SPAWN
Etats-Unis – 1997
Support : Bluray
Genre : Super-héros, Action
Réalisateur : Mark A.Z. Dippé
Acteurs : Michael Jai White, Martin Sheen, John Leguizamo, Theresa Randle…
Musique : Graeme Revell
Durée : 96 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais et français DTS Master Audio 5.1
Sous-Titres : Français
Éditeur : Metropolitan Film & Videos
Date de sortie : 3 juin 2021
LE PITCH
Al Simmons, agent du service action, employé par une organisation gouvernementale secrète, est trahi par son supérieur, Jason Wynn, qui le fait périr dans l’explosion d’une usine d’armes biochimiques. Simmons se retrouve alors devant Malebolgia, seigneur des ténèbres. Il signe avec lui un pacte lui permettant de revoir sa femme. Il devra mener les armées du mal dans leur ultime combat. Simmons devient alors un guerrier infernal à la force et aux pouvoirs illimités: Spawn!
The Dark Age
Spawn, un nom qui va tout de suite évoquer aux amateurs de comic-book des souvenirs émus ou déplaisants. Symbolisant une période très spécifique de l’industrie, qui a beaucoup divisé, le personnage fait pourtant l’unanimité sur un point : la catastrophe qu’a été son adaptation en film en 1997.
Spawn est peut-être le super-héros qui représente le mieux ce qu’ont été les années 90 pour le monde du comic-book, son créateur, Todd MacFarlane, était alors le dessinateur star de la série Spider-Man chez Marvel. Mécontent de la manière dont D.C et Marvel traitaient leurs scénaristes et dessinateurs, il décida de créer avec plusieurs autres dessinateurs stars de chez Marvel une nouvelle maison d’édition qui laisserait tout pouvoir aux créateurs sur leurs contenus, Image Comics. Jim Lee avec Wildcats, Youngblood par Rob Leifeld, Cyber Force par Marc Silvestri, Erik Larsen sur Savage Dragon et bien sur Spawn par Todd McFarlane, ces séries étaient le fer de lance de la maison d’édition et ont battu des records de vente lors de leurs sorties, malheureusement ils se sont aussi attiré les foudres de nombreux amateurs qui voyaient d’un très mauvais œil cette nouvelle génération de comic-book.
Et la principale raison était que leurs créateurs étaient certes tous d’excellents dessinateurs (enfin presque tous sans vouloir viser Rob Leifeld) mais n’étaient clairement pas des scénaristes accomplis et ces séries étaient principalement des repompes de leurs précédents travaux mais exagérer au maximum. Les hommes étaient surarmés et surtestostéroné et les femmes sexualisées à outrance et tout le monde prenaient bien sûr, un air énervé et badass. Surement conscient de cette lacune qui ne pouvait pas tenir sur le long terme, Image Comics fit appel à de nombreux auteurs prestigieux, qui pour certains avaient aussi connus des problèmes avec Marvel et D.C, et c’est ainsi que des légendes comme Alan Moore, Neil Gaiman, Frank Miller ou encore Grant Morrisson donnèrent leurs plumes et apportèrent de la profondeur à ces super-héros, jusqu’a présent, superficiels.
Là où Spawn se démarquait de ses collègues, c’était d’abord par son statut solitaire, a part Savage Dragon, tous les autres titres mettaient en scène des groupes, et par sa personnalité, Spawn peut être vu comme un mélange de Batman (pour le côté torturé et tragique) et de Venom (son costume vivant qui a une relation symbiotique avec lui) et là où les autres séries étaient orientées SF, lui plonge complètement dans la religion et la magie et met en scène une guerre entre le paradis et l’enfer. Un pitch plus accessible et direct (et un Todd MacFarlane très opportuniste) qui va permettre la mise en place d’une adaptation au cinéma moins de 5 ans après l’apparition de Spawn sur papier.
