puit et le pendule
Rien d’illogique puisque le personnage principal, admirablement incarné par un George C. Scott (Patton, Hardcore, L’Exorciste III) tout en intériorité, est lui-même musicien. La force de The Changeling est ainsi de constamment ramener l’univers du film à l’intériorité de ce dernier, et en particulier du deuil impossible de la mort de sa femme et de sa fille (ouverture magistrale d’économie). Hanté, John Russel l’est déjà, et sa blessure, sa mélancolie, s’incarnent dans son acceptation totale du surnaturel et dans une atmosphère morbide proche de l’œuvre d’Edgar Alan Poe. Réalisateur à la carrière des plus fluctuantes, essentiellement perdue dans des retours récurrents à la télévision (de Dangereusement vôtre à Hannibal), Peter Medak signe là son meilleur opus avec le poisseux Romeo is Bleeding, en misant sur un classicisme maitrisé, une épure bien sentie et des effets, parfois admirable, qui sont uniquement au service d’une émotion oppressante. Comme cette balle, jouet ayant apparemment appartenu à la fille de Russel dont l’angoissante et lente descente des escaliers vient faire écho à un flashback déchirant. Même le scénario de William Grey (Prom Night, Philadelphia Experiment, Sans issue) surprend en s’écartant de la simple maison fantôme, faisant dériver le film vers une enquête introspective assez efficace dont certains contours ne sont pas sans rappeler le bien lointain Ring de Hideo Nakata, autre film où la mort semble omniprésente, hantant le spectateur longtemps après le générique de fin.
Image
Attendu de longue date, le Bluray de The Changeling contient heureusement la récente restauration 4K de Severin. Un master produit à partir d’un interpositif, et non un négatif, ce qui occasionne assez naturellement un grain plus prononcé qu’à l’accoutumé. Le film de toute façon cultivait déjà au départ un aspect rugueux et terne, parfaitement respecté ici mais le rendu peut-être un poil fluctuant d’une scène à l’autre. Les noirs par exemple ont vite tendance à se faire envahir par une grisaille neigeuse. La définition cependant est optimale avec un piqué extrêmement précis et une profondeur bien marquée.
Son
A l’image du film, la piste DTS HD Master Audio anglaise reprend un mono très sobre. Les effets sonores, importants, sont bien posés à l’avant, avec un équilibre maintenu avec les dialogues ou la musique. Efficace même si quelques défauts (légères saturations, craquements) persistent parfois. Aucune trace de la version française.
Interactivité
Proposé dans la collection Make My Day ! de Mr Thoret, The Changeling se dote une nouvelle fois d’un digipack cartonné au look curieusement coloré, mais plutôt réussi ici, et d’une présentation en bonne et due forme par le directeur de collection. Il est rejoint pour l’occasion par le rédacteur en chef de Mad Movies, qui à son tour vient rappeler les grandes qualités du film, sa teneur adulte là où la décennie suivante sera plus portée sur la teen-horror et éclairer la carrière assez méconnue de Peter Medak.
Liste des bonus
Préface de Jean-Baptiste Thoret (6′), The Changeling revu par Fausto Fasulo (33′).