THE BOYS NEXT DOOR
Etats-Unis – 1985
Support : Bluray
Genre : Thriller
Réalisateur : Penelope Spheeris
Acteurs : Maxwell Caulfield, Charlie Sheen, Patti D’Abanville, Christopher McDonald, Hank Garrett…
Musique : George S. Clinton
Durée : 91 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais et Français DTS HD Master Audio 2.0 mono
Sous-titres : Français
Editeur : Carlotta Films
Date de sortie : 19 mai 2021
LE PITCH
Roy Alston et Bo Richards sont deux adolescents marginaux qui s’ennuient ferme au lycée. Fraîchement diplômés, ils n’ont d’autre perspective qu’une vie de dur labeur à l’usine locale. Pour leur dernier week-end de liberté, ils décident de partir en virée à Los Angeles. Les années de rage et de frustration contenues vont déclencher en eux une véritable folie meurtrière…
Génération perdue
Distribué en France sous le titre De Sang-froid, emprunt volontaire au classique de Truman Capote, The Boys Next Door était une tentative de capturer le basculement de deux jeunes hommes dans la folie meurtrière. Un thriller sociétal au sein d’une New World Picture plus portée sur l’exploitation qui lui donne cette petite saveur si 80’s, si « VHS ».
Figure très libre du cinéma américain, la réalisatrice Penelope Spheeris (cousine de Costa-Gavras) a connu son plus gros succès avec la comédie Wayne’s World, retrouvailles avec ses débuts comme auteur pour le show Saturday Night Live, qui lui permettra d’enchaîner avec d’autres friandises légères comme Les Allumés de Beverly Hills ou Les Chenapans. Mais elle fut surtout longtemps connue dans le milieu underground pour sa trilogie documentaire The Decline of Western Civilization dédiée aux milieux punk et métal et une production Corman détonante, Suburbia (Les Loubards en France… sic), chronique banlieusarde en mode « cinéma vérité ». Quelque part entre les deux, on trouve alors ce The Boys Next Door, prolongement direct de cette première fiction et rapprochement discret vers un cinéma plus standard, plus commercial. En l’occurrence en donnant son métrage les contours premiers d’une simple chronique adolescente, d’une virée de deux potes à Los Angeles voulant célébrer la fin de leur années lycée. Un pitch de Teen Comedy, sauf que Roy et Bo n’ont rien des petites gueules bourgeoises ou de la middle-class habituelle, mais s’extirpent plus que difficilement de milieux défavorisés, de cadres familiaux délétères, d’une éducation mêlant racisme primaires, haine des homosexuels et misogynie galopantes parmi d’autres préjugés white trash.
En déroute
La part d’ombre d’une jeunesse dorée des 80’s à coté de laquelle les deux paumés se sentent ostracisés, incompris. Charlie Sheen débutant après une première vraie apparition dans L’aube rouge de John Millius, et Maxwell Caufield blacklisté après l’échec cuisant de Grease 2, font ressortir leurs propres démons pour donner un relief humain, parfois même touchant, à ces deux gamins qui par colère et frustration vont finalement enchaîner les crimes stupides, les actes haineux, pour se perdre dans des meurtres totalement gratuits. Rédigé par l’excellent duo Glen Morgan & James Wong qui allait donner naissance quelques années plus tard aux meilleurs épisodes des X-Files et de Millennium, ce premier script portant leur nom joue efficacement de ce glissement de fantasmes évoqués (violer une fille, tuer pour tuer…), à des passages à l’acte dévastateurs provoquant la stupeur chez l’un ou révélant le monstre grondant chez l’autre. Reprenant son dispositif frontal, proche du documentaire et du filmage à vif, Penelope Spheeris livre un film dont la sécheresse esthétique ne semble cependant pas toujours idéale pour accompagner au mieux cette balade sauvage contemporaine, constamment écrasée sous une bande son pseudo-rock assez agaçante, ralentie par une enquête policière parallèle peu passionnante.
Déséquilibré, mais néanmoins intriguant, souvent pertinent, The Boys Next Door annonce même par petites notes le malaise traumatique que sera Henry Portrait of a Serial Killer l’année suivante.
Image
Inespéré, The Boys Next Door a eu les honneurs en 2019 d’une restauration en 4K par Severin Films. Un travail repris par Carlotta et qui permet aux français un peu curieux de (re)découvrir le film dans des conditions optimales. Pas parfaite il faut le préciser puisqu’en tant que petite production indépendante shootée à l’économie, le film est marqué par une pellicule très granuleuse, aux bords parfois légèrement grisonnants. Rien de très étonnant cependant, cette matière ajoute certainement à l’atmosphère du film, ni de vrai handicapant puisqu’à côté de cela l’image est excessivement propre, stable, impeccablement définie et offre une palette de couleurs plus riche que jamais.
Son
Si le doublage d’époque permettra de retrouver les sensations flats de la bonne vieille VHS, la version originale s’en sort beaucoup mieux avec un mono solidement restauré et (en dehors d’une ou deux secondes étranges… peut-être postsynchronisées) joliment équilibré. Les deux sont proposés en DTS HD Master Audio 2.0.
Interactivité
Nouveau volume de la collection Midnight Movie de Carlotta, l’édition ne reprend malheureusement pas l’intégralité des suppléments développés par Severin. Manque un commentaire audio et quelques interviews, mais la galette contient tout de même une rencontre récente avec la réalisatrice et l’acteur Maxwell Caufield. Une distance qui leur permet de revenir sur la violence du film, sur la production en mode indépendant, les passages devant le comité de censure et les différentes addictions déjà très présentes chez un Charlie Sheen devant s’affirmer devant un père (oui Martin) lui reprochant d’avoir accepté un tel projet. Intéressant, bien plus en tout cas que la petite virée touristique sur les lieux de tournage en mode avant / après. En fin de programme on trouve aussi deux séquences de « meurtre » avec des plans finalement retirés pour en adoucir la perception et un générique d’ouverture plus sobre comportement le titre premier : Blind Rage.
Liste des bonus
« Journée préhistorique » : entretien avec Penelope Spheeris et Maxwell Caulfield (21’), « Le Touriste psychotronique » : voyage sur les lieux du tournage (14’), Générique alternatif, 2 scènes alternatives, Bande-annonce.