SWORD MASTER
San Shao Yen De Jian – Chine – 2016
Support : Bluray
Genre : Action, Aventure, Wuxiapian
Réalisateur : Derek Yee
Acteurs : Lin Gengxin, Chen Moyan, Harashima Daichi, Peter Ho, Jian Yiyan, Zhang Ziyu, …
Musique : Peter Kam
Durée : 103 minutes
Image : 2.00 16/9
Son : Français & Mandarin DTS-HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français
Editeur : Wild Side Video
Date de sortie : 6 septembre 2022
LE PITCH
En apprenant que son rival de toujours, le Troisième Maître Shao-Feng, est mort, le sabreur et assassin Yen Shisan se retire dans un cimetière où il décide de creuser sa tombe. Au même moment et dans la ville voisine, un vagabond au passé mystérieux est embauché comme homme à tout faire dans un bordel et devient le protecteur de Hsiao Li, une prostituée qui subvient aux besoins de sa famille…
Celui qui vit par l’épée…
Sorti en Chine sur grand écran et en 3D en 2016, Sword Master, dernier long-métrage en date de Derek Yee, écope six ans plus tard d’une sortie vidéo française à minima orchestrée par Wild Side Video. Une occasion comme une autre de constater avec tristesse l’impasse créative à laquelle de nombreuses anciennes gloires de Hong Kong semblent condamner depuis la prise en main idéologique et financière de Pékin.
Sword Master trouve ses origines dans un roman de Gu Long, célèbre romancier hong-kongais, spécialiste du Wu Xia et du serial. Publié en juin 1976, « The Third Master’s Sword » est adapté au cinéma l’année suivante par le scénariste et réalisateur Chor Yuen (The House of 72 Tenants) dans une production Shaw Brothers. Joli succès tardif pour un studio légendaire ayant alors entamé son lent déclin, Death Duel (puisque c’est le titre de cette adaptation) révèle au grand public de l’archipel un jeune acteur prometteur nommé Derek Yee. Devenu depuis réalisateur et producteur, Yee s’est frayée une place de choix dans le cœur des amateurs de polars Hongkongais avec le superbe Une nuit à Mongkok, antithèse foisonnante et surprenante du PTU de Johnnie To. Moins réussis mais tout de même très plaisants, Protégé, Shinjuku Incident ou encore Le Grand Magicien avec Tony Leung Chiu-Wai ont installé le bonhomme comme un solide artisan.
Sa présence aux commandes de Sword Master, remake de Death Duel donc et nouvelle adaptation du roman de Gu Long, reste pourtant surprenante. Certes, il s’agissait là d’une belle opportunité pour Derek Yee de boucler la boucle et de rendre hommage au film qui l’a rendu célèbre. Pourtant, depuis son passage derrière la caméra en 1986 avec le drame The Lunatics qu’il signe de son vrai nom Yee Tung-Sing, le cinéaste a très nettement tourné le dos au Wu Xia Pan, préférant creuser un sillon nettement plus réaliste, même lorsqu’il s’adonne à un cinéma volontiers grand public. En réalité, Sword Master est l’un des nombreux rejetons de Tsui Hark, un projet écrit, monté, pensé et produit de A à Z par le trublion génial mais que, faute de temps, il n’aura pas eu le temps de réaliser lui-même. Homme de confiance, Derek Yee se contente donc ici de porter la vision d’un autre. D’où le manque d’entrain évident d’un film qui semble réalisé en pilotage automatique, consciencieusement, proprement.
… Périra par l’épée
Tourné entre deux Detective Dee (le premier et le second), Sword Master participe d’un recyclage du Wu Xia Pan entamé en 2011 avec Dragon Gate – La légende des sabres volants où le réalisateur de The Blade et de Time & Tide poursuivait ses expérimentations des nouveaux outils numériques en se frottant cette fois-ci à l’usage de la 3D. Intégralement shooté en studio comme à la grande époque de la Shaw Brothers, le film de Derek Yee se soumet à son imposant cahier des charges technologique sans pour autant chercher à le révolutionner ou à le dompter. En dehors d’une poignée de scènes d’action gentiment virevoltantes, la caméra de Derek Yee se montre excessivement sage. La 3D (dont le spectateur français est malheureusement privé) ne sert qu’à projeter toutes sortes de lames au visage du spectateur et les CGI n’ont aucun intérêt sinon cosmétique, histoire de remplir les nombreux fonds verts devant lesquels casting et figurant s’agitent. Le résultat ressemble pour ainsi dire à une succession de jolis fonds d’écran Windows entrecoupé de cinématiques de Playstation 2.
Dans les scènes se déroulant dans le bordel où Ah Chi (alias – attention SPOILERS ! – le Troisième Maître) tente de se faire oublier ou dans sa direction d’acteurs, globalement excellente, Derek Yee semble sortir de sa torpeur et retrouver un peu du nihilisme du film original. L’attaque d’un village, incendié par un clan d’assassins cruels et la mise à mort de deux personnages principaux, renoue même avec l’âpreté des drames du réalisateur. Le double climax retrouve hélas le rythme mécanique et la platitude du premier acte et ne sert qu’à illustrer une morale très convenue où l’altruisme et les efforts tournés vers le collectif et un peuple uni l’emportent sur le capitalisme et les passions individuelles, quitte à tirer un trait un peu trop vite sur les massacres commis par le héros.
Dans l’absolu, Sword Master se suit sans ennui mais sans réelle passion et se contente de noyer dans un lifting un peu triste (et parfois un peu moche, aussi) un classique d’une époque qui semble bel et bien révolue.
Image
Une définition aiguisée et une compression sans faille pour un master numérique forcément immaculé. Mais l’abandon de la 3D abîme certains contours et les blancs aveuglants sont parfois accompagnés de bruit vidéo.
Son
Un véritable festival multicanal dont la folie furieuse peut quand même finir par lasser et qui nécessite une bonne isolation ou l’absence de voisins à plusieurs kilomètres à la ronde. Une démonstration de force qui prouve que l’abus de stéroïdes, c’est mal. Version française ou originale, même combat.
Liste des bonus
Bande-annonce.