Apparue dans quelques épisodes très remarqués de la sympathique mais pas cassante série consacrée à la cousine Supergirl, cette nouvelle itération de Clark Kent et Lois réussit immédiatement à installer une alchimie et une modernité évidente. De bons retours et l’envie de faire revenir le central Superman au format feuilleton qui a fini de convaincre l’incontournable duo de producteur / scénariste Todd Helbing et Greg Berlanti, de la légitimité d’une nouvelle série estampillée du fameux S. Mais en poursuivant justement les pistes instiguées dans les épisodes de Supergirl, intronisant dont un couple Kent qui a déjà un certain vécu derrière lui. Fini le temps de l’adolescence à la Superboy, des premiers sauvetages à Metropolis, de la quête d’acceptation par la population et les premiers rendez-vous compliqué par une double identité encombrante… Tout cela est admirablement résumé dans les premières minutes du pilote, hommage savoureux à l’histoire éditoriale et cinématographique du personnage, qui permet de balayer les souvenirs du spectateur tout en installant durablement ces nouveaux visages matures et parents. Car c’est là toute la nouveauté de Superman & Lois qui, à l’instar d’une branche comics lancée par Superman : Lois & Clark de Dan Jurgens et Lee Weeks, s’intéresse à ce que peut être la vie de famille de Superman, sa femme et leurs jumeaux.

Il faut entretenir ses racines

De quoi rapprocher effectivement le quotidien de ces personnages des spectateurs, surtout que l’écriture aussi bien que la photographie plutôt sobre, voir froide et terreuse parfois, tendent constamment à un certain réalisme, ou en tout cas une vision très proche des dramas sentimentaux et familiaux de la télévision américaine. D’où un retour plus ou moins forcé à Smallville après le décès de Martha Kent, venant ajouter le déracinement aux habituelles petites difficultés du couple parental et surtout cristalliser les tensions adolescentes pour les deux garçons, entre rivalités masculines, reconnaissance du père et apparitions des premiers pouvoirs pour l’un. Car effectivement on en oublierait presque parfois que Superman & Lois est aussi une série fantastique. C’est peut-être là que la série se montre le moins efficace, et ce malgré un costume plutôt réussi et des effets spéciaux tour à tour spectaculaire et sobrement efficaces, revenant à d’habituels vieux démons des séries DC à l’écran, piochant dans les humains « métamorphosés » de la semaine façon Smallville, les évocations d’un Lex Luthor venu d’un monde parallèle et un magna financier aux bons airs de Lex Luthor justement, mais qui va plutôt aller piocher ses origines du coté de la mythologie cryptonnienne. Tandis que Superman casse les murs, sauve les stations nucléaires et bataille dans l’atmosphère, Lois enquête dans les petits secrets de Smalville et agace l’omniprésent Morgan Edge. Très classique et déjà vu le plus souvent, mais surtout d’un sérieux plombant qui se refuse justement à toute forme de fantaisie, d’élans de comédie ou de merveilleux, ingrédient pourtant inhérent à l’univers de Superman et effectivement souvent oublié par la Warner depuis les années 2000.

Pas désagréable, parfaitement incarné par les acteurs Tyler Hoechlin et Elizabeth Tulloch des plus convaincants, produit avec un soin évident, Superman & Lois reste un programme qui se veut sans doute trop sage, trop « adulte » et un peu trop propre sur lui.