Spawned
Le film prend donc le même point de départ que son équivalent papier où l’on suit Al Simmons, mercenaire qui travaille pour le compte de l’homme d’affaire Jason Wyngarde en effectuant pour lui des missions d’assassinats. Le jour où il décide d’arrêter, Wyngarde le trahit et le fait tuer lors d’un coup monté. Simmons se retrouve en enfer où le Diable lui propose de devenir un de ses soldats en échange d’un retour sur Terre où il pourra retrouver sa famille. Un point de départ plutôt simple mais qui arrive pourtant à être foiré dès les premières minutes du film qui s’ouvre sur une voix-off expliquant les enjeux de la guerre entre le paradis et l’enfer sur fond de flammes de l’enfer et d’incrustations dégueux d’images du film semblant avoir été prises au hasard. Point positif, cette intro nous permet de voir tout de suite le design du Diable (sans aucun doute l’une des créatures en CGI les plus moche de l’histoire du cinéma) ce qui nous donne tout de suite la note d’intention du film : « Vous qui entrez ici, abandonnez tout espérance ».
L’heure et demie restante est bien entendu au diapason de cette ouverture infernale et rien dans le film ne sera traité correctement. La première scène, mettant en scène Al Simmons en mission, souffre de violentes coupures dans le montage pour ne pas montrer ses victimes, surement pour ne pas le faire passer pour un bad guy (même si on parle de quelqu’un qui va aller en enfer après sa mort), suivi de l’introduction des deux méchants du film, le Violator et Jason Wyngarde, (sur)joués par John Leguizamo et Martin Sheen qui ont l’air de prendre beaucoup de plaisir à jouer dans le film, en tout cas plus que nous à les regarder. Le premier est un mixte entre le Joker et la famille du professeur Foldingue qui passe son temps à ricaner, faire des blagues graveleuses et péter mais ne représente jamais aucun danger et le second est un cliché d’hommes d’affaires malfaisant, dont le bureau est rempli d’animaux vénéneux et de photos d’explosions atomique sur les murs…
Une fois accepté l’idée que le film ne fera aucun effort sur la réalisation et l’écriture, quand est-il du personnage titre, Spawn ? S’il y a bien une chose à sauver dans le film c’est son design, le costume est très fidèle à son homologue papier et le maquillage de son visage décrépi, qui est l’œuvre de Howard Berger, Greg Nicotero et Robert Kurtzman, est une vraie réussite. On oubliera cependant l’animation de sa cape et ses chaînes en CGI, du même niveau que le reste, grossière et très loin d’être finalisée. Dans sa personnalité, on est là encore très loin du comics, le personnage sombre et torturé devient un pantin brinquebalé d’un personnage à un autre, qui ne suscite aucune empathie, et constamment parasité par le Violator et ses blagues.
Après un début de décennie qui avait vu des films comme Darkman ou Batman Returns donner une vraie noblesse au film de super-héros, ceux-ci se sont plongés dans des abîmes de nullités pour aboutir en 1997 à des films comme Batman et Robin, Steel et Spawn. Une descente aux enfers mais qui connut un regain dès l’année suivante avec l’arrivée de Blade, le pionnier de la vague de film comics telle qu’elle existe encore aujourd’hui. Peut-être que le justicier de l’enfer aura droit aussi à sa renaissance un jour.
Image
Une image qui souffle le chaud et le froid puisque le bluray bénéficie d’une très bonne qualité d’image, très bien contrastée, qui rend honneur à la jolie photo de Guillermo Navarro mais plusieurs fois dans le film apparaissent des plans qui ne sont pas du tout remasterisés. Pas étalonnés, pas au bon format, ils gâchent la seule qualité du film que le disque propose, décidément…
Son
Le mixage DTS 5.1, fait un excellent boulot que ce soit pour la piste VO ou VF. Les effets sonores, lors des fusillades ou des bastons sont claires et très bien rendus et la piste musicale se marie très bien avec tout le reste, du bon boulot agréable aux oreilles.
Interactivité
Le Blu-ray reprend l’intégralité des bonus de l’édition DVD sortit en 2002 donc uniquement en SD, ça commence par un « Making of » qui est surtout un reportage promotionnel tourné pour la sortie du film, amusant une fois qu’on a vu le film et qu’on mesure le gouffre entre ce qui est dit dedans et le résultat final. On passe ensuite sur une interview de Todd MacFarlane le créateur de Spawn, (qui semble avoir un égo assez développé) qui assume complètement de considérer le film comme un panneau publicitaire pour sa création, qu’il considère plus intéressant que les autres super-héros de comics, et parle de l’auto-censure qu’il a appliqué lors de l’adaptation, pour plaire aux demandes des studios.
Liste des bonus
Making-of (21’), Interview de Todd McFarlane (19’), Scènes coupées (12’), Bande-annonce du film (2’).