SPIDER-MAN : ACROSS THE SPIDER-VERSE
États-Unis – 2023
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Super-héros, Science-Fiction, Animation
Réalisateurs : Joaquim Dos Santos, Kemp Powers, Justin K. Thompson
Acteurs : Shmaeik Moore, Hailee Steinfeld, Oscar Isaac, Jake Johnson, Issa Rae, Brian Tyree Henry…
Musique : Daniel Pemberton
Image : 2.39 16/9
Son : Dolby Atmos Anglais, DTS HD Master Audio 5.1 français, espagnol…
Sous-titres : Français, anglais, portugais, espagnol…
Durée : 140 minutes
Éditeur : Sony Pictures
Date de sortie : 04 octobre 2023
LE PITCH
Après avoir retrouvé Gwen Stacy, Spider-Man, le sympathique héros originaire de Brooklyn, est catapulté à travers le Multivers, où il rencontre une équipe de Spider-Héros chargée d’en protéger l’existence. Mais lorsque les héros s’opposent sur la façon de gérer une nouvelle menace, Miles se retrouve confronté à eux et doit redéfinir ce que signifie être un héros afin de sauver les personnes qu’il aime le plus.
Friendly neighborhoods
Spider-Man : Into the Spider-verse, petit bijou à la limite du chef d’œuvre signé par les studios Sony Animation sous la houlette des trublions Phil Lord et Christopher Miller (Tempête de boulettes géantes, La Grande aventure LEGO…) offrait un nouveau souffle à l’univers désormais bien ronflant des films de super-héros. Sa première suite (Across the Spider-verse est à suivre) pouvait-il faire mieux, plus fort, plus ambitieux ? Aussi bien c’est déjà pas mal.
Alors à peine évoqué dans le MDCU et autres variantes super-héroiques, le concept du multiverse était déjà parfaitement mis en image et en intensité émotionnelle dans un superbe Into the Spider-verse signant un coup de pied balayette avec trois ans d’avance au très timide et décevant pendant live No Way Home. Une esthétique, une imagination, des personnages, une mise en scène moderne, vive, un esprit neuf pour un spectacle aussi intense qu’électrisant. Premier chapitre d’un récit en deux parties, dépassant déjà largement les deux heures comme un Avengers boursoufflé, Across the Spider-verse a forcément la volonté première de faire plus et d’aller encore plus loin dans les croisements de réalités alternatives, dans les spider-mens les plus improbables ou les plus abusés, et de démultiplier presque à l’infini les clins d’œil et évocations de comics, films, cartoons, jeux-vidéos ou jouets parfois très obscures. Ce seront donc autant d’univers et d’esthétiques, collages de matières, d’époques et d’approches graphiques qui vont intensément se télescoper, s’associer, et se superposer dans des montages inspirés de la BD, dans des travellings vertigineux, dans une toile réussissant constamment à offrir des liens naturelles entre la pop culture (la racine des comics Marvel), l’abstrait et le street art. De ce côté-là, la bande son électro-symphonique de Daniel Pemberton est pas mal non plus. Définitivement toujours aussi ambitieux et d’une certaine façon totalement démesuré, Spider-man : Across The Spider-man perd cependant peut-être ici ce qui faisait la perfection du premier film : une étonnant limpidité narrative au cœur d’un chaos pictural, une leçon absolue de storytelling.
