THE AMERICAN DREAMER & ALONG WITH THE RIDE
États-Unis – 1971, 2017
Support : Bluray, Livre
Genre : Documentaire
Réalisateur : Lawrence Schiller, L.M. Kit Carson, Nick Ebeling
Acteurs : Dennis Hopper, Julie Adams, Dean Stockwell, Satya De La Manitou
Musique : Gemma Thompson
Durée : 181 minutes
Image : 1.78 16/9
Son : Anglais DTS HD Master Audio 2.0 mono (The American Dreamer), DTS HD Master Audio 2.0 et 5.1 (Along For The Ride)
Sous-titres : Français
Éditeur : Carlotta
Date de sortie : 18 octobre 2022
LE PITCH
l’un des tournants les plus importants de l’histoire du cinéma américain, faisant de son acteur-réalisateur Dennis Hopper le roi improbable du Nouvel Hollywood. Alors en plein montage de son prochain film, The Last Movie, méditation profondément personnelle sur la signification du cinéma et son processus de création, Dennis Hopper accepte d’être la star d’un docu-fiction, The American Dreamer.
Along for the Ride explore les hauts, les bas et l’ascension digne d’un phénix de l’icône hollywoodienne Dennis Hopper, à travers les yeux de son mystérieux « bras droit », Satya de la Manitou. Le cinéaste Nick Ebeling relate un voyage de plus de quarante ans, intimement lié à la carrière légendaire de Hopper.
Last bust Least
Carlotta propose coup sur coup deux portraits de l’immense Dennis Hopper. L’un date du tournage de The Last Movie, l’autre de 2016. L’un est un bluray simple, l’autre un livre collector. Les deux ne peuvent qu’avouer leur défaite face à une personnalité dévorante.
Easy Rider fit exploser le statut de Dennis Hopper, le propulsant comme âme d’un nouvel Hollywood en pleine ébullition, comme artiste lucide décryptant déjà la fin du rêve américain… Presque le gourou d’une nouvelle génération. The Last Movie, commandité par une Universal qui s’en mordra rapidement les doigts (jusqu’aux coudes), fut tourné tout juste deux ans plus tard mais le blacklista pendant près de dix ans aux USA. Une œuvre éminemment personnelle, troublée, halluciné, et qui dans sa description d’un tournage chaotique d’un western dans un village paumé du Pérou, ressemblait aussi à un sacré cracha à la face d’une industrie avec laquelle l’artiste bataillait depuis son renvoi du tournage du Quatre Fils de Katie Elder d’Henry Hathaway auquel il était évidemment directement fait référence. Un tournage chaotique et une post-production en forme de bataille rangée qui n’a de cesse de fasciner les cinéphiles et auxquels nombreux sont ceux qui ont tenté d’y apporter quelques lumières, de s’efforcer d’en capturer une part de la frénésie et donc de s’approcher de la puissance créatrice d’un Dennis Hopper insaisissable. C’était déjà tout l’enjeu de The American Dreamer suivant l’auteur pas à pas alors qu’il est censé achevé le montage, interminable, de ce film tant attendu. Longs témoignages face caméra, considérations pas toujours limpides sur le cinéma, l’art, l’Amérique et les femmes, tubes folks en fond, soirées came et cul avec proches et amis, séquences contemplatives dans une campagne au soleil écrasant… Si Dennis Hopper s’amuse autant qu’il s’agace, il est aussi évident qu’il prend rapidement l’ascendant sur Lawrence Schiller et L.M. Kit Carson, amenant certain même à le créditer comme coréalisateur d’un documentaire qui prenait peu à peu le pas sur la finalité même de The Last Movie. Un autoportrait nébuleux, trop conscient de lui-même pour véritablement dessiner les contours de l’acteur / réalisateur / artiste / anti-hippie et pourtant, qui retranscrit finalement plus efficacement l’attente, l’admiration et la pression qui entourait et étouffait parfois le bonhomme.
