STAR TREK PICARD SAISON 3
États-Unis – 2023
Support : Bluray
Genre : Science-Fiction
Réalisateurs : Douglas Aarniokoski, Jonathan Frakes, Dan Liu, Deborah Kampmeier, Terry Matalas
Acteurs : Patrick Stewart, Michelle Hurd, Amanda Plummer, Ed Speleers, Todd Stashwick, Jonathan Frakes, Gates McFadden, Marina Sirtis, LeVar Burton, Brent Spiner, Michael Dorn…
Musique : Jeff Russo, Stephen Barton, Frederik Wiedmann
Durée : 460 minutes
Image : Français Dolby Audio 5.1, Anglais DTS-HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français, Anglais, Italien Espagnol, Allemand, …
Éditeur : Paramount Pictures France
Date de sortie : 15 novembre 2023
LE PITCH
Lorsqu’il reçoit un appel de détresse du docteur Beverly Crusher dont il est sans nouvelles depuis une vingtaine d’années, l’Amiral Jean-Luc Picard quitte sa retraite paisible et appelle à l’aide le capitaine William Riker, …
L’Enterprise viendra d’hier
Après deux premières saisons décevantes, cette ultime salve d’aventures du capitaine Jean-Luc Picard et de son équipage redresse la barre de façon spectaculaire en offrant aux fans de la première heure tout ce dont ils rêvaient depuis deux décennies et bien plus encore. Désormais seul maître à bord, le showrunner Terry Matalas réunit le casting original de Star Trek – The Next Generation et les embarque pour une dernière virée nostalgique à travers les étoiles. Make it so !
On ne va pas se mentir, ni « All Good Things … », le double épisode bouclant la septième saison de TNG, et encore moins le mou du slip Star Trek Nemesis réalisé par Stuart Baird et sorti au cinéma en 2002, n’étaient parvenus à proposer une conclusion satisfaisante aux mille et un périples interstellaires de Picard, Riker, Data, Worf, LaForge, Crusher et Troi. D’où l’enthousiasme suscité par l’annonce fin 2018 d’une nouvelle série consacrée au personnage interprété par Sir Patrick Stewart. Pilotés par les scénaristes Akiva Goldsman et Alex Kurtzman et produits (entre autres) par Stewart lui-même, les dix épisodes de cette première saison ont pourtant rapidement douché les espoirs des Trekkies. Et ce, malgré les caméos de Marina Sirtis, Jonathan Frakes et Brent Spiner, insérés au chausse-pied pour faire passer la pilule. La vision d’un futur sombre, à l’opposé de la philosophie de Gene Roddenberry, et d’un capitaine Picard grabataire, ronchon et sénile et constamment rabaissé par des nouveaux venus antipathiques a logiquement été reçue assez fraîchement. Aggravant son cas à l’occasion d’un énième voyage dans le temps orchestré par Q, la seconde saison diffusée en 2022 réitère ces erreurs de jugement et transforme l’optimisme et le progressisme de Star Trek en démonstration d’arrogance et de moralisme à deux sous.
Le départ d’Akiva Golsman (parti se concentrer sur Star Trek Strange New Worlds) et la décision de CBS All Access d’arrêter Picard à l’issue de sa troisième année laisse donc à Terry Matalas les coudées franches pour réparer autant que possible l’image écornée de la série culte. Pas forcément tenté par une quelconque prise de risque et préférant ignorer sagement les délires d’un Patrick Stewart faisant une fixette sur la « déconstruction » du héros-titre, Matalas concocte une intrigue généreuse en forme de best-of et impossible à résumer en quelques lignes. Sachez seulement qu’un complot mené par une faction extrémiste des métamorphes du défunt Dominion (Deep Space Nine) menace le bon déroulement des célébrations entourant le 250ème anniversaire de Starfleet, que Picard a désormais un fils et que ce dernier est traqué sans relâche par l’impitoyable Capitaine Vadic (Amanda Plummer, en plein cabotinage de compétition). Et devinez qui se cache derrière tout ce beau merdier ? On ne va pas vous le dire mais vous ne devriez pas perdre beaucoup de temps à le deviner, même avec une connaissance moyenne de l’univers Star Trek.
