SPÉCIAL MAGNUM
Una Magnum Special per Tony Saitta – Italie, Canada – 1976
Support : Bluray & DVD
Genre : Policier, Action
Réalisateur : Alberto De Martino
Acteurs : Stuart Whitman, John Saxon, Martin Landau, Carole Laure, Tisa Farrow
Musique : Armando Trovajoli
Durée : 98 minutes
Image : 1.78
Son : Anglais DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Éditeur : Studio Canal
Date de sortie : 28 septembre 2022
LE PITCH
Tony Saitta, brillant inspecteur de police, part à Toronto résoudre le cas le plus délicat de sa carrière : le meurtre de sa sœur Louise. Le principal suspect est un médecin marié, amant supposé de Louise, mais Tony découvre, au fil de son enquête, que sa soeur menait une existence des plus agitées. Suivant la piste d’un bracelet, il remonte jusqu’à une jeune aveugle que le meurtrier tente d’éliminer. C’est finalement déguisé en médecin qu’il piègera le coupable, sur le toit de l’hôpital où est soignée l’aveugle blessée…
In the streets of Montréal
Le très capable Alberto De Martino (Holocaust 2000, L’Antéchrist) s’échappe un temps au Canada pour livrer un croisement étonnant entre le polar bourrin américain des 70’s et le giallo. Un casting qui a de la classe et un résultat qui ne manque pas d’efficacité ni de surprises.
Comme l’avait déjà démontré, entre autres, la longue première partie de son Conseiller (déjà disponible chez Make My Day), Sergio de Martino affirmait clairement la volonté d’exporter son cinéma, ou en tout cas de changer de décors, quitter Rome pour une urbanité plus anglo-saxonne. Petits plaisirs des coproduction improbables aidant, il va pouvoir plus ou moins réaliser son rêve avec Spécial Magnum tourné intégralement sur terres canadiennes avec un excellent casting réunissant quelques habitués des séries B italiennes (John Saxon, Tisa Farrow de L’Enfer des Zombies), mais aussi deux célébrités US (Stuart Whitman et Martin Landau) et même une jeune actrice québécoise alors en plein ascension, la sublime Carole Laure. De quoi se détacher des codes du poliziottesco pour aller se frotter plus ouvertement aux polars musclés et expéditifs qui lui servirent de modèle. Comme le rappelle parfaitement le titre français, la saga des Harry Calahan est passée par là, et en particulier le récent Magnum Force, et donne le contour évident au héros du film Tony Saitta. Grand habitué des seconds rôles à forte trogne, Stuart Whitman campe donc un flic rompu à la rue et à la violence et qui doit cette fois-ci enquêter lui-même sur la mort suspecte de sa sœur. Sa méthode est connue : menaces, grosses baffes, secouages des témoins et castagnes sans pitié. Si les rues canadiennes semblent bien plus propres et mieux entretenues que celles de New York, elles n’en deviennent pas moins le théâtre d’une criminalité et d’une vendetta personnelle qui n’a rien à envier à L’Inspecteur Harry.
Le mystère du caribou jaune
L’incroyable casse, placé en ouverture, mélange de gunfight et de cascades sèches et spectaculaires, démontre véritablement que l’artisan De Martino connait son affaire, et instaure un spectacle qui va multiplier les morceaux de bravoure avec une baston sidérante sur une terrasse d’un appartement cossu avec trois travelos particulièrement costauds et surtout une épique poursuite de près de dix minutes ravageant tout sur son passage et laissant sur le bitume deux cadavres de voitures fumants. Le gros morceau du film, bien plus grisant que n’importe quelles images de synthèses d’un Fast & Furious que l’on doit à la collaboration redoutable entre les équipes de Remi Julienne et un certain Aristide Massaccesi, assistant réalisateur répondant aussi au doux nom de Joe D’Amato. Mais l’autre particularité de Spécial Magnum est d’aller régulièrement louvoyer du côté du giallo beaucoup plus italien. Si les USA ont parfois distribué le film sous le titre Shadows in an Empty Room, c’est qu’effectivement le film en reprend de nombreux motifs comme la structure en whodunnit, la menace régulièrement portée par la musique chaloupée d’Armando Trovajoli (Cosa Nostra, Passeport pour deux tueurs) et des visions récurrentes, mystérieuses, qui vont peu à peu prendre forme jusqu’à la révélation finale. Un scénario pas forcément des plus rigoureux et qui sert effectivement le plus souvent de prétexte mais qui donne dans le même temps un peu d’épaisseur et une identité hybride à une série B particulièrement bien troussée et recommandable.
Image
Pas bien folichon le master HD n’est pas passé par un nouveau scan à la source et la restauration se contente d’un simple petit rafraichissement ce circonstance. Les cadres sont stables, mais ils laissent encore apparaitre des restes de stries et autres points blancs tandis que la photographie légèrement brumeuse se transforme bien souvent en grain neigeux et fluctuant. Les teintes légèrement fanées, parfois plus pêchues, restent assez agréables surtout que les noirs, eux, sont marqués d’une certaine solidité. La définition sobre mais efficace s’en sort finalement assez bien au milieu de tout cela, délivrant quelques matières et effets de profondeur très honnêtes.
Son
Annoncé uniquement en anglais sur le boitier de l’édition, le film nous parvient finalement dans sa version postsynchronisée italienne. Pas de vf à l’horizon non plus. La piste mono survivante se montre assez propre et solide. Pas de grosses perditions et un équilibre bien posé entre les dialogues et la musique.
Interactivité
Pas de surprise, c’est monsieur Jean-Baptiste Thoret qui ouvre le bal avec sa présentation toujours aussi simple mais efficace. Il est bien entendu question d’Alberto De Martino, de son efficacité et ses désirs d’Amérique et du mélange des genres dans Spécial Magnum. Le directeur de collection laisse ensuite la main à Mike Malloy, réalisateur d’un documentaire sur l’Eurocrime, qui s’attarde à grand renfort d’anecdotes et de remarques un peu décalées sur les quelques coproductions inattendues entre l’Italie et le Canada, opération plus ou moins inauguré justement par Spécial Magnum.
Liste des bonus
Préface de Jean-Baptiste Thoret (10’), Spécial Magnum revu par Mike Malloy (22’).