SPOOKIES
États-Unis – 1986
Support : Bluray
Genre : Horreur
Réalisateur : Genie Joseph, Thomas Doran, Brendan Faulkner
Acteurs : Felix Ward, Maria Pechkas, Dan Scott, Alex Nemser, Lisa FriedeSoo Paek, James M. Glenn
Musique : James Calabrese, Kennet Higgins
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Durée : 85 minutes
Éditeur : Pulse Video
Date de sortie : 25 mai 2023
LE PITCH
Une bande de jeunes ayant perdu leur chemin décide de passer la soirée dans une grande maison située au milieu d’un cimetière. Mais, une fois à l’intérieur, le cauchemar va commencer.
Demeure en ruine
Retour à la fin des années 80 dans un petit vidéo-club aux murs recouvert de VHS et d’affiches criardes. Une cassette prometteuse fait de l’œil à l’amateur de sensations fortes et de craignos monsters : Spookies.
Des tonnes de monstres en latex sur la devanture, un résumé vaguement gothique et plutôt nébuleux dans le dos, l’objet est forcément intriguant… Peut-être plus encore une fois ce dernier visionné. Les créatures démoniaques sont bien là, le décor de maison hanté aussi, les victimes débiles tout autant, mais le résultat reste un bien curieux spectacle, collage au scotch de piège à mouche de scénettes souvent déconnectées, d’accumulations de créatures et d’esthétique ou malgré un nécromant grabataire qui répète inlassablement à chaque scène ses terribles ambitions, on n’y pige pas grand-chose. Pas vraiment étonnant il faut dire, au vu des coulisses assez chaotiques qu’à connu le film. Pourtant Thomas Doran et Brendan Faulkner (Killer Dead) y croyaient à leur petite carte de visite intitulée au départ Twisted Soul. Une variation assez modeste mais généreuse autour de la sempiternelle maison fantôme, qui donnait surtout l’occasion à quelques futures pointures des effets spéciaux comme Jennifer Aspinall (Street Trash, The Toxic Avenger), John Dods (The Deadly Spawn) ou Ken Walker (Robot Holocaust, Frankenhooker) de se faire la main. Une table ouija, des démons qui tentent de posséder quelques crétins qui se sont trompés de route… et peu importe que le scénario soit relativement limité (de toute façon les acteurs jouent comme des cochons) puisque le but est essentiellement de faire jaillir une possédée façon Evil Dead (influence totalement assumée), une femme araignée, des démons, des hommes de boues et une bonne pelletée de cadavres asséchés. Une série B typique de l’époque, bricolée pas toujours avec talent mais avec soin et amour, et qui reposait clairement sur son atmosphère délirante de train fantôme.
Âmes damnées
Malheureusement, créateur de la firme vidéo anglaise Vipco et ici producteur (pour la premier et heureusement dernière fois) du film, Michael Lee rêvait clairement d’y mettre son grain de sel, profitant par exemple d’une absence des deux réalisateurs pour rajouter d’envahissants bruit de pets lorsque les mud men se déplacent. Consternant. A force de débats et de disputes à priori assez violentes, l’équipe première jette finalement l’éponge, laissant à Lee le bonheur de modifier le produit à sa convenance, malgré son absolue méconnaissance du langage cinématographique. Aucun des anciens acteurs ne veulent rempiler et participer à l’opération ? Pas de problème, la nouvelle réalisatrice, Génie Joseph (Mind Benders) aura à charge de dégager l’introduction initiale au profit d’un prologue autour gamin fugueur qui se fera enterrer vivant (on ne saura jamais pourquoi), et de remodeler l’ensemble en ajoutant une triste fable d’un vilain sorcier rêvant de ramener sa jolie dulcinée à la vie, un homme-chat qui sert plus ou moins de liant entre les deux métrages et une ultime échappée de la donzelles poursuivies par une armée de zombis du pauvres semblant plus acharnés à lui arracher sa robe qu’à la dévorer. L’esthétique n’est plus la même, l’esprit non plus, mais surtout ces ajouts aussi incongrus que parfaitement illogiques, ne font qu’ajouter à l’aspect puzzle d’un métrage décidément bien bizarroïde et nanardesque.
Spookies est un film de Frankenstein aux coutures et aux sutures terriblement visibles, aux greffes à chauds sur un cadavre pas encore froid, qui reste aujourd’hui bien entendu l’un des premiers arguments de cette curiosité certes nostalgique, mais surtout complètement déconnante, bordélique et malade… comment ne pas y trouver un peu son compte ?
Image
Il suffit de jeter un bref coup d’œil sur la version VHS proposée en bonus pour réaliser tout le chemin parcouru jusqu’à ce nouveau master HD produit par Vinegar Syndrome. Des extrémistes qui sont aller jusqu’à offrir au film un scan 4K aux négatifs 35mm originaux afin d’en restaurer consciencieusement le moindre contour. Spectaculaire. Tout en préservant les limites liées à ce genre de petit budget avec un grain de pellicules parfois floconneux dans les zones d’ombres, la copie délivre une précision inespérée et impressionnante, révélant de nombreux détails invisibles jusque là et une profondeur de champs doublée d’un léger relief plus qu’agréable. Les couleurs sont enfin harmonieuses et richement contrastées et plus aucun contour des multiples créatures et maquillages n’échappent à notre regard.
Son
Le mono d’origine anglais peut se vanter lui aussi d’un raffermissement de sa prestation. Sans faire de miracle (les défauts restants sont ceux de la captation) le mix DTS HD Master Audio 2.0 lui redonne une certaine intensité et un équilibre mieux prononcé entre les dialogues, les musiques électroniques et les bruitages bien lourds. Le doublage français, propre à un direct to video des années 80 est forcément très discutable, mais chargé lui aussi de nostalgie, et reste marqué par un écrasement bourrin de l’espace.
Interactivité
Plutôt modeste d’apparence avec son boitier Bluray classique et sa jaquette réversible, Spookies cache une édition extrêmement complète et chargée. On y retrouve aussi comme les précédents De si gentils petits monstres et Mausoleum l’intégralité du film en mode VHS-Vision (soit en qualité dégueulasse et recadrée) et une nouvelle sélection hautement colorée de bandes-annonces à l’ancienne comprenant, entre autres, les mises en bouche pour Hurlements 5, Munchies ou Evil Ed. Mais comme pour son master, Pulse Video a aussi repris une très grandes part des suppléments de l’édition américaine limitée avec en particulier un long et excellent making of rétrospectif dont la durée dépasse allégrement celle du film en question. Il faut dire qu’entre la création du film original, la confection des effets spéciaux et le feuilleton des réécritures, remontages et nouveaux tournages, il y a de quoi dire. Un vaste documentaire qui permet à quelques-uns de pouvoir enfin régler leur compte et d’une certaine façon de réhabiliter leurs noms. Ce dernier est suivi par quelques segments d’interviews supplémentaires, d’un Q&A en public relativement dans le même ton (rigolard mais un peu vachard), de photos de tournages et de prises ratées mais sans le son. Seul manque donc véritablement par rapport à nos camarades anglo-saxon un autre documentaire (plus de deux heures celui-là !), consacré à l’histoire du distributeur et éditeur anglais Vipco crée par Michael Lee.
Liste des bonus
Le film en VHS vision (85’), Making of (100′), Scènes coupées du making of (13’), Présentation du film par l’équipe (20’), bêtisier (12’), Photo de tournage, Bande annonce, Programme de bandes-annonces VHS concocté par Otto Rivers (13’).