TEXASVILLE
États-Unis – 1990
Support : Bluray
Genre : Comédie dramatique
Réalisateur : Peter Bogdanovich
Acteurs : Jeff Bridges, Cybill Sheperd, Annie Potts, Timothy Bottoms, William McNamara, Cloris Leachman, Randy Quaid, …
Musique : Neil Giraldo
Durée : 125 minutes
Images : 1.85:1, 16/9ème
Son : Français & Anglais DTS-HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Éditeur : Carlotta Films
Date de sortie : 5 juillet 2022
LE PITCH
Duane Jackson est un homme en crise. La compagnie pétrolière qui a fait sa fortune est au bord de la faillite, ses relations avec sa femme et ses enfants sont tendues et son meilleur ami Sonny perd peu à peu l’esprit. Pour compliquer la situation, son ancienne petite amie Jacy Farrow est de retour en ville, …
Les copains d’abord
Prolongement tardif de The Last Picture Show, Texasville joue la carte un peu convenue de la chronique douce-amère sur le temps qui passe et semble s’adresser en priorité aux amoureux du chef d’œuvre nostalgique de 1971. Faute d’enjeux ou d’un lien profond avec les personnages imaginés par Larry McMurtry et Peter Bogdanovich, les non-initiés risquent quant à eux de trouver le temps long.
Nettement moins inscrit dans l’imaginaire collectif que L’Exorciste, Le Parrain, American Graffiti, Taxi Driver ou encore Les Dents de la Mer, La dernière séance alias The Last Picture Show est pourtant l’un des jalons essentiels de la percée du Nouvel Hollywood dans la première moitié des années 70. Dans un noir et blanc superbe et avec une sensibilité à fleur de peau, feu Peter Bogdanovich, cinéphile passionné, critique exigeant et disciple éphémère de Roger Corman y adaptait un roman du texan Larry McMurtry sur un cercle d’amis dans une petite ville sur le déclin, abordant sur le modèle d’un François Truffaut des thèmes aussi variés que le passage à l’âge adulte, la fin de l’insouciance, l’amitié, l’amour, l’influence de nos aînés et le rêve hollywoodien. Une œuvre à la fois foisonnante et légère, drôle et tragique. Un coup d’éclat très justement récompensé de deux oscars (pour Ben Johnson et Cloris Leachman) et par un vrai succès public. Et après deux décennies d’une carrière en dents de scie, parcourues d’échecs, de déconvenues et de drames personnels (l’assassinat en 1980 de son épouse Dorothy Stratten l’aura profondément marqué), on peut facilement comprendre l’énergie déployée par Bogdanovich pour mettre sur pied Texasville, suite en forme de bilan marquant les retrouvailles du cinéaste avec ces personnages qui lui tiennent tant à cœur.
Le retour devant la caméra de Jeff Bridges, Cybill Sheperd, Timothy Bottoms, Cloris Leachman, Randy Quaid et de quelques autres vingt ans après le premier film tient pour ainsi dire du miracle et Peter Bogdanovich savourent ostensiblement chaque minute passée en leur compagnie.
L’âge de la (dé)raison
Pour apprécier Texasville à sa juste valeur, il faut avoir vu The Last Picture Show, un prérequis incontournable. Car le réalisateur et scénariste, adaptant cette fois le texte de Larry McMurtry sans l’aide du romancier, ne s’embarrasse pas de longs monologues explicatifs ou de flashbacks. La matière et l’émotion se puisent directement à la source, dans le long-métrage de 1971. Combler le vide des trente et quelques années séparant les deux récits devient un plaisir d’initié, de connaisseur assidu. De star du lycée, Duane Jackson est devenu le patron d’une compagnie pétrolière en train de se casser la gueule. Plus tout à fait riche mais pas encore pauvre, il trompe sa femme et se montre distant avec des enfants qu’il ne comprend pas. Bref, Duane tue le temps comme il peut et le retour au bercail de la belle Jacy Farrow va rendre encore un peu plus aigüe la crise sentimentale, émotionnelle et professionnelle qu’il traverse. Et c’est à peu près tout ce que Texasville raconte. Plus de cinéma, d’intrigues attendrissantes, de leçons de vie ou de moments bouleversants. Juste des regards pleins de regrets, des demi-sourires, des bavardages sans conséquences, le tout tournant autour du vague prétexte de la fête du centenaire de la petite ville d’Anarene.
On ne va pas se mentir : en dépit d’une belle ambiance, d’un casting dans des petits souliers et d’une mise en scène appliquée, Texasville ne génère en bout de course qu’un ennui poli, confortable. En phase avec le flegme sudiste de ses personnages, Bogdanovich se contente de glisser avec nonchalance d’une scène à l’autre et tourne le dos à ses enjeux et à l’émotion. Son film n’est que l’épilogue d’une histoire lointaine, synthèse d’un cinéma d’érudit, trop intellectualisé pour son propre bien et rarement incarné. On en retiendra seulement une certaine folie douce, un refus des clichés et la prestation solaire d’une Annie Potts radieuse, à mille lieux de Janine Melnitz, la secrétaire pince sans rire de S.O.S. Fantômes. Contre toute attente, l’actrice vole sans sourciller la vedette aux vétérans Jeff Bridges et Cybill Sheperd, incarnant à elle seule la fierté de la femme texane. Howdy, miss Potts !
Image
Une copie presque impeccable, à un ou deux défauts de pellicule près, dont le grain et les couleurs estivales forcent bizarrement la définition à se mettre un peu trop en retrait. Le résultat n’impressionne finalement que dans le traitement des sources de lumière, d’un naturel parfois enivrant.
Son
Peu de prises de risque avec un duo de pistes stéréo où les ambiances sont clairement mises de côté au profit des dialogues. Quitte à faire un choix, autant se tourner vers la version originale et ses accents texans au charme languissant.
Interactivité
Produit exclusivement pour cette édition, l’entretien avec Jean-Baptiste Thoret répond à toutes les attentes. Le daron de la collection Make My Day ! livre une analyse imparable d’un film qu’il connaît sur le bout des doigts et parvient à mettre en lumière ses vertus et richesses insoupçonnées. On aimerait bien ranger Texasville au placard des œuvres anecdotiques mais le bougre parviendrait presque à nous en faire douter. Trop fort, le sieur Thoret !
Liste des bonus
« Imprimer la légende » : entretien inédit avec Jean-Baptiste Thoret (26 minutes) / Bande-annonce.