TERREUR DANS LE SHANGHAI EXPRESS
Horror Express – Royaume-Uni, Espagne – 1972
Support : Bluray
Genre : Horreur
Réalisateur : Eugenio Martin
Acteurs : Christopher Lee, Telly Savalas, Peter Cushing, Alberto de Mendoza, Silvia Tortosa, Julio Peña
Musique : John Cacavas
Image : 2.35 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 2.0 mono
Sous-titre : Français
Durée : 91 minutes
Distributeur : Le Chat qui fume
Date de sortie : 31 décembre 2022
LE PITCH
Mandchourie, 1903 – Lors d’une expédition au Tibet, le paléontologue Alexander Saxton a découvert le corps d’un hominien, conservé dans la glace depuis deux millions d’années. Saxton décide de le rapatrier à Londres, dans une caisse, en empruntant le Transsibérien. Il y retrouve une vieille connaissance : le Dr Wells, un biologiste. La mystérieuse trouvaille de Saxton semble intéresser plusieurs passagers du train. Mais les choses se compliquent lorsque surviennent des meurtres i…
La chose dans le wagon nuit
Nouvelles retrouvailles sur grand écran pour le duo gothique par excellence Christopher Lee et Peter Cushing, avec en sus la participation remarquée de Telly Savalas, pour une coproduction hispano-anglaise entre film de monstre, terreurs lovecraftiennes et proto-SF. Bis, vous avez dit bis ?
Il y a des signes qui ne trompent pas. Selon la légende, Terreur dans le Shangaï Express aurait été presque entièrement financé par les restes budgétaires, environ 300.000 dollars, du western historique Pancho Villa que le même réalisateur Eugenio Martin (Les Quatre mercenaires d’El Paso, Les Tueurs de l’ouest, Le Tueur à la rose rouge) venait d’achever ou tournait plus ou moins en parallèle. C’est d’ailleurs sur celui-ci qu’il rencontre l’américain Telly Savalas et réussit à le convaincre de venir faire une apparition en chef cosaque ne trouvant rien de mieux qu’attaquer ce fameux Shanghai Express alors qu’il est déjà la proie depuis une bonne heure d’un curieux humanoïde fossilisé mais pas tant que ça. A priori du grand classique pour les piliers de la Hammer Christopher Lee et Peter Cushing (récemment veuf mais convaincu in extremis par son ami Dracula de venir se changer les idées) qui jouent ici comme souvent de leurs oppositions physiques et de leurs intensités charismatiques pour débattre de la nature même de cette étrange créature qui accumule les cadavres aux yeux ensanglantés. C’est l’une des petites astuces du film d’ailleurs, qui s’amuse à placer nos deux stars dans une situation bien connue, qui plus est dans un décor habité de nombreux personnages secondaires intrigants dignes d’un whodunnit d’Agatha Christie, pour délicatement faire glisser l’atmosphère vers des rives plus angoissantes et paranoïaques.
Agents pathogènes
C’est que manifestement Eugenio Martin a plus qu’apprécié la célèbre nouvelle Who goes there ? de John W. Campbell, déjà à l’origine de La Chose d’un autre monde d’Howard Hawks et qui surtout donnera naissance quelques années plus tard au chef d’œuvre The Thing de John Carpenter. Même idée d’une entité venue d’ailleurs et prisonnière durant des siècles dans la glace, même mise en place d’un réseau de contaminations collectives et de suspicion généralisée, même omniprésence d’une science qui se heurte à l’incompréhensible voir l’innommable, même atmosphère lovecraftienne qui vient titiller les peurs primitives… Avec ses petits airs de spectacles Bis parfois assez artisanal entre un rythme presque trop soutenus, des meurtres mécaniques et un costume poilu peu mémorable, Terreur dans le Shanghai Express ne manque effectivement pas de belles ambitions et réussit à livrer un spectacle attachant, bien rythmé et doté d’une production relativement carrée. Si certains passages font un peu pauvret comme cette ouverture clairement tourné en studio au lieu de la Mandchourie annoncée, la production profite tout de même d’un superbe décor de trains luxueux, d’une photographie plutôt classe signée Alejandro Ulloa (Companeros, Photo interdite d’une bourgeoise, Perversion Story) et une bande sonore inquiétante et énergique du débutant John Cacavas que l’on retrouvera plus tard sur Dracula vit toujours à Londres, 747 en Péril ou… Kojak.
Longtemps rangé dans le tiroir des parents pauvres de la grande vague de l’épouvante européenne des années 60/70, Terreur dans le Shanghai Express vaut clairement beaucoup mieux que cela. Bourré de rebondissements, d’idées saugrenues, d’acteurs qui en jettent et tirant clairement le décorum gothique vers le récit alien à la Quatermass, il mérite clairement un bon retour sur les rails.
Image
Le Chat qui fume reprend semble-t-il ici le travail produit par Arrow Video, soit une très belle restauration effectuée à partir d’un nouveau scan 2K du négatif 35mm avec des inserts récoltés sur une source interpositive 35mm pour compléter. On est loin très loin donc des anciennes sortie DVD avec une image particulièrement propre, le plus souvent très stable, retrouvant au passage sa photographie sombre et subtile d’origine et bien entendu un grain bien présent et vibrant. Quelques plans sont plus granuleux mais rien qui ne mérite que l’on s’en plaigne.
Son
Les deux pistes monos d’origine nous parviennent ici dans des DTS HD Master Audio 2.0 qui attestent de petits rafraichissements de circonstances. Les deux propositions sont fluides et claires avec des dialogues bien posés. La version originale affiche un rendu plus direct et sec, tandis que le doublage, plutôt réussi, fait preuve d’un chouia plus de rondeur.
Interactivité
Petite sortie en boitier amaray classique pour Terreur dans le Shangaï Express, qui est tout de même accompagné de deux petits suppléments maisons. D’un coté une présentation très classique du film signée Philippe Chouvel qui traverse les filmographies de tout ce beau monde, de l’autre une évocation plus personnelle par Christophe Lemaire. Ce dernier attache un amour tout particulier au film qu’il a découvert en salle durant son adolescence, et s’efforce d’en souligner toutes les qualités et les particularités avec sa verve habituelle.
Liste des bonus
Souvenirs de Christophe Lemaire (25′), « Déraillement » avec Philippe Chouvel (15′), Bande-annonce