S’échapper de la toile
En plongeant plus avant dans les coulisses du multivers, en multipliant les personnages et les points de vue, cette suite s’alourdit légèrement, digresse inutilement dans quelques scènes et laisse même quelques concepts science-fictionnels passer au-dessus de nos têtes. Mais au-delà d’une performance technique toujours aussi absolument hallucinante, c’est bien entendu la trajectoire de Miles Morales qui continue de faire battre le cœur du film. S’échappant de son déterminisme social dans le premier film, le jeune homme va devoir ici littéralement s’extraire du déterminisme fictionnel de Spider-man, lui l’anomalie, et renvoyer les récents reboots et répétitions inutiles des derniers live de super-héros (Spider-man mais pas que) dans leurs pénates en absorbant les déclinaisons visibles à l’écran pour définitivement s’en extraire et affirmer son identité et un destin qu’il se serait enfin choisit. Message classique, mais modernisé et puissamment assénée qui culmine dans une phénoménale poursuite à travers une cité futuriste puis sur un train s’échappant de la gravité pour atteindre la lune, entre Miles et des centaines d’autres Spider-men, où la maitrise du rythme, de l’espace scénique et l’excessivité viennent directement nourrir le cheminement émotionnel du héros et sa définitive conquête d’indépendance.
Moins surprenant forcément que le premier, Across the Spider-verse reste un petit miracle dans un contexte de lassitude collective envers les productions super-héroïques décalquées films après films. Le meilleur film d’animation américain et le meilleur film de super-héros depuis Into The Spider-verse, c’est clairement du coté de sa personnalité, de sa liberté de ton et de création que devraient regarder les producteurs de blockbusters.
Image
Vous n’en doutiez sans doute pas, la copie UHD d’Across the Spider-verse offre une prestation aussi pointue et colorée qu’attendue. La source a beau être un fichier numérique 2K upscallé (oui, oui) en 4K, le résultat est aussi probant qu’un master 4K native du plus bel effet : la palette de couleurs et incroyablement riche et détaillée, les contours sont toujours précis, les variations de matières habilement négociées et la rapidité sidérante de certaines séquences n’entame jamais en rien les volumes ou le piqué. Impressionnant tout simplement.
Son
Proposition très honorable du coté de la version française avec un DTS HD Master Audio 5.1 percutant et performant. De la gnognotte à coté du renversant Dolby Atmos de la version originale extrêmement dynamique, percutante, fluide déversant toutes ses prouesses à chaque instant, mêlant sans perte de lisibilité toutes les sources superposées, le tout avec une énergie et une amplitude on ne peut plus spectaculaire.
Interactivité
La jaquette (édition standard ou steelbook) met en avant une masse consistante de suppléments en tout genres (plus de 3h qu’on vous dit !). Ces derniers cependant répondent aux standards d’aujourd’hui, prenant ainsi la forme d’une série de featurettes thématiques avoisinant plus ou moins le petit quart d’heure. Faire suite au premier opus, donner une identité à chaque univers et à chaque Spider-man, les doubleurs et la thématique « familiale », l’ambiance musicale, les nombreux clins d’œil cachés et la production de la séquence la plus mémorable du film… Tout cela s’enchaine avec le même habillage, le même ton (mi-pro mi-décontracté), quelques redites et quelques infos à chaque fois. Comme souvent dans ce genre de cas là, un authentique making of, écrit et produit comme une traversée complète aurait été préférable et beaucoup plus pertinente.
Plutôt complet, didactique et creusée, le commentaire audio réunissant réalisateurs et producteurs / scénariste, relient plutôt bien tous les thèmes et toutes les questions évoquées dans ces items.
Liste des bonus
Commentaire audio de Joaquim Dos Santos, Kemp Powers, Justin K. Thompson, Phil Lord et Christopher Miller (VOST), « Créer le film Spider-Man ultime » (15’), Easter eggs (6’), « I’mma Do My Own Thing » destin interdimentionnel (8’), « De Mumbattan à Nueva York : la création des dimensions » (8’), « Les Araignées sympas du quartier » : le casting voix (13’), Conception des personnages (12’), « Élever un héros » (9’), « Musique du Multivers » (5’), « À travers le Comics-verse » : la collaboration des auteurs des comic-books Spider-Man (8’), « L’Évasion hors de la Spider-Society » : conception de la séquence (8’), Scène coupée : « Miles plaide sa cause auprès de Miguel » (5’), Clips.