STAR TREK LE FILM
Star Trek : The Motion Picture – États-Unis – 1979
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Science-Fiction
Réalisateur : Robert Wise
Acteurs : William Shatner, Leonard Nimoy, DeForest Kelley, James Doohan, George Takei, Walter Koenig, Nichelle Nichols
Musique : Jerry Goldsmith
Durée : 136 minutes
Image : 2.35
Son : Dolby Atmos Anglais, Dolby Digital 5.1 français, italien, espagnol…
Sous-titres : Français, anglais, italien, espagnol…
Éditeur : Paramount
Date de sortie : 07 septembre 2022
LE PITCH
Après avoir annihilé plusieurs vaisseaux klingon, un mystérieux nuage fait d’énergie se dirige vers la Terre et menace de l’anéantir. L’Enterprise et son équipage reprennent donc du service avec pour mission d’empêcher la catastrophe.
Espace, Frontière de l’infini
03 juin 1969. Star Trek, à l’issue de son 79ème épisode, tire sa révérence. Un au revoir qui, au vu de ses dernières audiences, sonne comme un adieu. Mais Gene Roddenberry n’a pas dit son dernier mot et travaille déjà sur des téléfilms… qui ne verront jamais le jour. Loin de se décourager, il pense alors au grand écran et va cette fois réussir l’impensable en donnant à sa création le film dont il rêvait. A sa sortie, précipitée, tous ses aspects techniques ne sont même pas finalisés. Pourtant, en ralliant derrière lui les plus grands noms du Hollywood de l’époque, le film obtient rapidement une légitimité artistique inattendue. Plusieurs décennies plus tard, Star Trek, Le Film profite donc enfin du support numérique pour se montrer tel que ses créateurs, et son réalisateur en particulier, l’ont pensé.
A commencer par la grande figure présente derrière la caméra : le grand Robert Wise, qui s’est déjà frotté à tous les genres, du chef d’œuvre musical West Side Story, au plus grand film noir Nous avons gagné ce soir. Côté science-fiction, il n’en est pas non plus à son coup d’essai, après Le jour où la Terre s’arrêta, dont les images restent parmi les plus marquantes du genre des années 50. Pour le scénario, Roddenberry fait appel à Harold Livingston, romancier de SF au passé militaire, qu’il seconde avec Alan Dean Foster, un autre romancier. Pour les effets visuels, la production se tourne vers Douglas Trumbull, pionnier du genre depuis le 2001 de Kubrick, et John Dykstra, au générique d’un phénomène sorti deux ans auparavant (un certain Star Wars). Histoire d’enfoncer le clou, Roddenberry se paie aussi le grand auteur Isaac Asimov en qualité de conseiller technique et, enfin, aux partitions, l’inévitable Jerry Goldsmith, depuis son incroyable travail sur Alien.
Réunir une telle somme de talents pour ce qui ne semblait être à ce moment là que la simple adaptation d’un show TV tenait du miracle. Un miracle qui va bien avoir lieu et donner bien plus qu’une simple itération mais bel et bien l’un des plus grands films de science-fiction de tous les temps.
All-New All-Different
Dès son introduction, l’espace étoilée résonne des notes inspirées d’un Jerry Goldsmith une fois de plus au sommet de son art. Pas une mince affaire, même pour lui, quand on pense alors à la place qu’à réussi à occuper le thème d’Alexander Courage dans les chaumières américaines durant trois ans. Pourtant, le compositeur va réussir l’exploit de le faire oublier à de nombreuses reprises, et ce même s’il accompagne fidèlement les apparitions du casting original à l’écran. Car tout le monde est là, de Shatner à Nimoy en passant par la fameuse équipe multiraciale du poste de pilotage de l’Enterprise et ses nombreux gemmicks. Un plan de la Terre, jamais vue durant la série, nous forcerait aujourd’hui à parler de fan service, mais c’est mal connaître Roddenberry et ses choix de scénaristes. Car une fois la problématique posée (un mystérieux nuage d’énergie destructrice se dirigeant vers la Terre), tout ou presque va aller à l’encontre de la construction habituelle des épisodes de la série.
En commençant par Kirk, incarnation parfaite (caricature ?) du mâle américain à la position hiérarchique puissante et sexuellement irrésistible, qui est cette fois montré sous un jour beaucoup moins honorable. Il prend ainsi le commandement du nouvel Enterprise en se moquant éperdument du jeune commandant (Stephen Collins) qui y était pourtant tout aussi légitime que lui. Et si ses membres d’équipage, qui sont aussi ses amis, sont évidemment tout acquis à sa cause, cela ne l’empêche pas de faire plusieurs erreurs d’appréciation là où son prédécesseur était lui plus avisé. Un jeune commandant que le scénario place d’ailleurs au cœur de la seule romance du film, encore une fois multiraciale (face à lui, l’actrice indienne Persis Khambatta), étonnante et inédite. Une romance qui va réussir à s’imbriquer parfaitement avec les nombreux concepts au cœur du film.
