SUPER EXPRESS 109
新幹線大爆破 / Bullet Train – Japon – 1975
Support : Bluray & DVD
Genre : Catastrophe, Policier
Réalisateur : Junya Sato
Acteurs : Ken Takakura, Sonny Chiba, Kei Yamamoto, Eiji Go, Akira Oda,
Musique : Hachiro Aoyama
Durée : 152 minutes
Image : 2.35 16/9
Son : Japonais DTS HD Master Audio 1.0
Sous-titres : Français
Éditeur : Carlotta Films
Date de sortie : 15 mars 2022
LE PITCH
1 500 passagers viennent d’embarquer à bord du train à grande vitesse « Shinkansen » reliant Tokyo à Hakata, dans l’ouest du Japon. Peu après son départ, le directeur de la sécurité ferroviaire reçoit l’appel d’un homme déclarant avoir placé une bombe à son bord. Celle-ci explosera si la vitesse du train descend en dessous de 80 km/h. Le compte à rebours est lancé : toutes les forces du pays se mobilisent pour rechercher le groupe de terroristes et payer la rançon exigée de 5 millions de dollars…
TTGV
Inspiration ou pas du célèbre et blockbusteurisé Speed, Super Express 109 reste une référence du film catastrophe à la japonaise. Une énorme production qui promet tension et explosions, mais qui recadre ses enjeux autour d’un Japon en crise et d’un terroriste humain et touchant. Spectaculaire et étonnant.
Forcément très inspiré par la mode hollywoodienne des grands films catastrophe inaugurée par L’Aventure du Poséidon et rapidement rejoint par Tremblement de terre ou Airport, le Japon a rapidement lancé la production de ses propres essais du genre, sous l’égide de la Toho, avec les terminaux La Submersion du Japon et Fin du Monde – Nostradamus An 2000. Un bon cran plus haut, et un nihilisme finalement peu étonnant venant d’un pays qui a lui-même déjà connu l’apocalypse. Imaginé comme un concurrent de la part de la Toei, Super Express 109 ne peut que difficilement rivaliser avec ces visions dantesques et va alors plus naturellement se tourner vers ce qui fait l’identité maison : un cinéma plus ancré dans le japon contemporain. La catastrophe attendue prend donc place à bord d’un train, le Shinkansen, qui vient juste d’être inauguré et qui est réputé pour être le plus rapide du monde. La bombe placée à son bord se déclenchant justement uniquement si le train réduit sa vitesse en dessous des 80km/h. Un pitch de base brillant et idéal pour un film de ce genre, qui va donner lieu à un noyau central particulièrement tendu reposant justement sur le maintien coûte que coûte de la vitesse salvatrice, puis bien plus tardivement, du désamorçage de la fameuse bombe dans des conditions extrêmement dangereuses. Mêlant des images du véritable train lancé à toute berzingue, usant habilement de superbes maquettes pour les plans les plus complexes, le réalisateur Junya Sato (des dizaines de films de Yakuza et le film live de Golgo 13) annonce tout bonnement toute la grammaire à venir des blockbusters modernes. En particulier lorsqu’une collision possible avec un autre train donne lieu à un véritable morceaux de bravoure alternant entre les planifications des spécialistes observant la situation dans la salle de commandes, et les actions nerveuses du pauvre pilote, où bien entendu tout va se jouer à quelques secondes près.
« C’était pas le bon jour pour arrêter de fumer »
Classique mais impeccable, tout comme la présentation habituelle de passagers aux bords de l’hystérie collective et l’apparition constante de nombreux guest-star de l’industrie nippone dont justement un excellent Sonny Chiba (la série des Streetfighter) très loin de sa figure habituelle de castagneur professionnel. Il reste pourtant presque anecdotique dans Super Express 109, tant le film s’étoffe largement au-delà de ce cadre presque immuable du film catastrophe, pour s’intéresser tout autant voire plus à la traque justement des personnages qui ont mis en place cette prise d’otage à grande échelle. Filmé comme un pur polar des 70’s à coups de zooms, de décadrages, de mouvements secs et accompagné d’une musique jazzy du meilleur effet, l’enrobage se montre tout aussi efficace et prenant, et surtout amorce la description d’un Japon déjà très loin de son âge d’or économique. Mené par le charismatique Ken Takakura (Yakuza, Antarctica, Black Rain) le trio semble bien loin du psychopathe vengeur Dennis Hopper dans Speed, reflétant plutôt la population d’exclus de la société japonaise : un jeune homme un peu paumé, un militant de gauche déçu et un ancien chef de petite entreprise ruiné. Sans une once de manichéisme ou de misérabilisme, Junya Sato alterne les genres et n’a certainement pas peur d’approcher son film grand public de la chronique sociale amère, voir revendicatrice. Malgré le titre, l’affiche et le carcan du film catastrophe, ni le train ni ses passagers ne sont vraiment le cœur de l’histoire, car c’est bel et bien sur l’ultime échappé de ce pauvre père de famille, en bout de course, que ce dernier s’achève, poursuivi aux abords de l’aéroport où il espérait s’enfuir, dans une configuration esthétique qui préfigure de manière surprenante celle du Heat de Michael Mann. Une ampleur et une densité enfin visible chez nous dans son montage original, débarrassé des coupes économiques (quasiment une heure toute de même) de l’exploitation occidentale.
Image
Très belle copie que voilà, certes pas parfaite avec encore quelques restes de taches et autres griffures, mais qui sur l’essentiel de sa durée est fermement propre, solidement défini et profite d’un piqué très agréable où rejaillit avec beaucoup de naturel le grain d’origine. L’aspect un peu terne que peu avoir parfois l’image est plus due à la photographie grisâtre et sèche de l’époque, et les couleurs peuvent se doter de belles intensités lorsque le film se tourne vers la vie de famille du « terroriste ».
Son
Sobre et direct, le mono japonais d’origine est présenté ici dans un DTS HD Master Audio 1.0 rafraîchi. La source est claire et limpide et réussit à imposer un dynamisme central très efficace.
Interactivité
19ème coffret de la collection Prestige Limitée de Carlotta, Super Express 109 est accompagné comme il se doit de quelques petits goodies qui raviront les collectionneurs cinéphiles : reproduction de lobby cards, affiche du film et fac-similé du programme japonais. Le boitier contient aussi un digipack comportant le DVD du film et le Bluray. C’est sur ce dernier que l’on retrouve l’intégralité des suppléments vidéo de l’édition à commencer par le fameux montage français. Plus que 1h40 de spectacle, inévitablement recentré sur le mélange catastrophe / poursuite, avec un doublage très typé de l’époque et une image un peu plus fatiguée. Un bel objet d’archive, voir même pour les nostalgiques (et les plus pressés) le biais par lequel ils reverront le film.
L’éditeur a aussi retrouvé une interview du réalisateur, manifestement enregistrée pour un DVD japonais. Il y retrace, avec toute la modestie nippone, la production du film, les effets spéciaux, le choix des acteurs, redessinant indirectement toute une époque du cinéma populaire japonais et ses méthodes de production et de diffusion.
Liste des bonus
Fac-similé du « eiga chirashi » du film (programme de cinéma japonais), un jeu de 9 photos d’exploitation (lobby cards), l’affiche du film (40 x 60), « Un express poupée russe » (20’), « Gros film, grosse panique : Junya Sato à propos de Super Express 109 » (25’), « Super Express 109 » version française : montage de 1976 pour les cinémas français (100’), 3 bandes-annonces.