STIGMATA
Etats-Unis, Mexique – 1999
Support : Bluray
Genre : Horreur
Réalisateur : Rupert Wainwright
Acteurs : Patricia Arquette, Gabriel Byrne, Jonathan Pryce, Nia Long, Thomas Kopache, Rade Sherbedgia…
Musique : Elia Cmiral et Billy Corgan
Durée : 103 minutes
Image : 2.35 16/9
Son : Anglais et français DTS_HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français
Editeur : BQHL Editions
Date de sortie : 22 octobre 2024
LE PITCH
Entre le salon de coiffure où elle travaille, un petit ami et des copines de sortie, la jeune et jolie Frankie Paige mène une existence tout ce qu’il y a de plus normale, du moins jusqu’au jour où elle reçoit de sa mère un rosaire volé au Brésil sur la dépouille d’un prêtre. Un cadeau empoisonné qui coïncide avec l’apparition de blessures sanglantes sur son front, ses mains, ses pieds, son dos et son flanc gauche. Il faut toute la force de persuasion du père Kiernan pour convaincre Frankie qu’il s’agit là des stigmates de la crucifixion de Jésus-Christ.
Un dernier exorcisme avant la fin du monde
Patricia Arquette possédée par le démon : on achète. Le concept existe et il a pour nom Stigmata, réalisé par Rupert Wainwright. Un film horrifique ultra-clippé sorti en 1999 qui a pris très sérieusement du plomb dans l’aile, 25 ans plus tard…
Alors que la terreur créée par L’Exorciste de William Friedkin et surtout son triomphe au box-office restent dans toutes les têtes, le phénomène du film de possession n’a jamais cessé de hanter les pensées des producteurs hollywoodiens d’hier et d’aujourd’hui, avec toujours la même ritournelle : comment refaire et moderniser ce chef d’œuvre du cinéma horrifique ? En le pliant aux tendances du moment, pardi !. A la fin des années 90, alors que le passage au nouveau millénaire pointe le bout de son nez avec toutes les préoccupations qu’il véhicule, sort logiquement un Stigmata très nettement marqué par cet aspect apocalyptique, mais également par l’esthétique du clip. Le réalisateur britannique Rupert Wainwright est alors un représentant prisé du genre, ayant mis en images des morceaux de NWA, Michael Jackson, MC Hammer mais aussi des pubs pour Reebok, Gatorade ou Sprite, récoltant quelques prix à la clé. Un profil idéal pour relancer et redynamiser la formule de la possession démoniaque avec pour principal objectif de plaire à la génération MTV. Charge à lui de mettre son savoir-faire au profit de l’histoire d’une jeune coiffeuse américaine qui voit sa vie basculer du jour au lendemain lorsque des stigmates du Christ commencent à lui apparaître sur le corps, lors de crises violentes et mystiques. On doit le scénario au duo Tom Lazarus et Rick Ramage, plutôt spécialisés dans les productions télévisuelles et force est de constater que la marche semblait bien haute pour eux. Le film reprend en partie la structure de L’Exorciste, avec un prologue exotique se déroulant au Mexique et mettant en scène le père Andrew Kiernan, incarné par Gabriel Byrne (Usual Suspects, Miller’s Crossing), qui enquête sur des cas de possession frauduleux, avant que le récit ne bascule aux États-Unis, pour suivre le destin de la jeune femme possédée, Frankie Paige, campée par Patricia Arquette (Lost Highway, True Romance).