Le Chaînon manquant
En voulant tout à la fois livrer une suite à sa série prématurément annulée et un film de science-fiction ambitieux à l’écriture digne des plus grands noms du genre, Roddenberry avait toutes les chances de se tromper. Pourtant, à de nombreuses reprises, le film se hisse à la hauteur de ses plus glorieux contemporains. L’« overture » de Jerry Goldsmith, sans rivaliser avec Wagner, annonce le spectacle d’opéra spatial. Certains plans de vaisseaux repoussent les limites des avancées techniques de l’époque. Quant à la longue scène durant laquelle L’Enterprise part à la rencontre du mystérieux V’Ger, elle propulse le film vers de nouvelles frontières, entre voyage métaphysique s’interrogeant sur nos origines et noirceur inquiétante à l’esthétique parfois proche des travaux d’un certain H.R. Giger. Jusqu’à une ultime révélation qui finit d’extirper définitivement ce Star Trek de tout ce qui l’a précédé ou même viendra après lui, en faisant définitivement une sorte de chaînon manquant, que ce soit entre la télévision et le cinéma, la science-fiction écrite ou filmée ou même, au vu de l’identité de V’Ger, la fiction ou la réalité. Un fabuleux miracle somme d’un travail pharaonique qui ne cesse de se bonifier avec le temps.
Image
Film miraculé, le montage définitif dit Director’s Cut sera à nouveau repassé à la source après une première apparition DVD en 2001 (mais produit en SD… même les nouveaux effets spéciaux), avec un scan 4K complet des négatifs et une refonte totale des effets spéciaux, reprenant et améliorant considérablement ceux d’origines tout en y ajoutant des visions plus grandioses en images de synthèses. Jamais les prises de vue des vaisseaux, des décors, des incrustations n’ont profité d’autant de détails. Certains plans (plusieurs décennies plus tard !) résonnent encore plus forts du génie de leurs créateurs. L’image est lumineuse et les contrastes saisissants. Mais même si le numérique agit au mieux pour magnifier la pellicule, certains plans souffrent d’une propreté trop prononcée (à la limite du lissé) et de problèmes d’incrustation peut être passés inaperçus à l’époque mais aujourd’hui très nettement visibles. Heureusement, les exemples se font tout de même rares.
Son
Un Dolby Atmos inédit pour la version anglaise qui rend hommage comme jamais aux partitions du Maître Goldsmith. Les cuivres résonnent et se répondent avec une ampleur et une clarté inégalée. Les effets sonores, revus et restaurés pour cette nouvelle édition spéciale, sont eux aussi plus profonds et plus amples que jamais. Notamment tout ceux générés par V’GER, dont la puissance et la dangerosité n’ont jamais parus aussi réels.
Interactivité
Gargantuesque ! Les festivités commencent non pas par un mais deux commentaires audios plus un commentaire écrit (et sous-titré dans plusieurs langues dont le Français). Si le premier est narré par les producteurs, le second nous propose carrément la présence de Robert Wise, John Dykstra, Douglas Trumbull, Jerry Goldsmith et Stephen Collins. Autant dire que c’est le plus intéressant des trois et qu’il fourmille d’anecdotes précieuses (comme lorsque Goldsmith évoque le fait d’avoir été approché pour composer le générique de la série ou quand Trumbull revient sur le premier plan complexe du vaisseau klingon). Suivent ensuite un nombre impressionnant de modules et sous-modules qui reviennent principalement sur la production et les différents aspects de la conception du film. Il y est question de la création de V’GER par Syd Mead, d’un entretien avec Robert Wise, de scènes inédites, de la création des costumes (et de versions non gardées, dont une de Spock en peau de bête) et même de le réunion de tous les différents graphiques animés utilisés pour habiller les écrans de l’Enterprise. Difficile de faire plus exhaustif !
Mais ce n’est pas tout : dans la section « Héritage » plusieurs modules reviennent sur la franchise elle-même. La série donc, de son annulation à sa suite sur grand écran (qui fut d’abord pensé comme une nouvelle série), aux réunions d’acteurs, jusqu’à un petit module marrant où une représentante de Starfleet revient sur l’histoire de V’GER.
Autant dire qu’après avoir avalé tout ça, la moindre coursive de l’Enterprise n’aura plus aucun secret pour vous.
Liste des bonus
Commentaire audio de David C. Fein, Mike Matessino et Daren R. Dochterman, responsables de la restauration (2022, VOST), Commentaire audio de Robert Wise, Jerry Goldsmith, Douglas Trumbull, John Dykstra et Stephen Collins (2001, VOST), Commentaire écrit de Michael et Denise Okuda (2001, VF/VOST), Bande originale isolée sur piste Dolby Digital 2.0 (2021), Commentaire audio de Michael & Denise Okuda, Judith & Garfield Reeves-Stevens et Daren Dochterman (2021, VOST), « L’aventure humaine » : documentaire en 8 parties sur la nouvelle version Director’s Edition (48), Scènes inédites (5’), Tests effets : plans commentés des effets visuels originaux (3’), Tests costumes : plans commentés des tests costumes (5’), Graphiques d’affichage d’ordinateur : animations originales des écrans d’ordinateur de l’Enterprise (3’), « Phase II : L’Enterprise perdu » : projet abandonné de deuxième série à la fin des années 70 (13’), « Un nouveau projet audacieux » : genèse du film (30’), « Réorienter l’avenir » : making of de la restauration et des nouveaux effets spéciaux du film (14’), « Le plus long voyage : écrire le film » (11’), « Réunion spéciale Star Trek » (10’), « Brief SCISEC 001 de Starfleet : le mystère V’ger » (4’), « La nouvelle frontière : ressusciter Star Trek » (30’), « Voyage inaugural : le making of de Star Trek le film » (29’), Storyboards, Scènes supplémentaires version cinéma de 1979 (25’), Scènes inédites version TV de 1983 (7’), Bandes-annonces.