TERREUR SUR LA VILLE
The Town That Dreaded Sundown – Etats-Unis – 1976
Support : Bluray & DVD
Genre : Horreur, Policier
Réalisateur : Charles B. Pierce
Acteurs : Ben Johnson, Andrew Pine, Dawn Wells, Charles B. Pierce
Musique : Jame Mendozoa-Nava
Durée : 90 minutes
Image : 2.35 16/~9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Editeur : Rimini Editions
Date de sortie : 17 février 2022
LE PITCH
Texakarna, Texas, à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Les derniers soldats sont rentrés, les années de rationnement et de pénurie s’éloignent. La ville s’apprête à retrouver calme et prospérité mais un mystérieux tueur va s’en prendre aux habitants de la ville.
Une histoire vraie
Deux ans après Black Christmas et deux ans avant Halloween, le méconnu Charles B. Pierce sortait sur les écrans le trop souvent éclipsé Terreur sur la ville. Un proto-slasher en forme de chaînon manquant inspiré d’une véritable affaire de serial killer et dont les séquences de meurtres, et le meurtrier, sont tout simplement inoubliables.
Solide petit cinéaste du milieu indépendant, Charles B. Pierce (Le Faucon Blanc) est essentiellement connu pour avoir constamment ancré le contexte de ses films dans le paysage et la culture de l’Arkansas, et pour avoir régulièrement joué avec la nature « véridique » de ces sujets. C’était déjà le cas dans le premier The Legend of Boggy Creek, documenteur autour d’un bigfoot local, et on n’en est certainement pas loin avec l’étrange Terreur sur la ville. Se déroulant dans la petite ville de Texakarna, Texas, le film relate les véritables exactions d’un serial killer masqué qui s’attaquait à de jeunes couples profitant du clair de lune, et de la difficile enquête menée par la police locale et qui s’acheva sur un mystère total. Cette partie, le réalisateur l’aborde de manière assez originale en mélangeant une minutieuse reconstitution historique accompagnée par la voix sentencieuse d’un narrateur de télévision, et les contours d’un buddy-movie assez décontracté. Crédibles dans leurs rôles, Ben Johnson et Andrew Pine patinent largement devant l’absence de preuves ou d’éléments probants et doivent souvent composer avec un collègue gaffeur digne d’une comédie redneck et incarné par le metteur en scène lui-même. Le réalisme de façade plie nettement sous les impératifs du cinéma d’exploitation, et le script s’offrira même une poursuite finale passant d’une carrière désertique aux abords d’un train en marche, parfaitement spectaculaire (superbe ralenti) mais presque hors propos.
He Walks Among Us
C’est que Terreur sur la ville se montre surtout particulièrement impressionnant lorsqu’il se met à suivre pas à pas la véritable star du film : le tueur. Une masse implacable, à l’identité totalement inconnue, dont rien que le masque à la sobriété terrifiante (il faut voir comment les râles de la respiration le font bouger), préfigure sans contexte le look de Jason dans Vendredi 13 II et surtout la nature insaisissable du Michael Myers de Halloween. Un croquemitaine réel, mystérieux mais humain, dont la bestialité perceptible et obsédante a peut-être aussi inspiré David Fincher dans sa manière d’appréhender le serial killer de Zodiac et dans sa mise en scène brutale et douloureuse des meurtres. Pas d’artifice pour Charles B. Pierce qui laissent les attaques se dérouler longuement et froidement devant le spectateur, révélant avec brio la peur dans les yeux de ses jeunes personnages, puis la douleur au bord de la folie comme lorsque la charmante Dawn Welles (la série L’Île aux naufragés) s’échappe à travers un champ de maïs, l’œil révulsé, la joue perforée par une balle de revolver. Charles B. Pierce est particulièrement doué pour provoquer le malaise en scrutant cruellement les faits laborieux sans offrir de petits excès gore ou bis pour s’en extraire. Même lorsque celui-ci transforme un trombone en objet contondant : l’absurdité et la gratuité de l’acte fait froid dans le dos.
Un film des plus imparfaits et dont le mélange de genre pourrait le faire passer pour une petite bande d’exploitation anecdotique, mais qui garde en son sein un véritable noyau de cruauté noire et flippante à la réalisation redoutable. Rien que pour ça Terreur sur la ville se doit absolument d’être redécouvert.
Image
Invisible depuis l’ère VHS, Terreur sur la ville revient en Bluray avec une très jolie copie. Non pas que celle-ci soit d’une pureté virginale, restant marquée par quelques griffures persistantes, points blancs et surtout des plans avec cartons textes terriblement granuleux, mais elle affiche un scan d’excellente tenue délivrant un piqué et une profondeur bien marqués, et surtout des couleurs pimpantes autant que des noirs profonds et sans glissements visibles. Avec une légère patine argentique et un grain naturel, le master HD est certes perfectible, mais reste une excellente surprise.
Son
Solide et sans fioritures, les pistes DTS Master Audio 2.0 disposent deux monos sobres et directs. Les dialogues sont bien plantés, les effets ne se perdent pas dans la masse, la musique enveloppe efficacement le tout. La dynamique générale n’est pas toute jeune mais cela correspond parfaitement au métrage.
Interactivité
Rejoignant la désormais collection réservée aux classiques inédits du fantastique, Terreur sur la ville profite du joli digipack et de son fourreau cartonné. A l’intérieur, un nouveau livret « making of » signé Marc Toullec bien entendu, et sur les disques Bluray et DVD, les trois interviews produites par Shout Factory produites pour leur édition de 2013. Des rencontres plutôt sympathiques avec les acteurs Andrew Pine et Dawn Wells, qui se rappellent autant d’un tournage artisanal que de la présence charismatique de Ben Johnson, et avec le chef opérateur James Roberson qui lui évoque plus sa rencontre et ses collaborations avec Charles B. Pierce.
Liste des bonus
Un livret rédigé par Marc Toullec (20 pages), Entretiens avec Andrew Prine (10’), Dawn Wells (5’), James Roberson (13’).