Il y a quelque chose de pourri au royaume du Vatican…
Stylistiquement, le film s’éloigne considérablement de l’approche réaliste et aride de Friedkin. Il en prend même le contre-pied total, Wainwright opte pour un style plus tape à l’œil et rentre dedans, concoctant avec son chef opérateur Jeffrey L. Kimball, partenaire de longue date de Tony Scott (et ça se voit !), des séquences de possession noyées sous des pelletées d’exubérances visuelles en tous genres, de surimpressions, flashs et autres effets psychédéliques et épileptiques, le tout associé à un montage haché et marqué par l’urgence, sur une bande-son mêlant du Bowie, du Björk, autant que du rock FM. Couleurs vives et luminosité saturée, ambiance pluvieuse et grise à la Se7en, tous les tics du clip vidéo sont invités à la fête, et difficile de ne pas trouver l’ensemble vulgaire et putassier. Si le style de Stigmata, aussi agressif soit-il, ne flatte pas la rétine, il n’est pas le seul problème d’un film qui accumule les choix scénaristiques très mal pensés. Que dire de la sous-intrigue impliquant le Vatican et un groupuscule de religieux mené par un Jonathan Pryce (Brazil), habitué de ce genre de rôles, qui alimente un complot destiné à passer sous silence les raisons de la possession de la jeune femme. Ridicule et complètement hors-sujet, pour un film qui traite de manière générale de la religion et de la foi avec une naïveté confondante. Tout autant que la romance qui s’installe entre le père Kiernan et sa protégée apparaît comme cruellement capillotractée et n’est jamais réellement crédible (si ce n’est dans la scène finale, coupée au montage, alors qu’enfin, un soupçon d’émotion semblait poindre le bout de son nez… Encore un choix douteux). Jamais effrayant, malgré des effets spéciaux plutôt convaincants, marqué par un rythme répétitif (une crise et un stigmate après l’autre), Stigmata demeure aujourd’hui le douloureux souvenir d’une époque où le cinéma horrifique était malade de choix artistiques complètement à la rue.
Une chose est sûre, contrairement à son modèle de 1973, qui assumait d’explorer le Mal avec un sens réel de la subversion et de la terreur, Stigmata n’est qu’un objet tape à l’œil et dépassé avant l’heure, ne brisant aucun tabou alors qu’il souhaiterait s’attaquer à des thématiques bien trop ambitieuses pour ses propres moyens. Un peu à l’image de La Fin des temps de Peter Hyams avec Arnold Schwarzenegger, film de fin d’époque complètement claqué également, sorti quelques semaines plus tard.
Image
Une remise à jour visuelle du film qui fait du bien aux mirettes. Le plus gros gain se situe du côté des couleurs, qui retrouvent un éclat significatif : le rouge et le vert retrouvent une vigueur éclatante. Les choix visuels très clippesques passent la restauration sans trop d’encombres, même si par instants, certains passages à la forte luminosité restent surexposés (voire cramés). Sinon, l’image reste granuleuse et bien contrastée. Même si on aurait apprécié un piqué un peu plus fin.
Son
Rien à dire sur la qualité des deux versions en DTS-HD Master Audio 5.1, elles sont très correctes et dynamiques. Avec même quelques effets sonores de jumpsacres extrêmement soudains et puissants (les colombes qui s’envolent) qui vous feront sauter de votre canapé. On note un très léger décalage dans la VO entre les dialogues et l’image dans certaines scènes. Peut-être un cas isolé de notre exemplaire, rien de très problématique cependant.
Interactivité
Outre le commentaire audio du réalisateur, on retrouve sur cette édition des bonus issus du DVD de chez MGM sorti il y a quelques années. A savoir un documentaire qui revient sur les cas de stigmates à travers le temps, avec les analyses de spécialistes de la question. Mais également cinq scènes coupées, ou plutôt allongées et globalement anecdotiques, notamment des ébats entre le personnage de Patricia Arquette et son boyfriend un peu plus démonstratifs. Une fin alternative pas inintéressante conclut le film sur une note très différente. BQHL propose un bonus inédit : la présentation du film par Jean-François Dickeli, du site Culturopoing, qui apporte un certain nombre d’informations sur la conception de la chose.
Liste des bonus
Commentaire audio du réalisateur Rupert Wainwright ; Présentation du film par le chroniqueur Jean-François Dickeli (21’) ; L’histoire du film (25′) ; Fin alternative (4′) ; cinq scènes coupées.