SPEAK NO EVIL
Etats-Unis, Danemark – 2024
Support : Bluray
Genre : Thriller, Horreur
Réalisateur : James Watkins
Acteurs : James McAvoy, Mackenzie Davis, Aisling Franciosi, Scoot McNairy, Alix West Lefler, Kris Hitchen…
Musique : Danny Bensi, Saunder Jurriaans
Image : 2.39 16/9
Son : Dolby True HD 7.1 anglais, Dolby Digital Plus 7.1 français, allemand, italien…
Sous-titres : Français, anglais, allemand, italien…
Durée : 110 minutes
Editeur : Universal Pictures Home Entertainment
Date de sortie : 29 janvier 2025
LE PITCH
Une famille américaine passe le week-end dans la propriété de rêve d’une charmante famille britannique rencontrée en vacances. Mais ce séjour qui s’annonçait idyllique se transforme rapidement en atroce cauchemar.
Partie de campagne
Remake d’un film danois choc, sorti chez nous sous le titre Ne dis rien, Speak No Evil rejoue naturellement la même petite musique grinçante mais avec un habillage plus hollywoodien, une tête d’affiche massive et une efficacité musclée qui doit bien plus au metteur en scène James Watkins qu’à l’école Blumhouse.
Car oui l’usine à flippe ne fait pas que décliner ses propres concepts et enquiller les suites de licences fructueuses, elle sait aussi aller piocher à l’étranger ses nouveaux pitchs. Ici donc le Ne dis rien de Christian Tafdrup, sorti en 2022, et qui a fait grand bruit autant dans son pays d’origine qu’à l’international. Un point de départ d’ailleurs assez imparable, pas si loin d’un certain Harry un ami qui vous veut du bien, s’attardant sur la rencontre amicale entre deux couples que tout pourrait opposer, qui va rapidement tourner au cauchemar lors d’un petit weekend à la campagne. Un jeu de tensions, de malaises, où les sourires de façades s’efforcent constamment de gommer les différences radicales entre les rats des villes et les rats des champs, les citadins adeptes de la compromission et des passages sous silence et les campagnards plus expansif, hédonistes et, en apparence, francs du collier. Dans les grandes lignes ces deux premiers tiers des films se ressemblent d’ailleurs beaucoup, la version américaine reprenant parfois presque tel quelles quelles les mêmes scènes, les mêmes dialogues, mais déjà avec une subtilité moins froide et ambiguë. Le jeu imposant, voir écrasant, mais terriblement charismatique, d’un James McAvoy retrouvant la jubilation virile de la personnalité centrale de Split, y est sans doute pour quelque chose. Cette mise en avant aussi de quelques dialogues, indices ou comportement du fils de Paddy et Ciara aiguillent le spectateur vers l’omniprésence d’un danger passé sous silence.
Amis pour la vie
Mais c’est véritablement dans la dernière partie que les deux films se démarquent véritablement. Là où le premier préservait jusqu’au bout une tonalité cruelle et cynique se livrant à un final nihiliste de bon aloi, Speak No Evil fait une large embardée vers l’efficacité et le spectaculaire de la série B. Du thriller à mèche lente, le programme passe à un mélange d’home invasion (inversé) bien frontal et violent venant révéler la force et la nature des personnages. La folie contagieuse de l’un, l’affirmation d’indépendance de l’autre, l’instinct destructeur ou protecteur des parents, cela doit en passer par quelques coups de carabines, poursuites de pièces en pièces et éliminations bien sèches. Pourquoi pas. Les dernières notes et révélations du film n’en sont pas moins intensément dramatiques, douloureuses.
Certes bien moins malin et subtile que son modèle, Speak No Evil n’en reste pas moins un thriller particulièrement efficace, tendu, affichant une méchanceté lucide et incisive sur les normes sociales, l’équilibre des couples et la parentalité, où l’on se plait à reconnaitre la personnalité du réalisateur James Watkins. Un cinéaste britannique qui avait fait fortes sensations avec le terrifiant et douloureux Eden Lake, puis avec le drame gothique déchirant La Dame en noir, avant de s’éclipser dans les méandres de la télévision. La mise en scène léchée, la photographie à la luminosité lentement déclinante, l’utilisation maitrisée de la géographie du décor et la montée constante en tension, rappellent que ce dernier en a encore sous le coude et qu’il mériterait certainement de revenir sur le devant de la scène. Espérons que ce Speak No Evil inspire quelques producteurs.
Image
Capturé en numérique via des cameras Arri Alexa et produit en 4K, le master HD de Speak No Evil s’avère particulièrement impressionnant. Du soleil chaleureux de l’Italie à la grisaille londonienne en passant par les échos plus automnaux de la campagne anglaise, les teintes sont toujours vives et admirablement contrastées, auréolées de noirs profonds et creusés. La définition est exemplaire, dotée de réelles finesses et d’un relief appréciable, venant justement dessiner avec précision les matières et les espaces, même dans les scènes les plus sombres. Les teintes chairs restent naturelles, et la colorimétrie est parfaitement équilibrée. Une petite sortie 4K n’aurait pas été de refus.
Son
Belle prestation aussi de la bande sonore originale, en Dolby True HD 7.1, qui occupe parfaitement l’espace et sait se montrer parfaitement nette sur les dialogues les plus calmes comme intensément démonstratif pour la dernière bobine. La dynamique est constante et naturelle, assurant quelques atmosphères, presque bucoliques, très agréables, et peut aussi se montrer plus musclée ou tendue lorsque les révélations pointent le bout de leur nez.
Avec un Dolby Digital Plus 7.1 légèrement inférieur, la version française ne souffre finalement que de l’aplat habituel du doublage.
Interactivité
Où sont passées les trois featurettes making of et le commentaire audio de l’édition américaine ? Mystère. En tout cas l’édition française est nue comme un ver.
Liste des bonus
Aucun.