SOIS BELLE ET TAIS-TOI
France – 1958
Support : Bluray
Genre : Comédie, Policier
Réalisateur : Marc Allégret
Acteurs : Mylène Demongeot, Henri Vidal, Anne Collette, Jean-Paul Belmondo, Alain Delon, Robert Dalban, Roger Hanin, Darry Cowl…
Musique : Jean Wiener
Image : 1.37 16/9
Son : Français DTS HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français pour sourds et malentendants
Durée : 100 minutes
Editeur : Coin de Mire Cinéma
Date de sortie : 17 mai 2024
LE PITCH
Virginie a 20 ans et une langue bien pendue. Elle est belle et en est à sa troisième évasion d’une Maison d’Éducation. Jean est un jeune inspecteur de Police, actuellement à la recherche de gangsters ayant attaqué une bijouterie de la place Vendôme. Mais le malheur fait qu’au cours de son enquête, Jean prend Virginie pour une complice de la bande, tandis que Virginie prend Jean pour un de ces prestigieux seigneurs du milieu. Et voilà la jolie délinquante éprise d’un flic.
Blonde et légère
Joli petit succès au box office de l’année 1958, Sois belle et tais-toi est l’une de ses nombreuses comédies aériennes dont la production hexagonale était alors friande. Petite particularité, outre le rayonnement en tête d’affiche de la très charmante Mylène Demongeot (la série des Fantômas), la présence pas si discrète que cela des deux futures grandes stars du cinéma français.
Petit bonbon sucré et comédie pas toujours fine mais jamais balourde, Sois belle et tais-toi est effectivement un simple divertissement d’après-guerre comme la France en produisait alors beaucoup, avec en cible privilégiée une nouvelle jeunesse plus frivole et libérée que ses ainés. Adaptant vaguement, et à la limite du détournement, un roman de la collection série noire, écrits par une dizaine de personnes (dont un Roger Vadim qui ajouta sans doute un soupçon d’érotisme) et confié à l’artisan éprouvé Marc Allégret (Entrée des artistes, Futures vedettes, Julietta…) l’objet ne va certainement pas s’encombrer de vraisemblable. Il fait ainsi de la jeune Virginie, petite délinquante et habituée des maisons d’éducation, une monte-en-l’air délurée qui s’acoquine avec un sympathique groupe de jeunes trafiquants d’appareils photos en scooter, mais qui aussi devient la cible du gang du terrible Charlemagne en embarquant par inadvertance le butin de leur dernier braquage. Cerise sur le gâteau, par un imbroglio capillotracté elle se voit obligée d’épouser en quelques jours l’inspecteur Jean Morel, le double de son âge et flic de surcroit, pour d’improbables questions d’honneur… qui cachent bien entendu une vraie passion naissante. Un joyeux capharnaüm multipliant les quiproquos, les tromperies déjouées, les faux-semblants et les chassé-croisés qui grâce à un rythme particulièrement relevé (en particulier toute la première partie) et une bonne dose de bonne humeur très communicative, finit par emporter le morceau en mélangeant allègrement polar, farce et comédie romantique faisant gentiment du pied aux classiques hollywoodiens.
Goût filtre
Sans en faire trop, Allégret diffuse une vraie énergie à son vaudeville criminel et sait surtout mettre constamment en valeur les petits numéros bien rodés de sa très belle troupe d’acteur. Plus ou moins conçu au départ pour reformer le couple vedette de La Parisienne avec Brigitte Bardot et le sémillant Henri Vidal, ici très sympathique en policier souvent totalement dépassé par les exactions de sa dulcinée, Sois belle et tais-toi finit pourtant par devenir un authentique véhicule au service de la sublime Mylène Demongeot révélée l’année précédente dans Les Sorcières de Salem aux cotés de Montant et Signoret. Plus qu’une simple starlette, la très jolie demoiselle, joue ici à merveille de ses charmes et de sa candeur, mais impose aussi et avant tout son espièglerie et ses airs effrontés qui font tourner les têtes, et une aisance évidente dans les scènes de pure comédie. Il faut dire qu’outre son partenaire principal masculin, elle est particulièrement bien aidée. On passera rapidement sur un Roger Hanin alors spécialisé dans les rôles de crapules, mais qui en l’occurrence peine clairement à s’imposer à l’écran, pour louer un nouveau grand numéro de l’inénarrable Darry Cowl en détective gaffeur totalement à coté de la plaque et surtout la préstation remarquée de deux très jeunes et très charmants garçons : Jean-Paul Belmondo et Alain Delon. Leur première rencontre à l’écran et pour tous deux leurs troisièmes apparitions de toute façon, où on les découvre copains dans leurs petits gangs de malfaiteurs amateurs qui vont tenter de venir en aide à la jolie Virginie et sauver leurs fesses par la même occasion. Des seconds rôles où l’on reconnait déjà en amorce des personnages à venir en construction et une certaine connivence, en particulier lors d’une courte, mais réjouissante, partie de babyfoot en forme d’initiation à l’argot des rues de ces années-là.
Sois belle et tais-toi n’a jamais eu les ambitions d’être un grand film, mais tout simplement un peu divertissement souriant. Malgré quelques petits temps morts et un scénario qui ne tient jamais la route, le pari est réussi, une fois encore grâce à une très belle plante et deux jeunes premiers qui bientôt deviendront les monstres sacrés que l’on sait.
Image
Traitement princier pour cette petite comédie d’autrefois avec une restauration complète effectuée à partir de nouveaux scans 4K des négatifs originaux et un travail appuyé sur le nettoyage du tableau. Les cadres sont intensément propres et toujours stables avec un respect continu des matières argentiques et du délicat grain d’origine. La définition est admirable avec une netteté éprouvée dans la profondeur et une restitution impeccable des matières et contrastes du noir et blanc, classique soit, mais charmant.
Son
La piste française initiale a de la même façon été retravaillée à la source pour un résultat on ne peut plus confortable. Les dialogues sont vifs et clairs, les ambiances musicales fraichement disposées et les effets sonores, plutôt discrets, s’intègrent tranquillement à l’ensemble.
Interactivité
On retrouve comme toujours avec beaucoup de plaisir le fameux programme de la séance complète comprenant en avant-programme un journal d’actualité de la 19ème semaine de l’année 1958 s’attardant tour à tour sur la montée des marches du Festival de Cannes, les pourparlers autour de la question Algérienne, les joies techniques du nucléaire et une exposition Modigliani. Après l’intermède de la bande annonce du Maxime d’Henri Verneuil, on enchaine avec une belle sélection de réclames à l’ancienne : les caramels Valentin, le tissus Boussac pour « Madame Satisfaite », un dessin animé presque conceptuel pour Total, les cachets Dramamine contre les maux du voyage (même une clope au bec dans le train) et quelques autres. Le tout a bien entendu été restauré pour l’occasion.
Liste des bonus
La séance complète (23’), Bandes annonces.