SMOOTH TALK
Royaume-Uni, Etats-Unis – 1985
Support : Bluray
Genre : Drame
Réalisateur : Joyce Carol Oates
Acteurs : Laura Dern, Treat Williams, Mary Kay Place, Margaret Welsh, Sara Inglis, Levon Helm…
Musique : Russ Kunkel, George Massenburg, Bill Payne
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais DTS HD Master Audio 1.0
Sous-titres : Français
Durée : 91 minutes
Editeur : Carlotta Films
Date de sortie : 05 mars 2024
LE PITCH
Pour ses vacances d’été, Connie, lycéenne de 15 ans en pleine crise d’adolescence, est coincée à la campagne avec ses parents et sa sœur aînée. Horrifiée à l’idée de passer du temps en famille, la jeune fille préfère traîner avec ses deux meilleures amies au centre commercial et flirter avec les garçons. Elle finit par éveiller la curiosité d’un certain Arnold Friend, jeune homme charismatique et enjôleur aux desseins ambigus…
L’été de tous les dangers
Grand prix du jury au Festival de Sundance en 1985, Smooth Talk n’a pourtant jamais vraiment été distribué en France. Un film quasi-inédit, et qui effectivement détournait les codes de la chronique adolescente typiquement 80’s pour les entrainer vers des rives plus oniriques, troubles et inquiétantes. Une jolie curiosité.
C’est les vacances. L’été est long. La tension avec les parents constante (surtout que la maison est en travaux). Les après-midis s’étirent dans sa chambre ou à faire bronzette dans le jardin… Ne reste plus alors à Connie que ses deux copines avec qui elle passe ses journées au centre commercial à parler de tout et de rien et surtout des garçons. Rien de bien étonnant quand on est une adolescente de 15 ans, en plein des cœurs des 80’s, dans une quelconque banlieue américaine, et que manifestement le corps à poussé un peu plus vite que la moyenne. Le désir, sa séduction, le sexe : ça la travaille forcément et ces tentatives constante d’attirer l’œil des jeunes hommes et de s’en rapprocher de plus en plus dangereusement raisonnent comme un acte d’émancipation (en particulier envers une mère qui regrette sa « petite fille) tout autant que comme un fantasme auquel elle se dérobe dès que les choses deviennent trop intenses. Adapté de la nouvelle Where Are You Going, Where Have You Been ? de Joyce Carol Oates (à qui on doit aussi le fameux Blonde) Smooth Talk s’installe comme un récit de « coming of age » incroyablement juste, capturant avec sensibilité dans toutes les ambiguïtés de certaines jeunes filles de cet âge, que quelques uns qualifieraient bien vite d’« allumeuses », dans leurs postures, leurs airs théâtraux, leur égocentrisme et leur identité de femme affleurante.
Dans la gueule du loup
Les dialogues peuvent clairement évoquer quelques souvenirs à certains et certaines (comme adolescents ou parents), mais c’est certainement l’excellente prestation de la toute jeune Laura Dern (alors âgée de 17 ans) qui donne toute sa crédibilité et sa tendresse au métrage. Mais au-delà d’un soleil qui frappe déjà l’image d’une certaine nostalgie et d’instants volés dans ces journées pleines de frivolité, une menace sourde vient peu à peu s’immiscer dans le jeu innocent de Connie. Un premier charmant garçon embrassé (William Ragsdale que l’on retrouvera quelques semaines plus tard dans Vampire, vous avez dit vampire ?), un second plus entreprenant mais qui la laisse s’échapper, la demoiselle finie par attirer l’attention d’un grand méchant loup. Arnold Friend, alias Treat Williams (Hair, Le Prince de New York…), écho inquiétant d’un James Dean trentenaire, venant la séduire jusque sur le pas de sa porte. Profitant d’un barbecue familial laissant l’ado seule à la maison, et boudeuse, le mâle se lance dans une opération de manipulations suave et de menaceq dissimulées. De la légèreté estivale à la tension du Home Invasion, Smooth Talk dérape vers l’inquiétante étrangeté, vers une horreur normalisée que l’on peut alors aussi bien voir comme un terrible fait divers que comme un délire onirique venant personnaliser les pulsions indéfinies de l’héroïne, ou servir de métaphore à une Amérique reaganienne paternaliste et conservatrice.
Si la réalisatrice Joyce Chopra ne marquera pas vraiment les mémoires par le reste d’une carrière rapidement cantonnée à la télévision, elle réussit pour sa première réalisation de cinéma à rester constamment en équilibre entre l’insouciance et la gravité du passage à l’âge adulte, de la perte, parfois traumatique, de l’innocence, annonçant même quelques élans vaporeux du futur Virgin Suicides et surtout la double réalité d’un certain Blue Velvet, chef d’œuvre de David Lynch avec… une magnifique Laura Dern.
Image
Remasterisation produite par Criterion en 2021, celle-ci a été construite à partir d’un nouveau scan 4K des négatifs 35mm suivi par un nettoyage complet et minutieux des cadres. L’image est totalement débarrassée de la moindre imperfection, et se montre particulièrement vive et contrastée. Les nombreuses variations de luminosité, de la journée estivales aux nuits éclairés par les néons aux intérieurs plus feutrées se font avec beaucoup de naturel. Le grain, parfois très marqué, a été laissé intact et affirme une patine organique très réussie.
Son
Restauré à partir de la bande magnifique initiale, la version originale mono nous parvient dans un DTS HD Master Audio net et limpide. Quelques petites sensations de dynamiques centrales et un bel équilibre entre les sources viennent rendent à merveille cette sensation d’un summer of 85’.
Interactivité
Malheureusement aucune trace ici des nombreux suppléments de l’édition américaine (interviews, Q&A et courts métrages). Plutôt méconnu, ce film aurait tout de même mérité une petite présentation.
Liste des bonus
Bande-annonce.