Le meilleur des deux mondes
S’il ne renie pas la nouvelle « charte » visuelle Star Trek, en vigueur depuis le reboot cinéma de 2009, en y ajoutant quelques fucks et autres sursauts de violence pour rester dans l’air du temps, Terry Matalas marque sa différence en revenant aux racines de Star Trek. Oubliez les personnages immatures, braillards et hyperactifs des films de J.J. Abrams et de Star Trek Discovery, on retrouve enfin aux commandes des vaisseaux de la Fédération des Planètes des professionnels aguerris et intelligents, œuvrant pour des valeurs fortes plutôt que pour animer en vociférant un son et lumière débilitant. Tout au plus pourra-t-on reprocher à Matalas de privilégier un peu trop souvent le fan service au détriment d’une intrigue pas toujours cohérente et aux coutures très apparentes. Le showrunner a beau titiller notre fibre nostalgique avec un savoir-faire éclatant, la décision de s’offrir une longue virée dans le musée de Starfleet (administré par Geordi Laforge), après s’être déjà fendu d’un braquage rocambolesque du Daystrom Institute (un autre musée, mais top secret celui-ci, dans le genre Area 51!), n’a pas d’autre finalité que d’enfiler en un temps record le plus de clins d’œil possibles à une saga riche de plus d’un demi-siècle d’histoire.
Malgré un rythme soutenu, des batailles spatiales démesurées et un suspense qui semble ne jamais marquer le pas, Terry Matalas ne perd pas des yeux le cœur de son show « gâteau d’anniversaire » : ses personnages. Stewart retrouve le Picard d’antan en un battement de cil, Jonathan Frakes apporte ce qu’il faut de gravité à un Will Riker en deuil, Brent Spiner, malgré son âge, parvient à donner une toute nouvelle dimension à un Data hybride, et Michael Dorn s’affirme comme un redoutable voleur de scènes, son Worf se rapprochant de plus en plus d’un Toshiro Mifune klingon. La surprise, en revanche, vient des petits nouveaux, en particulier Ed Speleers et Todd Slashwick. Le premier joue Jack Crusher, fils de Picard, contrebandier à la langue bien pendue et au charisme d’un jeune Errol Flynn (le jeune Han Solo que l’on rêvait de voir, c’est lui!). Dans la peau du capitaine de l’USS Titan Liam Shaw, Slashwick propose pour sa part un antagoniste de choix pour un duo Picard/Riker pas franchement habitué à se faire remettre à sa place avec une telle morgue.
Vous l’aurez compris, les méthodes ont beau être un peu grossières, les ficelles énormes et le fan service systématique (même le score multiplie les références à Goldsmith et Horner, jusqu’à l’overdose !), Terry Matalas n’a pas le moindre scrupule à jouer les chefs d’orchestres d’un blockbuster de sept heures et des brouettes et pensé dans le seul but de vous coller un sourire jusqu’aux oreilles. Et qui sommes-nous pour refuser d’embarquer une toute dernière fois à bord de l’Enterprise-D à vitesse de distorsion maximale, en faisant des gros pews-pews d’enfant à chaque coup de phaser et à chaque tir de torpille à photon ? Hein ? Nous sommes bien d’accords.
Image
Un master de tout premier choix, rutilant, immaculé, mais sans doute un chouia trop sombre. On n’aurait pas dit non à un détour par l’Ultra-HD afin de donner plus de corps à des noirs très (trop) profonds. On pinaille mais si ça se trouve, dans toute cette pénombre, on a probablement loupé une bonne dizaine d’easter eggs pour Trekkies acharnés, cachés dans le décor.
Son
Mal doublée, mal traduite, la version française est à fuir comme la peste. Mettez sans hésiter le cap sur la version originale, son dynamisme tonitruant, son festival d’explosions et de bruits de phasers répartis sur toutes les enceintes. Et n’oubliez pas de monter le son lorsque le Shriek, le vaisseau surarmé d’Amanda Plummer, envahit l’espace dans un rugissement terrifiant !
Interactivité
De la quantité, mais une qualité toute relative. Les commentaires audio détendus et riches en anecdotes en tous genres ainsi qu’une longue featurette consacrée à la reconstruction minutieuse de la passerelle de l’Enterprise-D retiennent tout notre intérêt. C’est un peu moins le cas pour une flopée de modules de making-of éparpillé sur les trois disques et qui tirent le plus souvent à la ligne avec force déclarations promotionnelles. On aurait préféré un peu moins de nostalgie, de plaisir et de « amazing ! » à tout bout de champ et un peu plus d’informations sur la construction de l’intrigue, les effets spéciaux et la mise en scène. Scènes coupées et bêtisier complètent l’interactivité sans véritable panache.
Liste des bonus
Commentaires audio sur les épisodes 1,3, 4, 6 et 10 (Jonathan Frakes, Terry Matalas, Jeri Ryan, Todd Slashwick, Ed Speleers, Gates McFaden, Michelle Hurd, Brent Spiner, LeVar Burton, Stephen Barto) / « La Bande au grand complet » (19 minutes) / « Vadic la maléfique » (20 minutes) / Bêtisier (6 minutes) / « Picard : Q&A sur la dernière saison » (42 minutes) / Making of épisode 10 « La Dernière Génération » (42 minutes) / « Reconstruire l’Enterprise-D » (16 minutes) / Scènes inédites .