Si le film de Paul Feige était un échec cuisant ce n’était certainement pas pour sa féminisation du casting (seule idée marrante du film), mais bien pour sa lamentable et vulgaire écriture, soulignant à quel point la comédie américaine a depuis longtemps perdu la fibre magique, l’élégance et irrévérence pince-sans-rire qui faisait tout le sel du film d’Ivan Reitman. Jason, fils de et réalisateur lui-même de Juno ou Tully, a traîné ses guêtres marmot sur le tournage de Ghostbuster et a toujours été fasciné par l’aura culte qu’a préservé le film au cours de trois bonnes décennies. Une forme de légitimité, adoubée par le paternel toujours producteur (et très présent sur le tournage), qui nourrit un nouveau métrage qui entend bien s’inscrire directement dans la tranchée de SOS Fantômes 1&2. Une suite façon trente ans après où se sont les enfants et petits-enfants d’Egon Spengler qui redécouvrent l’héritage familial caché dans une petite bourgade poussiéreuse, bien éloignée de la grande pomme et de la belle époque de l’entreprise SOS Fantômes. Inévitablement, cette cuvée 2021 a généreusement tendance à accumuler les clins d’œil appuyés aux meilleurs moments des modèles, rappelle avec parfois beaucoup de maladresses les survivants du cast original (oui les papys Bill Murray, Dan Aykroyd et Ernie Hudson renfilent la combinaison), recycle un peu trop facilement la menace Gozer d’autrefois et éreinte les plus patients dans une succession de séquences générique et post générique terriblement forcée.

555-2368

Mais il y a aussi beaucoup d’amour et de sincérité dans SOS Fantômes L’héritage, un passage de relais charmant et touchant bien souvent porté presque uniquement par les frêles épaules de la jeune Mckenna Grace, dont le personnage de petite-fille marginale, à l’humour improbable et aux contours nerds s’approche justement au plus près de l’âme de la licence. Manquant certainement d’un poil de prise de risque et, il faut le dire, de vrais et vilains fantômes qui envahissent les rues, l’opus prend cependant aussi le partis de décrocher du statut adulte des classiques, pour se doter d’une orientation beaucoup plus teenage, lorgnant ouvertement et non sans talent vers l’autre incontournable des années 80 : les productions Amblin. Un petit relent de naphtaline, mais traité avec une certaine délicatesse, une ferveur sincère par un réalisateur certainement plus visuel et dynamique que ne l’était son paternel. S’amusant à réinvestir de nombreuses touches stylistiques bien connues (les fameux effets de lumière presque fluorescents, les thèmes d’Elmer Bernstein…) Jason Reitman en ravive et modernise les couleurs, en particulier lorsqu’il entraîne toute la petite bande de ghostbusters juniors dans une poursuite destructrice à travers la ville au volant d’une Ecto 1 customisée. 

Anodin sans doute, mais divertissant et honorable dans ses intentions, SOS Fantômes l’Héritage réussit même à parfaitement marier ses deux orientations dans la collusion finale entre le regretté Harold Ramis (co-scénariste des originaux et interprète d’Egon) et cette adorable gamine à l’esprit vif. On ne reproduira jamais sans doute sur grand écran le petit miracle que fut SOS Fantômes, on peut simplement tenter d’en capter les plus jolis échos.