SLEEPY HOLLOW
États-Unis – 1999
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Fantastique
Réalisateur : Tim Burton
Acteurs : Johnny Depp, Christina Ricci, Miranda Richardson, Michael Gambon, Casper Van Dien, Jeffrey Jones, Ian McDiarmid, Christopher Walken, Lisa Marie, Christopher Lee, Richard Griffiths, Michael Gough
Musique : Danny Elfman
Image : 1.78 16/9
Son : DTS HD Master Audio 5.1 Anglais, Dolby Audio 5.1 français, allemand, japonais…
Sous-titres : Français, anglais, allemand, espagnol…
Durée : 105 minutes
Éditeur : Paramount Pictures France
Date de sortie : 06 septembre 2023
LE PITCH
En 1799, dans une bourgade isolée de la Nouvelle-Angleterre, trois meurtres mystérieux ont été perpétrés en moins de 2 semaines. Les victimes ont été retrouvées la tête fauchée… Terrifiés, les habitants attribuent ces assassinats à un redoutable cavalier sans tête. Ichabod Crane, policier new-yorkais aux méthodes d’investigations très contestées, se rend sur les lieux pour éclaircir cette énigme. Dès son arrivée, il succombera au charme étrange de la belle Katrina Van Tassel. Légende ou simple vengeance, que croire ?
Une tête bien faite
Après des mois de purgatoire, perdu sur un Superman Reborn (avec Nicholas Cage) qui ne se fera jamais, Tim Burton s’emballe naturellement pour le projet Sleepy Hollow, fable gothique inspirée d’une célèbre légende américaine. Plus attendu sans doute, mais l’une des réussites esthétiques majeures de sa carrière.
Comme quasiment tous les jeunes américains de sa génération, Tim Burton a découvert la légende du cavalier sans tête non pas en lisant le livre de Whasington Irving, mais bien en visionnant l’excellente et graphique adaptation animée signée par les studios Disney en 1949. Une approche naturellement plus enfantine, plus décalée que le cinéaste va admirablement marier avec sa pure cinéphilie gothique multipliant les hommages aux argentiques de la belle époque des Universal Monsters, à l’élégance baroque des classiques de la Hammer (Christopher Lee adoube la démarche dès l’intro du film) mais aussi aux effluves plus décadentes et macabres de l’école italienne (le flashback onirique à la Bava). Un tissu de références qui aurait pu noyer effectivement le film, s’il n’était pas constamment sublimé par la photographie subtile et éclatante d’Emmanuel Lubezki (Les Fils de l’homme, The Revenant…) redessinant les sublimes décors de studios par ses teintes désaturées et ses raies de lumières dignes d’une gravure de Gustave Doré. Comme souvent chez Tim Burton, Sleepy Hollow est un film monde, un mini-univers imaginaire, détaché d’un réel cadre historique (même si on y évoque le passage au 19ème siècle) à la lisière du voyage onirique. Ici entre rêve et cauchemar avec une exploration plus poussée que jamais pour le cinéaste dans les pourtours de l’épouvante. Les images chocs restent aujourd’hui encore surprenantes pour un film vendu presque comme « grand public » avec ses victimes décapitées, son arbres des morts qui suinte du sang ou ces souvenirs terrifiants d’une mère accusée de sorcellerie et enfermée dans une vierge de fer.
Conte à dormir debout
Une noirceur constante, une certaine violence visuelle à l’aune du scénario imaginé par le spécialiste des effets spéciaux Kevin Yagher et surtout rédigé par le Andrew Kevin Walker de Seven, 8MM et du futur (et tout aussi beau) Wolfman de Joe Johnston, qui écarte la révélation type canular du récit d’origine, pour s’engouffrer généreusement dans les effluves de la sorcellerie et du récit politique tortueux. L’origines des meurtres, comme dans Le Chiens des Baskerville de Conan Doyle, plonge bel et bien dans les malversations et manigances des hautes autorités de la petite ville, et vient faire contraster le puritanisme et le folklore de cette campagne presque arriérée avec l’approche cartésienne d’un jeune détective aux accessoires biens plus modernes. Comme toujours chez Tim Burton, il est donc bien question de la confrontation entre deux visions du monde, une certaine norme et un regard plus extérieur et étrange, mais qui s’essaye ici à une zone grise peut-être moins manichéenne qu’autrefois. Évocation post-moderne de Peter Cushing, mais avec une forte tendance à s’évanouir au moindre danger, l’Ichabod Crane de Johnny Depp, va effectivement peu à peu accepter la présence du surnaturel et laisser affleurer doutes et une certaine forme de féminité. Excellent de ridicule et de postures dandies, l’acteur donne d’ailleurs la réplique à un casting spectaculairement riche, car outre sa comparse et amie Christina Ricci, c’est un véritable festival de pointures aux gueules inoubliables, recréant souvent une filiation avec un illustre passé (Christopher Lee donc, mais aussi Michael Gough ou Ian McDiarmid) ou sa propre famille de cinéma (Christopher Walken fascinant de férocité, Jeffrey Jones…).
En renouant avec ses illustres ancêtres de cinéma, Tim Burton signe presque un film testament, dernière prouesse qui résonne aujourd’hui comme la fin d’une époque, celle du sans faute des années 90, avant que le metteur ne cesse de se chercher (Big Fish, Big Eyes), de se perdre (La Planète des singes, Alice au pays des merveilles) et parfois heureusement de se retrouver (Charlie et la chocolaterie, Sweeny Todd).
Image
L’importance esthétique de Sleepy Hollow n’est plus à démontrer, même si malheureusement l’ère du Bluray n’aura pas franchement été à la hauteur proposant un cadre un peu lâche, une définition assez faible et une utilisation abusive de filtres numériques. La galette reste présente dans l’édition et le saut considérable que propose l’UHD n’en est que plus flagrant. Le cadre 1.85 retrouve déjà sa fermeté avec une image légèrement plus étendue, et le grain de pellicule retrouve enfin de l’assurance, venant se mêler de manière organique à cette magnifique photo toute en ombres, en lumières et en brouillards. La définition est souvent époustouflante de finesse et de fidélité tandis que le traitement Dolby Vision vient rehausser les percées de rouge sangs, mais aussi les contrastes presque noir et blanc, d’une noblesse inédite. Profondeur de champs et matières des décors et des visages sont à l’avenant. Une belle résurrection.
Son
Pas de surprise cotée pistes sons puisqu’on retrouve celles des éditions précédentes avec un Dolby Audio 5.1 sympathique mais qui commence à trainer la patte pour la version française, et un DTS HD Master Audio 5.1 plus ample et puissant pour la version originale. Une prestation tout à fait satisfaisante et efficace même si un passage à un Dolby Atmos plus fluide et généreux n’aurait pas été de refus.
Interactivité
Rien de bien neuf à se mettre sous la dent pour cette édition 4K de Sleppy Hollow. Aucun supplément inédit ne vient s’adjoindre au disque UHD, tandis que celui du Bluray correspond aux éditions précédentes avec le sympathique making of promotionnel (légende, tournage, effets spéciaux et enregistrement de la musique) et ses petits interviews en mode featurette, qui déjà auréolaient le premier DVD Pathé de leur présence. Par contre aucune nouvelle du commentaire audio de Tim Burton pour l’édition française…
Liste des bonus
« Au-delà de la légende » : making of (30’), « Reflexions sur Sleepy Hollow » : interviews de Tim Burton et des acteurs (11’).