STAR TREK : STRANGE NEW WORLDS SAISON 1
Etats-Unis – 2022
Support : Bluray
Genre : Space Opera, Science-Fiction
Créateurs : Akiva Goldsman, Alex Kurtzman, Jenny Lumet
Acteurs : Anson Mount, Ethan Peck, Christina Chong, Melissa Navia, Jess Bush, Rebecca Romijn, Celia Rose Gooding, Babs Olusanmokun, Gia Sandhu
Musique : Jeff Russo, Nami Melumad
Image : 2.39 16/9
Son : Anglais DTS HD Master Audio 5.1, français et allemand Dolby Digital 5.1
Sous-titres : Français, anglais, allemand,
Durée : 524 minutes
Éditeur : Paramount Pictures
Date de sortie : 31 mai 2023
LE PITCH
Lorsqu’un des officiers de Pike disparaît alors qu’il est en mission secrète pour Starfleet, Pike doit sortir de l’exil qu’il s’est imposé. Il doit trouver comment sauver son officier, tout en luttant pour savoir quoi faire avec la vision de l’avenir qui lui a été donnée.
Le grand retour des pyjamas !
Même si les derniers longs métrages n’ont pas connu l’engouement souhaité, Star Trek connait un nouvel âge d’or à la télévision avec pas moins de quatre séries produites en parallèle. Discovery, Picard, l’animé Lower Deck et le tout dernier Strange New Worlds qui rappelle que parfois pour retrouver la formule gagnante, il suffit de revenir à la base. Tout simplement.
Depuis la relance de l’univers Star Trek à la télévision avec Star Trek Discovery, dont l’ambition première était de moderniser drastiquement l’image de l’univers quinquagénaire de Gene Rodenberry, on percevait aussi une volonté de s’éloigner d’une formule narrative que beaucoup jugent aujourd’hui dépassée : le one shot. Une direction reprise avec plus d’entrain encore dans Picard venant clôturer avec un certains bonheur la grande époque de New Generation, Deep Space Nine et Voyager, et dont chaque saison se construisent uniquement autour d’une même trame narrative, une seule et même histoire. Mais dans ces années 80 et plus encore dans la série d’origine, Star Trek développait certes ses personnages, renforçait progressivement leurs amitiés, découvrait leurs origines, leur tangibilité, mais presque essentiellement au cours de successions d’épisodes indépendants. En faisant revivre le Commandant Pike et le premier équipage de l’Enterprise NCC-1701 tel qu’aperçus dans le fameux épisode pilote The Cage en 1964, mais surtout tel que croisé dans deux épisodes mémorables de Discovery, Strange New Worlds ne fait pas que renouer avec un passé (presque inexploré), il renoue avec une tradition.
Sans frontières
Celle d’une exploration libre du cosmos et de l’écriture de scénarios constamment tournés vers la philosophie de son créateur, Gene Roddenberry, rêvant d’un avenir ouvert, humaniste ou la conquête spatiale se ferait à grand renfort de découvertes scientifiques, philosophiques et d’échanges culturels et diplomatiques. Les 10 épisodes explorent donc ainsi tour à tour la mise à l’épreuve du « premier contact » pas encore totalement codifié par la Fédération, la rencontre avec une entité née spontanément dans le vide spatiale, la menace que fait peser une étrange météorite déifié par des aliens sur une planète isolée, une espèce alien microscopique ne se nourrissant que de lumière, une culture qui sacrifie un enfant sacré pour assurer la pérennité de sa civilisation… Les auteurs se permettent même de revenir aux délires plus légers voir kitch dans Spock Amok qui voit le vulain échanger par erreur son corps avec celui de sa fiancée et surtout The Elysian Kingdom où tous les habitants du vaisseau se retrouvent plongés dans un roman de Fantasy pour enfant. On sent constamment une grande créativité, presque une effervescence dans Strange New Worlds qui se dope au passage d’excellentes réalisations, de nouvelles approches techniques pointues (le plateau avec écran géant en RA, hallucinant), des esthétiques à la fois rétro et définitivement modernes, mais toujours avec comme but à atteindre une filiation sincère et naturelle avec l’héritage Star Trek.
Capitaine à bord !
