TÁR
États-Unis – 2022
Support : Blu-ray
Genre : Drame
Réalisateur : Todd Field
Acteurs : Cate Blanchett, Nina Hoss, Mark Strong, Noémie Merlant
Musique : Hildur Guðnadóttir
Durée : 158 minutes
Image : 2.39 16/9
Son : Dolby Atmos anglais, Dolby Audio + 7.1 français et italien
Sous-titres : Français, mandarin, italien, néerlandais…
Editeur : Universal
Date de sortie : 31 mai 2023
LE PITCH
Lydia Tár, cheffe avant-gardiste d’un grand orchestre symphonique allemand, est au sommet de son art et de sa carrière. Le lancement de son livre approche et elle prépare un concerto très attendu de la célèbre Symphonie n° 5 de Gustav Mahler. Mais, en l’espace de quelques semaines, sa vie va se désagréger d’une façon singulièrement actuelle. En émerge un examen virulent des mécanismes du pouvoir, de leur impact et de leur persistance dans notre société.
Enfant prodige ?
Le syndrome Terrence Mallick aurait-il de nouveau frappé ? Après quinze années d’absence, le réalisateur Todd Field revient enfin sur les écrans présenter son troisième long métrage après In the Bedroom et Little Children.
La comparaison avec l’auteur de La Ligne rouge est sans doute exagérée mais les points communs forcent le jeu. Vingt ans de carrière et trois films seulement ; un cinéma lorgnant vers le contemplatif, un noyau de spectateurs scrutant les réseaux pour anticiper son retour, des acteurs se portant d’office volontaires pour tourner avec lui… Nombreuses sont les références. Malgré ses projets avortés, son rêve de tourner avec Cate Blanchett vire au fantasme. Reprenant l’adage où l’on n’est jamais mieux servi que par soi-même, le réalisateur/scénariste lui écrit un scénario dans le genre « offre que l’on ne peut pas refuser » capable de la propulser vers un troisième Oscar. Passionné de musique classique et plus particulièrement de Mahler, il l’imagine cheffe d’orchestre de renommée internationale sur le point de sortir un livre et dispenser au monde la plus belle interprétation de sa cinquième symphonie. Un rôle en or que l’actrice ne peut refuser. Elle s’immerge fidèle à son habitude dans son interprétation, côtoie le milieu, apprend les méthodes de chef et se met à l’allemand pour plus de crédibilité. Si les autres acteurs ne déméritent pas à ses côtés, on ne peut que reconnaître qu’elle porte inévitablement le film sur ses épaules. Mais celui-ci reposerait-il sur son seul talent ?
Jolie Coquille
Plonger dans Tàr relève du défi. A moins d’être shooté à la caféine, nombreux spectateurs risquent de rester sur le carreau. 2H38 c’est long ; très long même si l’on n’est pas préparé. Le film a des parties prix radicaux, quitte à décontenancer. Il s’ouvre sur le générique de fin présentant toute l’équipe technique (les acteurs clôtureront le film avec leur propre crédit). Les premières séquences débutent sur des tunnels de conversations autour de la musique classique avec une mise en scène millimétrée. Les plans/contrechamps isolent ses acteurs dans des cadres aussi précis que calculés. L’on y suit Cate Blanchett dans ce parcours opératique entre plans séquences-virtuoses et discours ambiguë. Todd Field n’explique rien, son film est tantôt une expérience sensorielle, tantôt un constat de notre monde. Une femme prête à tout dans un monde dominé par la masculinité ; ce caractère dur ne connaît pas de limite, vindicative, elle pousse son entourage au burn-out en inversant les rôles du harcèlement. Ce cœur de pierre est au bord du gouffre, de la folie. La mise en scène frôle la paranoïa, se veut inclusive, parfois onirique. L’image impeccable de maîtrise se décadre, se déforme, lorgne par moment vers le cinéma lynchien, nous vend du Kubrick mais l’on se plongerait plus volontiers dans l’univers d’un Darren Aronofsky. Le film est sur le point de vaciller à chaque moment. Le spectateur est dans l’attente, il a beau s’être abandonné, vécu l’expérience, avoir compris le discours ; il se demande où sa patience va le mener. Sa curiosité va bien finir par être récompenser alors il attend, il attend et attend encore. L’emballage est trop beau pour qu’il s’abandonne à la résilience, il sent cette dernière partie comme déterminante, il tient, il tient et … générique de fin.
Trois heures ont passé. La lumière s’est rallumée. Pourquoi ? Non. Pour quoi !
Image
L’image ne peut être que parfaite pour prendre toute la mesure du travail fait sur la photographie. Volontiers portée sur les palettes froides, l’image s’offre un piqué remarquable et d’une fluidité exemplaire à l’image de sa source numérique en 6,5K.
Son
Pur comme une symphonie, puissant comme un orchestre, le travail apporté au son ne pouvait qu’être admirable et il l’est. La moindre ambiance est mise au même niveau que la musique. Le soin apporté à l’atmosphère se joue sur chacune des enceintes avec des effets aussi surprenants que bienvenus.
Liste des bonus
Aucun.