STAY HUNGRY
Etats-Unis – 1976
Support : Bluray & DVD
Genre : Comédie dramatique
Réalisateur : Bob Raphelson
Acteurs : Jeff Bridges, Sally Fields, Arnold Schwarzennegger, R.G. Armstrong, Robert Englund, Roger E. Mosley…
Musique : Byron Berline, Bruce Langhorne
Durée : 102 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais DTS HD Master Audio 2.0 mono
Sous-titres : Français
Éditeur : Bubbel Pop’Edition
Date de sortie : 15 novembre 2024
LE PITCH
Craig Blake est un jeune homme du Sud, né dans une famille aisée, mais laissé seul et oisif après la mort de ses parents dans un accident d’avion. Il passe son temps à pêcher, chasser et bricoler dans sa grande maison familiale à Birmingham, en Alabama, habitée uniquement par lui-même et un majordome. Blake est employé dans une entreprise d’investissement douteuse dirigée par un escroc rusé nommé Jabo. On lui demande de s’occuper de l’achat d’une petite salle de sport que la société achète pour faire place à un immeuble de bureaux. Il rencontre Joe Santo qui prépare son entraînement pour le titre de Mister Univers…
A Star is Born
Le nouvel Hollywood a changé le paysage cinématographique américain. A l’instar de la nouvelle vague française, de jeunes metteurs en scènes se sont mis à mettre en image leurs propres histoires, en marge des grands studios américains. Si la plupart n’ont pas révolutionné le visage de la bannière étoilée, elles ont en revanche renvoyé le miroir de leur évolution.
Les années soixante-dix vont faire éclater la sphère hollywoodienne amorcée à la fin de la décennie précédente avec le succès inimaginable d’Easy Rider. Cette bande de motards hippies en marge de la société va devenir, sans vraiment le vouloir, l’étendard d’une liberté trouvée par un tout un pan d’une génération enfin reconnue. Le film de Dennis Hopper est le déclencheur dans lequel nombre de cinéastes vont s’engouffrer. Parmi eux, un certain Bob Raphelson, producteur justement de Dennis Hopper. Metteur en scène à ses heures, il met sa pierre à l’édifice auquel il contribue avec deux autres films marquants mais moins connus que sont 5 pièces faciles et The King of Marvin Gardens (avec déjà l’incontournable Jack Nicholson). Cette collaboration s’étendra sur six films pour culminer avec le remake de Tay Garnett, Le Facteur sonne toujours deux fois en 1981 d’après James M. Cain. C’est à la vue de ces films, que Charles Gaines approche Raphelson pour lui confier son roman. Si le contact est bien passé, le réalisateur n’en a strictement rien à faire du milieu du culturisme. Néanmoins, à la lecture, il arrive facilement à s’identifier au personnage principal qu’incarnera Jeff Bridges. Tous deux doivent reprendre le flambeau de papa et pour le cinéaste, le cinéma sera plus fort que le désir de récupérer l’entreprise familial de chapeaux du paternel.
Culture pub
Depuis The last picture show et Le canardeur, le fils de Lloyd Bridges s’est fait un nom. Avant d’enchaîner avec le mastodonte de Dino de Laurentiis, King Kong, il s’offre son interlude indépendant en rejoignant l’équipe de Stay Hungry. Son rôle d’héritier, semble être l’ancêtre du Duke de The Big Lebowski par son m’enfoutisme de la vie. Il défi son ennui en se laissant porter par des combines immobilières pas toujours honnêtes, ce qui l’amène à franchir la porte d’une salle de culturisme pour rachat. A ses côtés, la jeune Sally Fields qui n’a pas encore connu le succès et le tout jeune Robert « Freddy » Englund en coach sportif ! Mais soyons honnêtes, l’attraction principale du film se porte allégrement sur Arnold Schwarzenneger dans son premier vrai rôle sur grand écran (si l’on omet son apparition dans Le privé de Robert Altman et son nanaresque Hercule à New-York). Déjà millionnaire grâce à sa carrière de culturiste et ses placements financiers, Schwarzy aborde sa carrière d’acteur comme un challenge, un rêve de gosse sur le point de devenir réalité. En véritable monstre de travail, on aurait vite fait de dire, à tort, qu’il interprète ici son propre rôle, ce qui n’est pas faux. L’acteur montre une intelligence qui passerait inaperçue pour le spectateur lambda. Raphelson l’a compris. C’est sans doute pour cela qu’il lui fait, entre autres, jouer du violon pour les besoins du scénario. Schwarzenegger ne laisse rien au hasard et apprend lui-même les rudiments de l’instrument pour plus de réalisme. Une belle preuve de persévérance lorsque l’on sait les difficultés de jouer de cet outil particulièrement compliqué. Son charisme et son physique évincent les autres acteurs lors de scènes communes. Son explosion quelques années plus tard dans Conan et Terminator ne sont que justice. Si Bob Raphelson y met beaucoup de lui-même, l’émancipation de son personnage principal peine à captiver vraiment. Son film cherche sa liberté sans vraiment décoller. Il faut attendre la scène finale avec les culturistes faisant leur show à moitié nus dans la rue, pour retrouver ce vent de folie cher à cette vague soixante-huitarde. Il en oublie le leitmotiv de l’oncle du film « Fais les choses à fond ».
Film de curiosité pour collectionneur de stars, Stay Hungry tente une approche originale sur un sujet qui ne l’est pas moins. Curieusement, le documentaire sur ce sport, Pumping Iron qui sortira l’année suivante aura plus de succès. Le phénomène Schwarzenegger est en route.
Image
Comme nous le dit honnêtement l’éditeur dans l’interview présente sur Regard Critique, la copie n’est pas dénuée de points blancs et de griffures. Légères, celles-ci n’empêchent pas la copie d’être stable et très convenable grâce à une gestion de l’argentique bien travaillée. Le film garde un piqué efficace et une définition dans l’ensemble de belle tenue.
Son
Contrairement à ce que mentionne la jaquette, seule la piste originale est présente. Une piste sobre sans excès, qui garde un bel équilibre avec des voix claires et sans souffle notable.
Interactivité
Une première édition choyée avec amour. Dès la prise en main de l’objet, on est conquis par le mediabook avec son imposant livre de 100 pages écrit par Christophe Chavdia et abondamment illustré de photos d’époque. Le Bluray, quant à lui, contient une double interview de Joanna Cassidy. L’interprète de Zoé revient sur le début de sa carrière dans un contexte pre-MeToo. Samuel Blumenfeld se concentre quant à lui sur la genèse de Schwarzenegger au cinéma tandis que Jean-Baptiste Thoret nous place le film dans le contexte du nouvel Hollywood. Fourmillant d’anecdotes, son intervention est une mine d’informations pour les curieux que nous sommes.
Liste des bonus
Le livre « Vivre dangereusement » par Christophe Chavdia (100 pages), « Joanna Cassidy se souvient de Stay Hungry » (15’) « La Femme Alpha » (5’), « Arnold devient Schwarzy » par Samuel Blumenfeld (16’), « La Fin du nouvel Hollywood » par Jean-Baptiste Thoret (41’), Bande annonce (3’).