SORCIÈRE
The Reckoning – Royaume-Uni – 2020
Support : Bluray
Genre : Thriller
Réalisateur : Neil Marshall
Acteurs : Charlotte Kirk, Sean Pertwee, Steven Waddington, Joe Anderson, Emma Holzer
Musique : Christopher Drake…
Durée : 110 minutes
Image : 2.35 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français
Éditeur : Metropolitan Film & Video
Date de sortie : 20 mai 2021
LE PITCH
À la fin du 17e siècle, en Angleterre, la pester continue de faire des ravages mais elle est en recul. Pourtant une nouvelle pandémie fait son apparition : la chasse aux sorcières. Une jeune veuve, Grace, est prise pour cible par la folie des hommes.
Sainte Grace
Méchamment rabroué pour un Hellboy ayant oublié en route l’élégance du comics, Neil Marshall retourne à la case série B musclée et méchante avec Sorcière. La résurgence d’un certain cinéma d’exploitation british, mais aussi une déclaration enflammée à sa compagne Charlotte Kirk.
Avant de connaître le purgatoire des productions télé (Black Sails, Game of Thrones, Hannibal… bon d’accord on a connu pire) et s’être pris les pieds dans le tapis de la grosse production rebootée, Neil Marshall avait un sacré palmarès à son actif. Non pas celui d’un grand auteur prêt à monter les marches de Cannes, mais bien d’un trousseur de séries B corsées, parfois terriblement foutraques mais surtout extrêmement percutantes voir inspirées comme l’intense The Descent ou l’inattendu survival Centurion. Un vrai amoureux d’un cinéma de genre qui ne fait pas toujours dans la dentelle soit (Doomsday), mais qui y met les formes avec une belle générosité. The Reckoning, renommé sobrement Sorcière chez nous, se devait d’être de ceux-là : un retour aux fondamentaux et à une économie qu’il maîtrise beaucoup mieux. D’autant plus engageant qu’en véritable amoureux du ciné de genre, et en particulier de ce cinéma d’exploitation des 60’s et 70’s aussi stylé que pas toujours recommandable, Marshall trouve avec ce projet un bon moyen de renouer avec les visions scabreuses et les atmosphère mortifères des films de chasse aux sorcières qui marquèrent au fer rouge le cinéma européen comme Le Grand Inquisiteur ou La Marque du diable. On retrouve cette vision cradingue d’une campane perdue dans le moyen âge, une photo crépusculaire en diable et quelques visions d’une pandémie de peste noir savoureusement cauchemardesque, qui dressent le tableau d’une civilisation au bord du précipice. Le réalisateur surprend même ici par quelques tableaux impeccablement baroques et certainement évocateurs, que ce soit des ramasseurs de cadavres masqués ou un diable biblique qui s’invite dans les rêves érotiques de la pauvre Grace.
Au bûcher !
Une héroïne, épouse fidèle, mère farouche et dame forte livrée à madame Charlotte Kirk, jolie actrice quasi inconnue mais co-scénariste, co-productrice du film et accessoirement compagne de Mr Neil Marshall. Ce qui ne serait pas un problème si celle-ci n’était pas aussi transparente dans son interprétation de femme courage, prête à subir tous les outrages pour sauver sa fille et venger son honneur et celui de sa mère (elle aussi accusée injustement de sorcellerie), et qu’elle n’entraînait pas le métrage sur la pente savonneuse d’un manifeste féministe dans l’air du temps. Mais forcément binaire le manifeste, transforme Grace, un temps au bord de la folie, légèrement fébrile, peu à peu en icône quasi christique, figure vengeresse qui dans une dernière bobine balançant toute crédibilité par la meurtrière, se donne les atours d’un comicbook de seconde zone. Jamais vraiment à l’aise avec la subtilité, Neil Marshall fait pourtant des efforts démesurés pour servir au mieux sa Charlotte, lui offrant quelques très beaux plans sensuels, mais en contrepartie semble tourner de l’œil à chaque séance de torture attendue. Ce qui aurait dû être le cœur du film, le calvaire d’une innocente entraînée vers la folie, projetée dans les bras du diable, car subissant le sadisme d’un Witchfinder, tourne court par une pudeur mal placée, Marshall préférant opter pour un hors champs ou des coupes franches contre-productives. Difficile alors de ressentir ici une quelconque viscéralité, un malaise prégnant, une once d’ambiguïté dans ce qui est, contre toute attente, un film de sorcière presque gentillet.
Image
Tourné manifestement sur support numérique – ce qui est toujours un peu dommage pour un film médiéval – Sorcière s’installe très confortablement sur support Bluray. L’image est bien entendu d’une propreté et d’une netteté exemplaire et si on échappe aux deux trois halos d’artefacts sur quelques arrière-plans sombres, la restitution des couleurs, la profondeur des noirs, la profondeur tout court et le piqué imposant en font une expérience des plus convaincantes.
Son
Les deux pistes DTS HD Master Audio 5.1 sont particulièrement généreuses et accompagnent très fermement tous les excès du film. Des mix un peu bourrins donc mais adequates, avec des atmosphères bien lourdes et écrasantes (les trombes de pluie au début du film, les échos infernaux…), mais aussi parfaitement fluides et dynamiques, rappelant que Sorcière ressemble bien plus souvent à un film d’action qu’à un film d’horreur.
Liste des bonus
Aucun.