SMALL SOLDIERS
Etats-Unis – 1998
Support : Bluray
Genre : Science-fiction, Comédie
Réalisateur : Joe Dante
Acteurs : Rance Howard, Kirsten Dunst, Gregory Smith, Kevin Dunn, Tommy Lee Jones, Frank Langella, Ernest Borgnine, Jim Brown, Bruce Dern, Geore Kennedy, Sarah Michelle Gellar, Christina Ricci…
Musique : Jerry Goldsmith
Durée : 108 minutes
Image : 2.35 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français
Editeur : ESC Éditions
Date de sortie : 26 mai 2021
LE PITCH
À Winslow Corners, paisible petite ville de l’Ohio, Alan Abernathy, 15 ans, est amené à remplacer son père, en voyage d’affaires, au magasin de jouets. Pour attirer l’attention de la jolie Christy Fimple, dont il est amoureux, Alan prend sur lui de renouveler le stock et achète deux collections de figurines : un commando d’élite et des monstres patauds, les Gorgonites. Mais il ignore que ces jouets ont été programmés pour s’entretuer…
We’re not toys, we’re action figures!
Tristement boudé lors de sa sortie initiale, laissant perplexes critiques et spectateurs hésitant devant ce divertissement familial aux merchandising puissant transformé en comédie insoumise, Small Soldiers retrouvait en grande partie la magie des Gremlins. Mais en 1998 c’était peut-être ça le problème.
Dire que Joe Dante n’a jamais eu la carrière qu’il méritait est plus qu’un euphémisme. Beaucoup pensent encore que Spielberg était le légitime créateur de Gremlins, et plus encore ont oublié les réussites que sont Explorers, L’Aventure intérieur, Les Banlieusards ou Panique sur Florida Beach dessinant un œuvre profondément personnelle, à la fois nostalgique d’une cinéphilie perdue et critique d’une société de plus en plus consumériste. Relégué déjà depuis quelques temps à la télévision (il y signera le cinglant téléfilm La Seconde Guerre de sécession pour HBO), Joe Dante accepte volontiers le projet de la nouvelle Dreamworks, de mettre en boite cette aventure assez proche du Toy Story de Disney mais où déjà pointe légèrement un aspect piquant bien connu. L’occasion de profiter du plus gros budget de sa carrière, d’œuvrer avec les équipes de Stan Winston et ILM (les effets spéciaux n’ont pas pris une ride) et de retrouver le camarade Jerry Goldsmith absolument parfait pour mélanger la puissance belliqueuse et l’ironie à multiples niveaux. Une équipe de tournage relativement familiale où le cinéaste se fait largement plaisir, retrouvant quelques têtes déjà croisées à de multiples reprises dans son cinéma (Dick Miller et Robert Picardo sont inévitablement de la partie) ou en confiant le doublage badass des jouets militaires aux rescapés des Douze salopard d’Aldrich (George Kennedy, Clint Walker, Ernest Borgnine et Jim Brown) accompagnés de Bruce Dern, et celui des gentils Gorgonites à l’élégant Frank Langella et à la bande de This is Spinal Tap !
Packaging
Et même si le scénario est réécrit au fur et à mesure du tournage, une grande liberté créative nourrie le métrage, en particulier lorsque Dante s’amuse à inverser les rôles entre les militaires pro-actifs, visions extrême des G.I. Joe des années 80, et les monstres étranges, faisant de ces derniers, les freaks, les véritables héros. Une belle occasion de fustiger une nouvelle fois l’industrie militaire, mais aussi de questionner l’imagerie de celle-ci dans le cinéma américains (la référence à Audie Murphy, acteur et héros de guerre, n’est pas gratuite), et donc d’en étendre la portée anti-mercantile à toute l’industrie du spectacle. Un divertissement familial soit, mais intelligent et critique, et qui se permet même encore ces fameuses petites cruautés noires qui avaient fait tout le sel des cartons Amblin des 80’s. Pas de quoi vraiment emballer la Dreamworks qui peine là-dedans à y retrouver ses petits facilement promotionnels et qui bataillera d’ailleurs avec le cinéaste pour qu’il place dans le film la playlist du futur album CD, et surtout qu’il se plie aux demandes d’Hasbro et Burger King. Des partenaires financiers qui auront gain de cause, Joe Dante se voyant obligé édulcorer quelques scènes et dialogues et même de signer quelques reshoot, pour satisfaire le studio et éviter un classement R abusif par le MPAA. Une situation absurde mais qui vient directement valider, malheureusement tout le propos du film. Amoindri, sans doute, le film n’en reste pas moins une belle réussite, description toujours aussi judicieuse de la banlieue middle-class, de la cellule familiale bousculée et d’un monde de l’enfance qui s’échappe, violemment, de son cercle d’innocence.
Mis en scène avec la précision et la justesse de l’artisan Joe Dante, Small Soldiers dépasse aisément son carcan de campagne de pub géante pour collection de figurines articulées, livrant un spectacle incorrect jubilatoire, bourré de clin d’œil et de poupées Barbie monstrueuses massacrées à coup de bâton de majorette. Une opération Cheval de Troie dans laquelle excède le cinéaste, et qu’il va renouveler cinq ans plus tard avec le fabuleux Les Looney Tunes passent à l’action.
Image
Attendu depuis longtemps, même aux USA où le Bluray est sorti il y a quelques mois à peine, Small Soldiers nous parvient enfin en HD. Un master inédit, largement au-dessus du vieux DVD cela va de soi, mais qui se montre encore bien trop doux dans certains détails ou parfois légèrement trop terne dans les couleurs. Pas parfait soit, mais très encourageant grâce à des cadres bien propres réussissant à manier un très léger grain naturel et une intégration très convaincante des images de synthèses. Les noirs sont particulièrement bien maintenus tandis que le piqué et la profondeur de l’image se montrent assez réjouissants en pleine lumière.
Son
Très efficaces et assez généreuses, les deux pistes DTS HD Master Audio 5.1 retrouvent directement l’amplitude présentée par le film dans les meilleures salles lors de sa sortie. Ce n’est pas forcément le plus subtile du lot, mais la tension y est bien présente, les différents projectiles et poupées galopantes s’y déplacent aisément, mais surtout la partition de Jerry Goldsmith y trouve un bel écrin.
Interactivité
Malheureusement rien de nouveau à découvrir ici, le making of gentiment promo d’époque, la poignée de petites scènes coupées et le bêtisier déjà présents sur le vieux DVD sont les seuls bonus présentés ici. Comme aux USA, pas de nouveau documentaire rétrospectif ou d’interview inédite de Joe Dante (le monsieur est pourtant assez disponible) pour donner un éclairage nouveau sur la gestation du film.
Un contenu qui reste cependant très classique et un peu expédié, heureusement sauvé par l’excellent commentaire audio enregistré par le réalisateur et son acteur / scénariste qui délivrent très généreusement de nombreux éclairages sur la création du film, ses inspirations et certains choix techniques… entre deux blagues bien entendu.
Liste des bonus
Coulisses (11’), Bêtisier (5’), Scènes et effets spéciaux coupés (6’), Entretien avec Gilles Penso (20’), Bande-annonce.