Le point d’orgue de la saison reste bien évidemment son dernier épisode qui rejoue presque intégralement l’épisode culte Balance of Terror en imaginant dans un futur alternatif le déroulé des évènements si le Capitaine Pike avait encore été aux commandes du navire spatial. Un exercice passionnant, mais aussi intensément cruel puisqu’il vient rappeler le destin fatal annoncé dans l’avenir du personnage (connu des trekkies mais illustré ici en flashbacks) et un sacrifice inéluctable.
Figure extrêmement bienveillante, paternelle, dynamique, tragique et définitivement charismatique (voir cool), le Christopher Pike interprété par Anson Mount n’est que l’un des nombreux personnages attachants et accrocheurs de Strange New Worlds qui propose quelques nouveaux visages bienvenus, mais aussi la relecture de noms un peu oubliés (Una Chin-Riley première Number One et justement croisée dans le pilote abandonné des 60’s), comme du légendaire Spock, toujours bien tenu par le jeune Ethan Peck malgré les fantômes de Leonard Nimoy et Zaquary Quinto.
Mais la grande gagnante de la série reste peut-être Nyota Uhura, première grande figure féminine de la série, icône de la culture SF et de la culture black, mais qui était autrefois trop régulièrement cantonnée à une position un peu potiche. Désormais interprétée, jeune et apprentie, par la pétillante Celia Rose Gooding, elle redevient ici un génie de la linguistique, un cadet doué, aventureux mais pleine de doute, qui s’impose rapidement comme un membre indispensable et proactif de l’équipe. Une petite revanche, un joli hommage à Nichelle Nichols et une marque supplémentaire que Strange New Worlds a réussi à marier idéalement l’ancien et le nouveau, s’inscrivant déjà comme la meilleure série Star Trek de ces dernières années.
Image
Aussi spectaculaires et chaleureux que la série, les masters de chaque épisode ont été traités avec énormément de déférence. L’image est toujours extrêmement pointue, vive et colorée avec un effort particulièrement notable sur le piqué, jamais malmené par une compression extrêmement solide. Tout est éclatant de précision et d’équilibre, venant souligner les nombreux détails des costumes et décors, les effets de lumières plutôt sophistiqués et plus généralement une production tout simplement très ambitieuse.
Son
La piste doublée française est encore et toujours disposée dans un petit Dolby Digital 5.1 efficace mais plutôt limitée finalement, là où la version originale profite d’un DTS HD Master Audio 5.1 ample et généreux, cultivant une spatialisation presque aussi redoutable que les dernières grosses productions cinéma de la franchise. Un vrai plaisir.
Interactivité
Comme pour les itérations cinéma, Paramount cajole toujours ses sorties Star Trek et propose à nouveau une édition plutôt conséquente. On trouve ainsi accolé à certains épisodes les scènes coupées existantes, mais aussi sur le tout premier un excellent commentaire audio enregistré par Anson Mount et Akiva Goldsman, l’interprète de Pike et le créateur de la série, tous deux très grands fans des séries originales.
Sur le quatrième disque se situe le plus gros des suppléments vidéo avec un journal de tournage (mais tout d’abord de quarantaine) tenu par Anson Mount, un impressionnant sujet sur l’écran géant de réalité virtuel qui a remplacé les anciens écrans verts et un making of de presque une heure qui revient sur la naissance de la série, son rapprochement avec les anciennes et la mise en image de chaque épisode. Un programme très complet qui aurait pu s’achever sur le petit bêtisier d’usage, mais qui propose aussi l’épisode historique Balance of Terror de la série classique Star Trek et qui sert de base au dernier épisode de la saison de Strange New Worlds, afin raviver quelques mémoires et d’apprécier plus encore le travail d’écriture et les nombreux clins d’œil de la réalisation.
Liste des bonus
Commentaire audio de Anson Mount et Akiva Goldsman sur l’épisode 1, Episode original Balance of Terror (50’), « Pike’s Peak » : présentation du Capitaine Pike par l’acteur Anson Mount (17’), « World Building » : la création des décors avec le chef décorateur Jonathan Lee et son équipe (12’), « Exploring New Worlds » : découverte de l’histoire de la série et des personnages avec les auteurs, les acteurs et l’équipe de production, (54’), Scènes coupées (30’), Bêtisier (3’).