SOUS LES TOITS DE PARIS
France – 1930
Support : Bluray & DVD
Genre : Comédie dramatique
Réalisateur : René Clair
Acteurs : Albert Préjean, Polla Illéry, Edmond T. Gréville, Bill Bocket, Paul Ollivier…
Musique : Raoul Moretti, Vincent Scotto
Image : 1.37 16/9
Son : Français Dolby Digital 2.0 mono, Audiodescription
Sous-titres : Aucun
Durée : 93 minutes
Editeur : Tamasa Diffusion
Date de sortie : 05 mars 2024
LE PITCH
Dans un quartier populaire de Paris, Albert, un chanteur des rues, habite dans une chambre sous les toits. Il rencontre la belle Roumaine Pola…
En chantant
Par la force des choses, le cinéma français dû bel et bien passer au parlant. Même René Clair, l’un des farouches défenseurs du muet, et l’un des ses grands metteurs en scène hexagonal, finit par signer ce Sous les toits de Paris, célébration poétique de l’esprit parisien qui, naturellement, se livre en chanson.
Comme beaucoup donc, René Clair (La Proie du vent, Un Chapeau de paille d’Italie) voyait clairement d’un mauvais œil cette nouvelle technologie intrusive mettant à mal la précision et l’inventivité picturale avec lequel le cinéma, muet donc, avait fini par s’imposer. Surtout que les premières techniques de prises de son étant particulièrement lourdes, complexes et onéreuses (revoir donc Chantons sous la pluie), elle limitaient fortement les déplacements de caméras et la liberté de création. Boudeur peut-être, il n’empêche que René Clair aborde son premier film parlant avec une volonté impressionnante de tordre le coup au système et d’en dépasser immédiatement les limites. Le film s’ouvre ainsi sur un superbe travelling débutant des hauteurs parisienne jusqu’au cœur d’une rue d’un quartier populaire transformant la chanson titre (entêtante et rapidement devenue un classique) de générique extradiégétique à chant intradiégétique interprété dans les deux cas par Albert Préjean. Osé pour l’époque. Tout comme cette manière d’alterner les passages sonores et encore muets non pas uniquement pour des raisons d’économie et de limites spatiales (un dialogue vu à travers une vitre, une bagarre qui se déplace dans le cadre…) mais aussi très souvent pour souligner ou triturer la différence existante entre la nature des personnages énoncés dans les échanges verbaux et leurs actions, leurs expressions capturés par la caméra.
Carte sépia
René Clair expérimente, bataille, discute le plus souvent de manière posée et intelligente finalement avec ce nouveau cinéma et réussit déjà bien souvent à le dompter. Il n’avait d’ailleurs pas hésité dès le départ à simplifier le scénario prévu pour en faire un divertissement relativement léger centré autour des amours de la belle Pola (toujours charmante Pola Illéry), jeune roumaine dont l’arrivée dans les faubourgs provoque certains émois dans le gente masculine, en particulier auprès du truand violent Fred (Gaston Modot) et d’un duo de copains Albert (Albert Préjean) et Louis (Edmond T. Gréville), pas loin de remiser leur amitié au placard. Une petite comédie sentimentale avec juste ce qu’il faut d’instance criminelle (une histoire de valise d’objets volés laissés dans la chambre d’un innocent), de célébration d’honneurs virils, d’instants romantiques et même de petites échappées de comédie en avance sur l’école américaine (Jean et Pola qui doivent partager le même lit). Le tableau d’ensemble trouve grâce par la superbe mise en scène de René Clair, sa photographie clair-obscur, les magnifiques décors studios de Lazare Meerson et ses petites ritournelles inoubliables, mais aussi par cette naissance d’un imaginaire parisien qui n’a depuis jamais totalement quitté les esprits.
Une sorte de réalisme enchanté, d’idéalisation de la France populaire des petites gens, qui va nourrir une bonne part du cinéma hexagonal pour les décennies suivantes au milieu duquel l’excellent et charmeur Albert Préjean tout en dégaine et en gouaille pave clairement le chemin à son « héritier » Jean Gabin. Tout une époque en train d’éclore.
Image
Sous les toits de Paris a profité d’une restauration de très haute qualité avec un scan 4K du négatif nitrate original complété avec un « marron » (un négatif dupliqué sur pellicule acétate). Forcément au vu de l’âge du film et manifestement une conservation compliquée, le résultat final est encore très marqué par les années : griffures persistantes, salissures, bords instables… Cependant les noirs et blanc aux délicieux reflets argentiques sont souvent superbes, la définition toujours très solide et le grain très marqué d’origine persiste à l’écran sans perturber le piqué et la compression.
Son
Le film date des tous débuts du parlant et cela se ressent forcément dans la prise de son initiale assez plate, sans ambiances directes, des saturations assez présentes et des distances pas toujours régulières. Cela n’empêche pas la restauration sonore d’être éloquente avec une clarté et un confort d’écoute très appréciables.
Interactivité
Malheureusement pas de présentation vidéo du film et en l’absence du livret présent uniquement dans le coffret « René Clair l’enchanteur », les néophytes peuvent se sentir un peu seuls. Les disques Bluray et DVD propose tout de même une première séquence du film dans une version alternative, entièrement plongée sous la pluie, et une bande annonce d’époque, vraiment charmante, dans un dispositif que reprendra plusieurs fois bien des années plus tard Claude Lelouch.
Liste des bonus
Prologue, scène coupée (3’30), Bande-annonce 1930, Bande-annonce « L’enchanteur ».