SPIRALE : L’HÉRITAGE DE SAW
Spiral : From the Book of Saw – Etats-Unis – 2021
Support : Bluray
Genre : Horreur, Policier
Réalisateur : Darren Lynn Bousman
Acteurs : Samuel L. Jackson, Chris Rock, Anthony Minghella, Marisol Nichols…
Musique : Charlie Clouser
Durée : 93 minutes
Image : 2.35 16/9
Son : Dolby Atmos Anglais, Français DTS HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français
Editeur : Metropolitan
Date de sortie : 22 novembre 2021
LE PITCH
Travaillant dans l’ombre de son père, une légende locale de la police, le lieutenant Ezekiel « Zeke » Banks et son nouveau partenaire enquêtent sur une série de meurtres macabres dont le mode opératoire rappelle étrangement celui d’un tueur en série qui sévissait jadis dans la ville. Pris au piège sans le savoir, Zeke se retrouve au centre d’un stratagème terrifiant dont le tueur tire les ficelles.
SoSo
La saga Saw revient après une absence finalement pas si longue (2017 pour le précédent épisode, Jigsaw) et s’offre un nouveau départ sans pour autant effacer les huit précédents opus. Ce nouveau chapitre, qui a la particularité d’être produit et interprété par Chris Rock, grand fan de la saga, retrouve-t-il la fraîcheur, depuis longtemps perdu, du premier opus ?
Alors qu’on s’approche doucement mais sûrement des 20 ans du premier Saw (ça ne nous rajeunit pas) la saga horrifique s’essaye à une seconde renaissance après l’échec de Jigsaw en 2017. Un neuvième opus qui ne dit pas son nom puisque les producteurs préfèrent le considérer comme un spin-off de la série principale, comprendre : si le film marche, il y aura un Spiral 2 puis un Saw 9 et pourquoi pas des crossovers entre les deux, bref un univers étendu… Soit la seule chose qui semble motiver les studios depuis une dizaine d’années mais qui trois fois sur quatre se plantent dans les grandes largeurs. Mais revenons à la base de ce Spirale, qui n’est pas du fait des producteurs de la série mais d’un homme, Chris Rock. Le célèbre humoriste est en effet un grand fan de la saga et c’est lui qui a proposé l’idée de la relancer sous une forme différente de ce qu’elle était en se concentrant sur les policiers qui enquêtent sur les crimes plutôt que les victimes et les tueurs. Une idée pas vraiment originale vu que plusieurs Saw mettaient déjà en scène des enquêteurs mais avec un traitement plus proche d’un Seven ou du Silence des agneaux (pour ne citer que les plus célèbres) permettrait peut-être à la série de se sortir des méandres scénaristiques dans lesquels elle était enfermée depuis au moins cinq épisodes. Hélas ! les intentions sont bonnes mais leurs applications beaucoup moins.
Saw d’occasion
Si vous vous étiez arrêtés au premier Saw, rassurez-vous, vous n’êtes pas obligé de rattraper les sept précédents opus pour raccrocher les wagons. Un très bon point vu que la série s’était enfermée dans des schémas de plus en plus incompréhensibles d’alliances, de contre-alliances et de planifications sur le très (très) long terme (le tueur de la série meurt quand même dans le troisième film mais continue de tirer les ficelles jusqu’au septième) tout ça pour perpétuer artificiellement ce qui avait marqué les spectateurs du premier opus, son twist final. Spirale n’efface pas les précédents épisodes, Jigsaw a existé, est mort il y a longtemps, il a eu des disciples et c’est toutes les informations que l’on aura. Mais si le film fait table rase du passé c’est malheureusement pour mieux reproduire les mêmes erreurs et la première c’est de retomber dans le piège du torture-porn. Les scènes de torture existaient bien depuis le premier opus mais un des thèmes de la série à ses débuts (du moins quand elle était supervisée par Leigh Wannel et James Wan) c’était de confronter quelqu’un à son instinct de survie jusqu’à un point extrême, ça passait certes par de la souffrance mais l’issue n’était pas obligatoirement la mort. Spirale, lui, choisit de favoriser le spectaculaire et met en scène des pièges dont il est pratiquement impossible de s’en sortir, du genre, se couper la langue en 5 secondes pour éviter de mourir percuter par un métro… On est donc dans l’hypocrisie la plus pur surtout que le nouveau tueur affirme faire ça pour punir sa victime d’avoir gâché la vie de plusieurs personnes mais ne pense pas vraiment au pauvre chauffeur de métro qui va voir un homme s’éclater sur son pare-prise sans rien pouvoir faire.