Derniers instants
Et presque 50 ans plus tard alors que The American Dreamer est longtemps resté inédit et The Last Movie largement réhabilité et redécouvert par de nouvelles générations, Along for The Ride ne fait que prolonger cette quête impossible. Né du besoin de son ami et homme de l’ombre Satya De La Manitou, dévasté après le décès de son mentor en 2010, de lui rendre hommage mais aussi d’en saisir toutes les facettes, ce nouveau documentaire très (trop ?) léché, s’efforce en effet de retracer les grandes lignes de la carrières du bonhomme. De ses débuts de jeunes acteurs aux cotés du copains James Dean jusqu’à Blue Velvet et Colors (où sont Hot Spot et Chasers ?), de son travail photographique et ses grandes connaissances en arts moderne, mais le propos revient constamment, encore et encore, à la fracture The Last Movie. L’impact sidérant que le film aura eu sur sa carrière, la manière dont l’expérience limite et totale qu’il évoque travaille l’œuvre de Dennis Hopper dans son entièreté. Proches, frères et amis se laissent aller aux anecdotes d’usages, aux petites révélations le plus souvent chaleureuses, même sur sa lente descente aux enfer des années 70, mais le portrait donné par Satya De La Manitou est là encore trop amoureux, trop aveuglé par la personnalité incroyable d’Hopper pour réussir à dépasser cette sensation constante qu’on ne fait que rompre le pain avec ses fidèles apôtres. Dennis Hopper une figure christique ? Sans doute qu’il s’amuserait lui-même de cette idéalisation, de ce besoin de le résumer à quelques effets de style, à sa posture de visionnaire.
Cinéaste passionnant, photographe puissant, acteur monstrueux, Dennis Hopper continue son échappée libre, loin, très loin à l’horizon, sans doute en se marrant.
Image
Deux époques, deux ambiances. Forcément Along for the Ride tourné en 2017 en numérique se plie aisément aux contraintes du format Bluray, affichant une image limpide, finement contrastée et solidement définie avec simplement quelques séquences empruntées à d’autres (bandes annonces et documents d’archives bien granuleux) qui accusent ouvertement leur âge. Ce qui nous amène à The American Dreamer, qui tourné en 1971 sur pellicule 16mn a vu ses négatifs bruler dans un incendie. La restauration à donc dû se faire à partir d’un scan 2K de copies d’exploitation bien entendu par aussi nettes qu’on l’aurait espéré. Malgré une définition précise et une photographie réinstallée, le film reste dans son jus devant batailler avec un grain organique mais parfois envahissant et surtout de nombreuses stries, griffures et autre signes des années, qui n’ont pu être gommées au risque d’amoindrir la tenue de l’image.
Son
De la même façon le mono d’origine du documentaire de 71 en a pris un petit coup avec des rapports voix, ambiance, bande son régulièrement écrasés et un léger sifflement quasiment présent en arrière-plan tout du long. Rien à redire cependant du coté de Along With The Ride disposé en DTS HD Master Audio 2.0 classique et sobre, ou en DTS HD Master Audio 5.1 avec quelques atmosphères un poil plus présentes.
Interactivité
Pour sa sortie en 2015 aux USA chez Etiquette Pictures, The American Dreamer avait été accompagné d’un petit sujet sur la perte et la reconstruction du film, ainsi que sur un making of plus classique qui croisait, là encore, celui de The Last Movie. On ne retrouve malheureusement rien de tout cela ici.
Carlotta a par contre été nettement plus généreux avec Along The Ride qui pour le coup d’un segment sur l’enregistrement de la bande originale, de morceaux d’entretiens écartés du montage final et d’une visite très touchante de Nick Ebeling et Satya de la Manitou sur les lieux du tournage de The Last Movie, avec quelques souvenirs partagés avec les habitants de Chinchero à la clef. Mais le bluray est surtout glissé dans un superbe ouvrage de 240 pages nourrissant, complétant ou se faisant écho du documentaire en question. Nick Ebelling y revient sur la naissance du projet et sa rencontre avec Satya de la Manitou, certains des entretiens du film y sont rallongés tandis que d’autres sont totalement inédits, tout comme quelques essais thématiques (Dennis Hopper et l’art moderne…) et le tout est bien entendu complété de nombreuses photos personnelles, de tournages ou d’exploitations, de documents d’archives souvent très rares. Un bel ouvrage pour les fans du cinéaste.
Liste des bonus
The American Dreamer : Aucun
Along With The Ride : Le livre de Nick Ebeling et J.C. Gabel (240 pages), « Retour à Chinchero » : Nick Ebeling et Satya de la Manitou discutent avec le guide péruvien de Dennis Hopper, Tomas Huaman (7’), Enregistrer la bande originale de ‘Along for the Ride’ » : aperçu du processus de création de Gemma Thompson, du groupe Savages, avec le producteur Johnny Hostile (HD, 7’), 6 scènes coupées (HD, 14’), Bande-annonce (HD)