La seconde erreur c’est le retour de Darren Lynn Bousman à la mise en scène. Si le réalisateur est peut-être le nom le plus connu de la saga après ceux de Wannel et Wan, puisqu’il a réalisé les opus 2, 3 et 4, il est aussi celui qui lui a vraiment donné son identité visuelle en appuyant au maximum les gimmicks du premier opus (les accélérations, les travelling circulaire). Et il n’a pas vraiment évolué depuis Saw 2 puisque Spiral est rempli de ces effets too much, de jump-scare, de surimpressions grossières, le tout dans des couleurs jaunâtre ultra-saturées qui ont pour unique résultat de désensibiliser complètement l’implication du spectateur dans l’histoire et les personnages que l’on regarde.
L’autre gimmick inévitable de la saga, c’est le twist, bien sûr Spirale en possède un mais au lieu de provoquer un effet choc d’inattendu, il met surtout en évidence la faiblesse du scénario et la manière dont le film scie tout seul la branche sur laquelle il est assis. Et enfin la dernière erreur du film et celle qui est pourtant à la base de sa création c’est Chris Rock lui-même. L’humoriste se révèle un piètre acteur, incapable de jouer correctement la moindre émotion, la voix monotone et les yeux constamment plissés, il n’est jamais crédible et rend son personnage antipathique au possible, ce qui choque encore plus quand il partage des scènes avec Samuel L Jackson toujours impeccable sans se forcer et qui parait presque plus jeune que Chris Rock alors qu’il joue son père.
Spirale porte finalement bien son nom puisque la série continue de tourner en rond tout en s’éloignant de ce qu’elle était à l’origine. Ce n’est donc pas encore avec ce neuvième épisode (ou premier spin-off) que la saga Saw va renouer avec la qualité du premier opus depuis longtemps perdu.
Image
Tournée au format 6K et 4K, Spirale impose immédiatement une définition des plus pointue, scrutant malgré le transfert sur Bluray (le disque UHD doit scier quelques pattes de canard) une image constamment précise, aux contours présents dotés d’un rare relief. Et ce bien entendu jusque dans les plans les plus sombres où les couleurs apparaissent dans toute leur totalité… et leurs accents jaunâtres. Certains plans en deviennent même moutardés ! Un choix esthétique étrange (si c’était le seul), rendu parfaitement par ce disque terriblement fidèle à sa source.
Son
Dynamique et plutôt musclée le DTS HD Master Audio 5.1 français devrait satisfaire les amateurs. Mais on lui préférera aisément le Dolby Atmos de la version originale. On ne dira pas pour son naturel (les acteurs ne sont pas dans la justesse), mais certainement pour son amplitude lors du carnaval en ouverture, puis surtout pour la sensation claustrophobe provoquée par les nombreux bruitages stridents, crissements et coups sourds qui jaillissent de toutes part.
Interactivité
La franchise Saw a toujours été plutôt bien fournie coté suppléments, en particulier en ce qui concernant les segments making of. C’est encore une fois le cas ici avec un documentaire de presque une heure qui revient sur la légère pose de la série, la demande et la motivation de Chris Rock, la nouvelle orientation du film, le tournage, les acteurs, les pièges… Du grand classique certes, avec les inévitables déclarations promotionnelles et les congratulations d’usages, mais qui reste solidement produit, informatif et efficace. A cela s’ajoute un segment supplémentaire revenant livrer quelques secrets sur les scènes chocs du film (avec quelques indices sur les astuces des SFX) et une featurette plutôt rare sur l’évolution de la communication autour de la sortie en salles des films de la série. Dommage cependant pour les deux commentaires audios qui sont bel et bien présents, mais sans sous-titrage.
Liste des bonus
Commentaire audio du réalisateur, du co-scénariste et du compositeur (VO), Commentaire audio des producteurs (VO), Making of en 5 parties (60’), Analyse de scènes, Le marketing.